Situation régionale - Les avions israéliens ont traversé l’espace aérien libanais pour attaquer la Syrie Beyrouth dépose une plainte au Conseil de sécurité

Le Liban a déposé hier une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’Onu accusant Israël d’avoir violé son espace aérien pour mener un raid, dans la nuit de samedi à dimanche en Syrie, a indiqué à la presse le ministre de l’Information, Michel Samaha.
« Suite aux injonctions du chef de l’État, Émile Lahoud, le représentant du Liban aux Nations unies a demandé au secrétaire général de l’Onu et au président du Conseil de sécurité une réunion urgente de cette instance pour violation de l’espace aérien libanais par les appareils israéliens qui ont pris pour cible un objectif en territoire syrien », a indiqué M. Samaha.
Outre ce survol du territoire libanais, « huit autres appareils de combat israéliens ont violé l’espace aérien libanais dans le sud et le nord du pays », affirme le texte de la plainte rendue publique par M. Samaha.
« Le Liban considère ces agressions comme autant de violations de la ligne bleue (tracée par l’Onu à la suite du retrait israélien en 2000 et qui sert de ligne de frontière entre le Liban et l’État hébreu) et demande en conséquence une réunion urgente du Conseil de sécurité », ajoute la plainte.
Auparavant, un communiqué de la présidence de la République avait
indiqué que le chef de l’État, Émile Lahoud, avait « donné des directives au ministère des Affaires étrangères pour qu’une plainte soit déposée de façon urgente auprès du Conseil de sécurité à la suite de la violation par des appareils militaires israéliens de l’espace aérien libanais et leur attaque contre des positions à l’intérieur du territoire syrien ».
« Cela s’est accompagné d’autres violations par l’aviation israélienne du ciel libanais dans le courant de la journée, au Liban-Sud et dans le nord du pays », ajoutait le communiqué.
L’armée libanaise avait indiqué plus tôt dans un communiqué que huit avions de reconnaissance israéliens ont cerclé à l’aube au-dessus de la région de Batroun-Chekka, puis se sont dirigés vers Baalbeck avant de rebrousser chemin vers le Liban-Sud.
Selon des habitants de la Békaa, les appareils israéliens qui ont effectué le raid en Syrie sont passés au-dessus de la région, d’où des fusées éclairantes ont été tirées à leur passage.
Pour sa part, le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a téléphoné au président français Jacques Chirac aussitôt après le raid israélien en Syrie et a évoqué avec lui la gravité de la situation dans la région après cette attaque.
M. Hariri devait, par ailleurs, condamner dans un communiqué le raid et appeler la communauté internationale « à imposer la retenue à Israël ».
« Au nom du gouvernement et du peuple libanais, nous condamnons l’agression israélienne contre la Syrie et nous appelons la communauté internationale à imposer la retenue à Israël dont les agissements sont une menace pour la paix et la stabilité au Proche-Orient », a déclaré M. Hariri.
« Il s’agit d’une fuite en avant d’Israël visant à occulter l’échec de l’option militaire (dans les territoires palestiniens) », a-t-il estimé.
Selon lui, l’État hébreu « attaque ses voisins arabes croyant qu’ainsi il pourra sortir de l’impasse dans laquelle il s’est fourvoyé », a ajouté le Premier ministre.
« Le Liban se tiendra comme toujours au côté de la Syrie en ce moment critique de son histoire car la Syrie a toujours été un soutien pour le Liban », a-t-il conclu.
De son côté, le président de la Chambre, Nabih Berry, a estimé, dans une déclaration, que le raid israélien constituait un développement « dangereux » et que le Liban était aussi concerné que la Syrie par cette attaque.
Quant au ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, il a proclamé, dans une déclaration faite en quittant Paris pour Moscou, où il était attendu hier soir en visite officielle, « la solidarité du Liban avec la Syrie » et estimé que « si cette flagrante agression a pour objectif de semer la terreur en Syrie, elle a raté complètement sa cible ».
Enfin, le chef du PSP, Walid Joumblatt, sortant hier soir d’une visite chez le Premier ministre, a estimé qu’Israël « est à la recherche de n’importe quel prétexte pour frapper à droite et à gauche ». « Mais cela est une preuve de faiblesse », a-t-il souligné.