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Assad évoque des qualifications pour la présidentielle, mais veut laisser les Libanais choisir

Le président Assad a déclaré au Hayat, au sujet de la présidentielle, que « le point le plus important reste que les Libanais s’entendent sur un nom. Le consensus ne peut s’édifier qu’en base de qualifications déterminées qui se résument dans un patriotisme certain et dans la foi en l’attachement du Liban au monde arabe. Ces sujets sont du reste devenus des postulats sur le plan libanais. Ils ne sont plus objets de conflit comme c’était le cas durant la guerre libanaise. Ces critères, nous les souhaitons comme les Libanais le font. Et je pense qu’il s’en trouve beaucoup qui les présentent. Mais il est essentiel de retenir celui sur lequel les Libanais s’accordent le plus ».
En principe donc, on invite cette fois les Libanais à jouer eux-mêmes la partie. Les partis, les blocs parlementaires, les pôles politiques vont-ils avoir le courage de se prononcer ? Le cardinal Sfeir, pour sa part, s’est élevé d’emblée contre un éventuel amendement de la Constitution. L’ancien président du Conseil Sélim Hoss a, de son côté, « conseillé au président Lahoud, en toute affection comme en tout respect, de n’accepter ni reconduction ni prorogation de son mandat ». Mais l’on attend de connaître les vues des autres parties locales. Pour voir si le consensus mentionné par le président Assad peut se dégager autour d’un nom qui recueillerait l’approbation de la majorité populaire.
En tout cas, certains estiment que les propos du chef de l’État syrien ne visent pas à lancer dès maintenant une campagne électorale qui, s’étalant sur de longs mois, ferait des ravages par les tensions et les heurts qu’elle provoquerait. Pour eux, le message est surtout un double appel aux qualifications comme à l’accord qui devra se faire en temps dû, un peu avant le scrutin proprement dit.
D’autres soutiennent que dans leur finalité les déclarations du président Assad rejoignent celles du patriarche Sfeir et du président Hoss. C’est-à-dire qu’elles plaident pour le respect de la Constitution en suggérant un accord sur le prochain président, parmi les candidats qui offrent les qualifications énoncées.
Quoi qu’il en soit, il est assez clair qu’en évoquant « la foi dans l’attachement du Liban au monde arabe », le président syrien sous-entend, avant tout, la relation libanaise privilégiée avec la Syrie. Qui, d’après lui, est devenue un postulat, c’est-à-dire qu’elle n’est plus remise en cause. D’où un constat : il ne peut plus y avoir, comme durant la guerre quand la question était encore conflictuelle, de candidats potentiels qui ne soient pas favorables à cette relation.
Toujours en principe, répétons-le, la Syrie laisse donc entendre qu’elle se tiendra à égale distance des postulants, en laissant le peuple libanais faire son choix.
Et la reconduction ou la prorogation ? C’est là un cas d’exception que pourraient imposer les circonstances régionales. Des développements qui commandent plus de solidarité, de cohésion interne, notamment au niveau du pouvoir. Pour que le pays puisse parer à toute éventualité et résister économiquement.
Dans ce contexte, il est évident qu’il serait préjudiciable d’ouvrir trop tôt la campagne présidentielle. Cela susciterait des frictions entre les partisans des différents candidats, ainsi que des tensions au sujet d’une éventuelle rallonge du bail présidentiel. L’intérêt du pays veut que l’on préserve le calme et que l’on consolide l’unité interne face aux périls extérieurs de l’heure.
En pratique, est-il besoin de le souligner, beaucoup de formations du cru lient leur choix en matière de présidentielle aux options syriennes. Ces groupes ne se prononceront pas sans en avoir référé, en temps dû. Car, on le sait, Damas avait demandé il y a quelque temps que l’on remise le sujet, considéré comme prématuré, au placard. Traditionnellement, la présidentielle libanaise est une carte de négociation que la Syrie ne concède à aucune partie locale. En jouant à son gré avec la liste des noms.
Les formations libanaises dont les vues ne relèvent pas des orientations syriennes pourraient pour leur part ne pas attendre pour se fixer. Il s’agit notamment de Kornet Chehwane, du PNL, des FL, des aounistes, du Mouvement du renouveau démocratique. Ils suivraient de la sorte l’exemple du patriarche Sfeir et du président Hoss. Ainsi du reste que celui, connu depuis des mois, du président Hariri ou encore du vice-président de la Chambre Élie Ferzli ainsi que du député Bassem es-Sabeh.
Toujours est-il que la partie se jouait jadis cartes sur table, comme le rappelle un vétéran. Un an à peu près avant l’élection, les candidats se déclaraient et la compétition commençait, pour mobiliser l’opinion. Mais aujourd’hui, le choix n’est plus aux mains des Libanais et le jeu se déroule à cartes fermées. Les partis ne s’avancent pas. Et les postulants se trouvent contraints à ne pas afficher leurs aspirations.
Émile KHOURY
Le président Assad a déclaré au Hayat, au sujet de la présidentielle, que « le point le plus important reste que les Libanais s’entendent sur un nom. Le consensus ne peut s’édifier qu’en base de qualifications déterminées qui se résument dans un patriotisme certain et dans la foi en l’attachement du Liban au monde arabe. Ces sujets sont du reste devenus des postulats...