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LIBAN-FRANCE - Le patriarche entamera aujourd’hui une visite pastorale à Marseille Sfeir revient à la charge au sujet de l’amendement de la Constitution

PARIS - De notre envoyé spécial, Habib Chlouk
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a clôturé hier sa visite officielle à Paris et se rendra ce matin à Marseille pour une visite pastorale de trois jours, au terme de laquelle il ira à Monaco. Au cours de ses deux derniers jours dans la capitale française, il a réaffirmé ses réserves au sujet d’un amendement de la Constitution, dans la perspective d’une rallonge du mandat présidentiel, mais il a nuancé sa position, en soulignant que « la modification de la loi fondamentale peut parfois s’avérer nécessaire ». Il a aussi de nouveau plaidé en faveur d’un rétablissement de la souveraineté et de la liberté de décision libanaise.
Dans deux interviews qu’il a accordées à Radio-Orient et au quotidien qatari Ach-Charq, le patriarche a indiqué qu’il n’a rien demandé de particulier à Paris, réaffirmant, en réponse à une question, qu’il « ne redoute pas un amendement de la Constitution ». « Nous avions simplement dit que l’échéance présidentielle doit se dérouler conformément à la loi. Nous ne pouvons pas considérer la Constitution comme une loi ordinaire, quoique par moments, des obligations apparaissent et rendent nécessaire son amendement. Est-ce que les circonstances seront les mêmes cette fois ? Je n’en sais rien. Je ne veux pas m’impliquer dans le jeu politique. »
Il a déploré le fait que les Libanais ne puissent pas élire eux-mêmes leur président, avant d’indiquer que le pays « a besoin d’un leader fort » et de souhaiter « qu’il y ait un leader dans chaque communauté, capable de satisfaire les demandes de ses fils et des Libanais en général ».
Il a de nouveau jugé nécessaire l’élaboration, « au plus vite », d’une loi électorale fondée sur la petite circonscription. « Le texte aurait dû être prêt juste après les dernières législatives afin que les gens puissent savoir à quoi s’attendre à la prochaine échéance électorale. Lorsque la loi est élaborée à la dernière minute, personne ne peut rien dire à cause du manque de temps », a-t-il dit.
Prié de dire s’il existe une crise de Pouvoir au Liban, il a répondu : « Les gens n’ont pas le sentiment d’être correctement représentés au Liban. Certains députés ne peuvent pas traiter avec leurs électeurs et d’autres ont une autorité qu’ils ne détiennent pas du peuple. »
Le patriarche a en outre critiqué de nouveau l’application sélective de l’accord de Taëf, mettant en relief « les tiraillements politiques à la tête de l’État ». « Ceux-ci ne doivent pas avoir lieu. Nous avons des institutions et ce sont elles qui sont censées abriter le Pouvoir et non pas des individus. » Il a souhaité la mise en place d’un gouvernement représentatif de toutes les parties libanaises.

Avec le PSNS et les FL
Samedi, le patriarche a eu une série d’entretiens avec des Libanais en visite ou installés à Paris. Il a notamment conféré avec le chef de la diplomatie, Jean Obeid, avant de recevoir une délégation des Forces libanaises, conduite par M. Élie Baraghid, et une autre du PSNS.
Devant la presse, des membres de la délégation ont plus tard indiqué que Mgr Sfeir a souligné durant l’entretien « le droit des Libanais à vivre dans un État indépendant, démocratique et libre, dans un climat qui favorise le dialogue entre toutes les composantes de la société ». Il a aussi insisté sur le fait que « les Libanais ne sont pas des mineurs et sont parfaitement capables de gérer eux-mêmes leurs affaires, sans l’aide de qui que ce soit, mais en préservant les règles de bon voisinage », en allusion à la Syrie.

À l’Unesco
En soirée, le patriarche a rendu visite au directeur général de l’Unesco, Yonichiro Matsuura, en compagnie d’un grand nombre de prélats, pour le remercier d’avoir intégré la forêt des cèdres et la vallée de Qannoubine à la liste des sites du patrimoine mondial. Au cours de l’entretien qui s’est déroulé en présence de l’ambassadrice du Liban à l’Unesco, Samira Daher, Mgr Sfeir a exhorté M. Matsuura d’œuvrer auprès des gouvernements et notamment le gouvernement libanais pour qu’ils préservent le patrimoine national et élèvent le niveau de la culture.
Il a rendu hommage aux activités de l’Unesco, rappelant que le duc d’Edimbourg, le prince Philip, qui préside une association écologique, l’ARC, considère le bois de Bkerké comme étant une réserve naturelle dans laquelle il n’est pas permis de construire.

Une messe avec Lustiger
Hier, avant son départ pour Marseille, Mgr Sfeir a célébré deux messes dominicales, la première en l’église Notre-Dame du Liban et la deuxième en l’église Notre-Dame de Paris, avec l’archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger.
L’office divin à Notre-Dame du Liban a été célébré en présence de l’ancien ambassadeur de France au Liban René Ala, et de représentants du chef du gouvernement, des ministres de la Défense et de l’Intérieur et du directeur des affaires des départements d’outre mer du pays hôte, ainsi que des ambassadrice du Liban en France et à l’Unesco Sylvie Fadlallah et Samira Daher, des anciens ministres Henri Eddé et Sélim Jahel, du Amid du Bloc national Carlos Eddé, du général Issam Abou Jamra, d’un représentant de la Ligue arabe Nassif Hitti, du bâtonnier Raymond Chédid, de représentants des FL et du CPL et de nombreuses figures libanaises.
Près de 2 500 personnes ont assisté à la messe au cours de laquelle le patriarche s’est adressé en ces termes, dans son homélie, aux Libanais installés en France : « Vous avez un grand effort à faire pour garder vos traditions, votre manière de vivre à laquelle vous vous êtes déjà habitués dans notre pays. Dans ce climat de pleine liberté, vous avez à assumer votre responsabilité pour garder votre foi en Dieu qui a toujours été notre grande richesse. »
En début de soirée, NN.SS Lustiger et Sfeir ont cocélébré la messe en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence d’un grand nombre de Libanais et de Français. Dans son homélie, le patriarche a rendu un vibrant hommage à Mgr Lustiger. « Je remercie mon vénérable et cher frère dans le Seigneur, son éminence le cardinal Jean-Marie Lustiger, de m’avoir invité à m’adresser à vous, chers amis, qui fréquentez cette célèbre et historique cathédrale qui a vu se recueillir tant de générations de fidèles, depuis déjà au moins un millier d’années. Son éminence m’avait invité, il y a quelques années, à prendre la parole à partir de cette chaire, sur laquelle se sont succédé, à travers les âges, d’illustres prédicateurs. Il me fait par ce geste amical un grand honneur. Je ne peux oublier non plus l’invitation qu’il m’avait adressée à prendre la parole à partir de Bkerké et à me faire entendre par un grand auditoire réuni dans cette cathédrale, lorsque mon pays était mis à feu et à sang et que son éminence avait organisé une cérémonie de prière en sa faveur. Pour tous ces témoignages de profonde et agissante amitié et pour la sollicitude paternelle dont il ne cesse d’entourer les Libanais, et particulièrement les maronites résidant dans son diocèse de Paris, je prie son éminence de recevoir l’expression de ma sincère gratitude », a-t-il déclaré.
Le patriarche a ensuite demandé aux fidèles de « prier pour le Proche-Orient si compliqué (...). Le conflit qui fait rage en Terre Sainte, la situation dramatique qui prévaut en Irak, la souveraineté et la libre décision auxquelles le Liban aspire depuis plus d’un quart de siècle, la confusion qui règne dans les autres pays de la région, portent à une sérieuse méditation : comment trouver la paix ? Où peut-on la trouver sinon chez Celui qui a dit : “Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre” ».
PARIS - De notre envoyé spécial, Habib ChloukLe patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a clôturé hier sa visite officielle à Paris et se rendra ce matin à Marseille pour une visite pastorale de trois jours, au terme de laquelle il ira à Monaco. Au cours de ses deux derniers jours dans la capitale française, il a réaffirmé ses réserves au sujet d’un amendement de...