Rechercher
Rechercher

Actualités

COMMUNAUTÉS - 300 personnes se retrouveront à partir de lundi à la maison d’accueil Notre-Dame du Mont Le synode patriarcal maronite: dans le sillage de l’Exhortation apostolique(PHOTOS)

Les évêques maronites du monde entier, les supérieurs généraux et supérieures générales de congrégations et d’ordres religieux, les recteurs des universités catholiques et les doyens des facultés de théologie et de droit canoniques au Liban, les recteurs des grands séminaires, ainsi que des délégués du siège patriarcal et de tous les diocèses maronites au Liban et dans le monde, à raison de quatre délégués par diocèse, un comité d’experts laïcs d’une quarantaine de personnes, une commission d’information d’une dizaine de laïcs et de religieux, des invités des Églises catholiques orientales, des invités des Églises orthodoxes et évangélique, ainsi que des observateurs des communautés musulmanes, soit au total quelque 300 personnes se retrouveront, à partir du lundi 2 mai, à la maison d’accueil Notre-Dame du Mont pour tenir un synode patriarcal maronite, le premier événement ecclésial maronite de cette importance depuis… 1736. Une messe en plein air sera célébrée demain, à Bkerké, pour en marquer l’ouverture.
C’est à cette date reculée en effet que s’est tenu ce qu’il est convenu d’appeler le synode libanais, qui a donné sa physionomie à l’Église maronite, telle qu’on la connaît aujourd’hui. D’autres synodes se sont tenus par la suite, mais c’était essentiellement pour mettre en œuvre tel ou tel aspect du synode maronite de 1736. Le dernier à se tenir remonte au milieu du XIXe siècle.
À la différence de tous les synodes qui se sont tenus auparavant, le synode patriarcal qui s’ouvre lundi est le premier que l’Église maronite tient à sa propre initiative. Le synode de 1736 s’était tenu à l’appel de Rome et avait porté sur des réformes de structure et de liturgie qui ont rapproché l’Église maronite, de tradition antiochienne, de l’Église latine.
Le présent synode devrait permettre à l’Église maronite de faire le chemin inverse, et de retrouver ses racines antiochiennes, en faisant la part de l’accessoire dans ce qui l’unit indéfectiblement au siège de Pierre, un accessoire qu’au XVIIIe siècle, le Saint-Siège avait confondu avec l’essentiel, à une époque où les communications et la confiance n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui.
Car en tenant un synode patriarcal aujourd’hui, l’Église maronite fait un double acte d’obéissance. Elle applique une disposition du code canon des Églises orientales prévoyant la tenue d’un tel synode tous les cinq ans. Elle répond ensuite à un appel de Jean-Paul II qui, dans l’Exhortation apostolique de 1997, a demandé aux sept Églises orientales d’autorité propre de tenir des synodes pour mettre en application les orientations générales du synode pour le Liban de 1995.

De quoi va débattre
le synode ?
De quoi débattra le synode? De toutes les questions qui agitent l’Église maronite «hic et nunc», aujourd’hui et maintenant. 22 ont été dénombrées et réparties en cinq grands dossiers. Le premier de ces dossiers porte sur l’identité de l’Église maronite, sa vocation et sa mission. Ce dossier pose, en cinq grands documents, la problématique de l’identité antiochienne de l’Église maronite et de son histoire, ainsi que sa vocation œcuménique et ses rapports historiques avec l’islam et le monde arabe.
Le second dossier porte sur le renouveau pastoral de l’Église maronite et comprend dix documents. Par renouveau pastoral, on entend aussi bien le renouveau des personnes que celui des structures. Ce dossier pourrait donc être décrit comme touchant à la vie spirituelle de l’Église. Il y est notamment question de tout ce qui touche à la paroisse, à la formation des prêtres et aux mouvements d’apostolat de laïcs. Ce dossier aborde aussi la question délicate des rapports de certains ordres religieux maronites avec le siège patriarcal, qui ont été mouvementés au cours de l’histoire. Il s’agira de générer une pensée ecclésiologique induisant à terme l’établissement d’un rapport canonique entre ces ordres, rattachés directement à Rome aujourd’hui, avec le siège patriarcal. Là encore, il s’agit de faire le chemin inverse qui avait été effectué à l’époque du synode de 1736. En un sens donc, le synode sera une tentative de l’Église maronite de se prendre en charge comme Église patriarcale.
Le troisième dossier, qui comprend sept documents, porte sur l’Église maronite dans le monde aujourd’hui. C’est le dossier qui contient les questions brûlantes sur le rapport de l’Église maronite à la politique, à l’histoire contemporaine, à la guerre et à son avenir dans le monde arabe. Normalement, aucune des questions touchant au rôle et à la responsabilité des maronites dans la guerre ne sera occultée. Ce document devrait donc donner lieu à un véritable examen de conscience de l’Église maronite, avec toutes les ambiguïtés qui sont le propre de ces questions qui se situent au croisement de la morale, de l’idéologie et de l’histoire. En revanche, le devoir de l’Église de se prononcer sur les grandes questions politiques touchant à la souveraineté ou aux droits de l’homme y sera affirmé haut et fort. Des questions plus théologiques et philosophiques seront également abordées dans ce dossier, notamment le rapport de l’Église maronite à la modernité. Les dimensions sociale et économique de la vie de l’Église y figurent aussi.
Le quatrième dossier comprend un seul document et porte sur les lois et règlements en vigueur dans l’Église maronite.
Enfin, le cinquième dossier porte sur la présence de l’Église maronite dans le monde. Le patriarcat maronite accorde une grande attention à ce dossier, qui comprend un seul document, en raison de l’importance grandissante de la diaspora maronite, dont le revers est l’accentuation du mouvement d’émigration des maronites du Liban pour des raisons de sécurité, politiques ou économiques.
Selon le patriarche, il y a cinq fois plus de maronites en dehors du Liban qu’il n’y en a au Liban. Pour l’Église maronite, l’existence de 70 paroisses aux États-Unis, ainsi que des diocèses au Brésil, en Australie, en Argentine et au Canada, sans parler de l’Europe, pose un véritable problème d’identité. Comment empêcher ces maronites de se fondre dans les communautés ecclésiales de leur pays d’adoption? Comment préserver leurs liens spirituels, culturels et structurels avec l’Église-mère? Tel est le défi qui se pose.

La genèse des documents et la manière dont ils seront débattus

L’annonce de la tenue d’un synode patriarcal maronite a surpris de nombreux fidèles maronites, qui n’en ont pas saisi l’importance ni compris comment cinq dossiers comprenant vingt-deux documents distincts ont pu être élaborés si rapidement. Il y a là une lacune de communication. En fait, on peut dire que le synode patriarcal libanais est en préparation depuis le milieu des années 80, quand le patriarche avait confié au P. Youakim Moubarak, secrétaire patriarcal maronite, le soin d’en définir les thèmes et de le préparer.
Quatre années durant, le P. Moubarak s’était attelé, avec une équipe de prêtres et quelques laïcs, à en définir les thèmes et à en préparer les documents. Toutefois, l’annonce par Jean-Paul II de la tenue d’un synode pour le Liban devait en reporter la tenue, prévue pour le début des années 90. Une fois publiée l’Exhortation apostolique (1997), l’idée de tenir un synode patriarcal s’était imposée de nouveau et un comité chargé de le préparer était désigné, sous la présidence de Mgr Youssef Béchara, évêque d’Antélias.
Les dossiers examinés aujourd’hui par le synode patriarcal s’inscrivent dans le prolongement de ceux qui avaient été posés durant les années 80. Pour chaque dossier, une commission présidée par un évêque et comprenant un certain nombre de membres du clergé et de laïcs a été nommée. Des sous-commission ont ensuite entrepris de rédiger les documents relatifs à chaque dossier. C’est dire que les documents préparés, certains avec un peu plus de hâte que d’autres, sont une œuvre collective et ne peuvent être attribués à des particuliers, même si çà et là la marque de certains d’entre eux peut y être discernée.

Méthodologie
La méthodologie qui sera mise en œuvre au cours du synode patriarcal est une mécanique minutieusement réglée qui a déjà fait ses preuves au cours du synode pour le Liban, comme au cours du premier congrès des patriarches d’Orient au Liban. Le synode se compose d’assemblées générales consacrées aux vingt-deux documents en examen, alternant avec des cercles de discussions. Au cours des assemblées générales, les participants ayant le droit de parole pourront intervenir sur le thème examiné. Mais leur intervention orale devra être limitée à quelques minutes, à charge pour eux de remettre au secrétariat du synode un document écrit plus long. Le synode abordera, méthodiquement, tous les documents élaborés. Il les scrutera, écoutera les remarques que tout membre du synode ayant le droit de parole peut faire à leur sujet, les approuvera ou les rejettera, selon ce qu’il juge bon, suivant un processus de synthèse progressive qui éliminera ce qui n’a pas été retenu et ajoutera ce qui l’aura été. Les commissions de rédaction seront ensuite chargées de donner sa forme définitive au document. Ce processus ne s’achèvera qu’en juin 2004. Le synode patriarcal, qui entame ses travaux demain, s’étalera sur la première et la troisième semaine de juin, et sera entrecoupé d’une semaine de retraite spirituelle pour les évêques qui y participent. Les assemblées se tiendront donc la première et la troisième semaine de juin. Le synode patriarcal se réunira de nouveau en juin 2004 pour approuver définitivement les documents élaborés. Durant l’année d’intervalle qui en sépare les sessions, des groupes ecclésiaux, des paroisses, des intellectuels maronites pourront réfléchir aux thèmes abordés et formuler leurs remarques à leur sujet.

Le premier et le plus grand défi
Les défis sont innombrables. Mais le premier défi que l’Église maronite, qui se réunit en synode patriarcal à partir de lundi, est appelée à relever, celui qui déterminera tous les autres, c’est celui d’entendre la parole de Dieu et d’y correspondre.
Mais entendre «ce que l’Esprit dit aux Églises» aujourd’hui et maintenant ne sera pas facile. Discerner la voix de Dieu dans le tintamarre de voix qui l’entoure et sollicite son attention, avec les passions qui s’attachent pratiquement à tous les sujets, ne sera pas facile. Car cette voix, c’est souvent dans le murmure d’une brise légère, et non dans le souffle de l’ouragan, qu’elle se fait entendre.
Oui, en dépit du nombre des sujets sur lesquels elle est appelée à prendre position, le premier défi que l’Église maronite doit relever, ce n’est pas celui de son rapport à la politique, ou des racines antiochiennes ou des rapports au monde arabo-islamique, mais celui de l’identité spirituelle. Celui d’être Église et de «retrouver son amour d’antan», avant d’être communauté, ensemble d’intérêts, privilèges ou droits à défendre. Cela dit, le synode patriarcal est aussi une tentative de l’Église maronite de se prendre en charge, de faire ses premiers pas comme Église orientale en comptant sur ses propres forces.
Des sept Églises orientales appelées par l’Exhortation apostolique à effecteur cette démarche, à mettre à jour leurs pastorales et à développer leurs structures, l’Église maronite est la première à le faire. En cela, elle donne aux autres Églises un modèle à suivre. Grâce à une méthodologie mise au point au cours du synode pour le Liban, le synode patriarcal maronite offrira aux patriarches des autres Eglises orientales un format de discussions fonctionnel qu’elles utiliseront à leur tour. Du reste, aussi bien sur le plan de la forme que sur le fond, les patriarches des autres Églises devraient profiter des travaux du synode patriarcal maronite puisque beaucoup des sujets abordés sont, en définitive, communs à tous les chrétiens orientaux. L’une des caractéristiques majeures du synode patriarcal, c’est d’être un effort collectif. Au nombre de ceux qui saluent cet effort figure Mgr Guy Noujeim, évêque de Sarba. Pour lui, «le paysage est encore trop marqué par les initiatives individuelles. Certes, il existe de brillantes personnalités dans la communauté maronite, mais ce qui manque au travail, c’est qu’il soit coordonné, collectif, expression d’une volonté commune et unie». Il y faut, selon Mgr Guy Noujeim, un renouveau des mentalités et des structures. Enfin, en se prenant en charge, l’Église maronite ne doit pas oublier qu’elle prend en charge tout le Liban auquel son être et son histoire sont si étroitement associés. Au service du Liban, l’Église maronite doit engager toutes ses forces vives, intellectuelles, matérielles et spirituelles afin d’«accompagner» la croissance et la maturation d’une conscience nationale qu’elle a contribué à forger et qu’elle est invitée à mener à son achèvement en se (re)donnant et en donnant aux autres aussi le goût de faire du Liban leur «patrie définitive».
Les participants au synode
Le synode patriarcal est présidé par le patriarche, qui assistera à toutes ses assemblées générales. Le patriarche est assisté d’un secrétariat général dont le président est Mgr Youssef Béchara et qui comprend 22 membres, dont deux laïcs, Mme Simone Moubarak (mouvement Focolare) et M. Simon Karam, ancien ambassadeur du Liban à Washington. Quatre commissions en charge des dossiers comprennent des laïcs. En voici la liste, par ordre de présentation de dossiers; premier dossier, coordonné par Mgr Boulos Matar : MM. Youssef el-Hajje, Simon Karam, Tanios Noujeim et Antoine Tohmé.
Deuxième dossier, coordonné par NN.SS. Francis Bayssari, Youhanna Fouad el-Hajje et Mansour Hobeika : Mlle Rita Bassil, Mmes Labibé Boustany, Jeanne d’Arc Chémali, Raghida Milane et Souheila Salloum, MM. Antoine Aoun, Antoine Boustany, Tanios Chehwan, Raymond Chémali, Iskandar Gébran et Nabil Khalifé.
Troisième dossier, coordonné par Mgr Samir Mazloum; MM. Albert Zoghbi, Habib Zoghbi, Raymond Farhat, Bassam Hachem, Anouar Harb, Simon Karam, Michel Khattar, Farid el-Khazen, Joseph Khoreiche, Émile Khoury, Georges Corm, Boutros Labaki, Georges Labaki, Ibrahim Maroun, Riad Saadé, Georges Sadaka, Semaan Semaan et Élie Yachouhi.
Cinquième dossier, coordonné par Mgr Mouged el-Hachem: Mlle Guitta Hourani, MM. Simon Karam, Sélim Tabet et Sleimane Younès. Outre les patriarches de toutes les Églises catholiques d’Orient et des invités des Églises orthodoxes et évangéliques des observateurs des communautés musulmanes assisteront aux travaux. Ce sont MM. Mohammed el-Sammak, observateur de la communauté sunnite, Ali el-Hassan, observateur de la communauté chiite et Nabih el-Aawar, observateur de la communauté druze.

PAGE RÉALISÉE PAR FADY NOUN
Les évêques maronites du monde entier, les supérieurs généraux et supérieures générales de congrégations et d’ordres religieux, les recteurs des universités catholiques et les doyens des facultés de théologie et de droit canoniques au Liban, les recteurs des grands séminaires, ainsi que des délégués du siège patriarcal et de tous les diocèses maronites au Liban et...