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Actualités

Gazon maudit

Définitivement, le camp palestinien de Aïn el-Héloué est à classer dans le patrimoine mondial de l’art de vivre. Plus de 55 ans que des dizaines de milliers de pauvres hères,
estampillés « réfugiés », croupissent dans cette favela de non-droit où pigeonnent des patibulaires armés, qui
caquètent et cliquètent au milieu des taudis. Un tableau idyllique façon Maison et Jardins. Sauf qu’au lieu de
l’arroser d’eau, les Palestiniens l’arrosent de bombes, et qu’à la place du gazon, il y pousse des barbes.
Reclus comme un pestiféré à Ramallah, boudé par Bush
fiston et toute sa smala de faucons – que les mauvaises langues soupçonnent d’être des vrais –, Arafat est revenu à son vieux dada : asticoter des électrons libres qu’il a contribué peu ou prou à enfanter et qui, comme ses barbus maison, ont fini par pourrir la cause palestinienne.
Le tout, sous le regard bovin des responsables libanais confrontés à un dilemme cocasse : laisser le vieux blaireau de l’OLP se prendre une dérouillée islamiste, mais risquer de se faire cogner méchant par les Américains ; ou
sous-traiter la fin des Isbat al-Machin sans tirer une balle et continuer à parader devant Washington au titre de
parangons de la lutte antiterroriste. Planqués, va !
Pour l’heure, à Aïn el-Héloué, le Cactus à keffieh a baissé son pantalon et les barbus plastronnent en fumant Dieu
directement sans filtre. Mais ce n’est que partie remise et bien malin qui pourra deviner lequel des deux camps sera amené à déguster. Un équilibre branlant appelé à durer,
dit-on, jusqu’au règlement du conflit israélo-palestinien. Autant dire quand les poules auront des dents…
Finalement, les véritables neuneus de toute cette histoire restent ces femmes, ces enfants, ces vieillards… Chairs à canon hachées menu par les roquettes et les balles, et à qui l’on débite des âneries en tranches à propos d’une Résistance palestinienne, dévoyée depuis lulure dans les querelles de caniveau.
Résister à l’ombre de patrons mafieux, rêver de libération dans des camps assiégés, parler d’avenir sous le fracas des obus. Comment courir vers la Palestine si on n’a plus de jambes ? Comment agiter des petits drapeaux quand on n’a plus de mains ?
Gaby NASR
Définitivement, le camp palestinien de Aïn el-Héloué est à classer dans le patrimoine mondial de l’art de vivre. Plus de 55 ans que des dizaines de milliers de pauvres hères, estampillés « réfugiés », croupissent dans cette favela de non-droit où pigeonnent des patibulaires armés, qui caquètent et cliquètent au milieu des taudis. Un tableau idyllique façon Maison et...