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LIBAN-SUD - Israël multiplie ses menaces contre le Liban et la Syrie Roed-Larsen dépêché d’urgence à Beyrouth

La tension demeurait vive dans la journée, hier, à la frontière sud avec Israël, après l’échange de tirs de la nuit, mais aucun incident de sécurité n’a été signalé. Si Israël a déployé des renforts militaires de son côté de la ligne bleue et renforcé l’état d’alerte dans ce secteur, tout en multipliant les menaces à l’adresse du Liban et de la Syrie, il n’en demeure pas moins qu’on s’efforce, sur le plan diplomaique, d’éviter une escalade. L’émissaire personnel du secrétaire général de l’Onu pour le processus de paix au Moyen-Orient, Terjé Roed-Larsen, est attendu à Beyrouth dans le cadre d’une tournée qui doit également le conduire à Damas et en Jordanie.
M. Roed-Larsen a sollicité hier une audience du chef de l’État, le général Émile Lahoud, qui doit le recevoir aujourd’hui à midi au palais de Baabda, a-t-on appris de sources officielles.
La tournée de M. Roed-Larsen intervient au moment où Israël haussait le ton contre le Liban et la Syrie, les accusant de mener des tentatives pour « torpiller toute accalmie ». Il n’en fallait pas plus à Tel-Aviv pour brandir de nouveau la menace d’attaques contre ces deux pays et affirmer, en dépit de la vague de protestations internationales suscitées par le raid de dimanche contre une base présumée du Jihad islamique en Syrie, sa détermination de continuer à « frapper ses ennemis en tout lieu et par tous les moyens ». C’est ce que le Premier ministre israélien, Arien Sharon, a déclaré lors d’une cérémonie commémorative de la guerre israélo-arabe de 1973, tout en soulignant que son pays « ne manquera pas en même temps aucune occasion de parvenir à la paix avec nos voisins ».
« Cette génération poursuit avec constance la lutte d’Israël contre les organisations terroristes, dont la soif de sang n’a pas de limites, comme cela encore a été montré samedi dernier », a martelé M. Sharon – dont les propos étaient rapportés par l’AFP – en référence à l’attentat-suicide de Haïfa qui avait tué 19 Israéliens.
Dans le même ordre d’idées, le chef d’état-major israélien, Moshe Yaalon, a attribué à Damas la responsabilité des tirs en provenance du Liban contre une position israélienne à la frontière sud, dans la nuit de lundi à mardi, en faisant remarquer que l’attaque de l’aviation israélienne près de Damas est un avertissement à la Syrie, « responsable du terrorisme » mené contre Israël à partir du Liban et des « quartiers généraux terroristes palestiniens à Damas ».
« Nous continuons de considérer la Syrie, le Liban et l’Iran comme responsables des tentatives de torpiller toute accalmie », a-t-il dit à la radio israélienne.
« Nous devons assurer notre défense et nous ne pouvons pas rester indifférents au fait que le terrorisme est actionné à partir de la Syrie, y compris celui mené à Haïfa à partir des QG du Jihad islamique à Damas. Et c’est pourquoi nos opérations sont dirigées pour l’heure là-bas » (en Syrie), a-t-il insisté, estimant qu’Israël ne faisait pas face à un danger « d’escalade ».

Renforts et mobilisation
générale
Il n’en demeure pas moins que l’État hébreu a déployé des renforts militaires à sa frontière nord et renforcé l’état d’alerte dans ce secteur, a rapporté en soirée la radio publique israélienne, reprise par l’AFP. L’armée israélienne, qui a multiplié les patrouilles le long de la frontière avec le Liban ainsi que sur la ligne de cessez-le-feu du Golan avec la Syrie, a également déployé une batterie d’artillerie supplémentaire dans le secteur oriental de la ligne bleue pour faire face à toute éventualité, a ajouté la radio.
« L’état d’alerte de nos unités à la frontière nord a été renforcé, car nous devons être prêts à faire face à toute possibilité d’escalade militaire », a confirmé une source militaire à l’AFP.
« Si une telle escalade devait se produire, elle ne pourrait être provoquée que par la Syrie et l’Iran qui soutiennent le terrorisme dans la région », a-t-on ajouté de mêmes sources.
Dans le même temps, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a autorisé une mobilisation partielle de réservistes, mais celle-ci est principalement liée à la crainte d’attentats qui seraient en préparation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, selon la radio militaire israélienne.

Appel français au calme
Dans ce climat qui n’augure rien de bon, la France s’est empressée de lancer un appel au calme et au respect de la ligne bleue. « Nous sommes préoccupés par la reprise des violences depuis lundi. Nous appelons les parties à la plus grande retenue et au respect de la ligne bleue. Il ne faut pas ajouter à l’instabilité et à la tension dans la région », a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous.
Rappelons que la tension à la frontière est montée lundi lorsqu’un sergent-chef de l’armée israélienne a été tué par des tirs venant du Liban, selon Israël, suscitant une mise en garde immédiate de l’État hébreu qui a riposté aux sources de tirs. Durant la nuit de lundi à mardi, plusieurs obus se sont abattus de part et d’autre de la frontière. Des tirs venant du Liban ont visé une position militaire israélienne, près du kibboutz (village collectiviste) de Manara, à l’ouest de la ville de Kiryat Chmona. Mardi à l’aube, un obus est tombé sur le village de Houla, à 5 kilomètres de la frontière, tuant un enfant de 5 ans, Ali Nader Yassine, et blessant son frère de huit ans.
Selon la police libanaise, il s’agissait d’un obus d’artillerie israélien qui visait une batterie de DCA du Hezbollah en action et qui a raté sa cible. Pour Israël, il s’agissait d’un obus de DCA tiré par le Hezbollah contre des hélicoptères israéliens qui patrouillaient dans le ciel libanais.
Peu avant la chute de l’obus, une batterie de défense antiaérienne, située en territoire libanais, avait tiré plusieurs rafales contre deux hélicoptères israéliens qui patrouillaient dans l’espace aérien libanais à proximité de la frontière, ont indiqué à l’AFP des habitants de la région. Ces derniers n’ont pas exclu que l’obus provienne de ces tirs de DCA. De sources proches des services de sécurité libanais, on juge probable que ce missile ait été tiré du territoire libanais et soit tombé par erreur sur la maison de Kamel Yassine, tuant son petit-fils Ali. À Jérusalem, un porte-parole militaire israélien a souligné « qu’aucun tir n’a été effectué durant la nuit du côté israélien », de sorte que l’enfant a été vraisemblablement tué par un obus tiré vers le territoire israélien, qui serait tombé par erreur du côté libanais.
La tension demeurait vive dans la journée, hier, à la frontière sud avec Israël, après l’échange de tirs de la nuit, mais aucun incident de sécurité n’a été signalé. Si Israël a déployé des renforts militaires de son côté de la ligne bleue et renforcé l’état d’alerte dans ce secteur, tout en multipliant les menaces à l’adresse du Liban et de la Syrie, il...