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Vient de paraître - Une monographie de Jean Sadaka Saint Georges ou al-Khodr, patron de Beyrouth (photo)

Saint Georges est l’une des figures chrétiennes pour lesquelles l’islam a une vénération très particulière. Dans l’une des sourates du Coran, sous le nom d’al-Khodr, il est présenté comme l’ami de Moïse. C’est aussi la seule figure chrétienne qui possède au Liban, à la fois, une église et une mosquée en son nom.
Un chercheur, Jean Sadaka, vient de consacrer une petite monographie à saint Georges, dans laquelle il répertorie les données que l’on possède sur ce soldat de l’armée romaine mort en martyr au IVe siècle, et dont la figure n’a cessé de grandir, en Orient comme en Occident. On sait qu’il est le saint patron de l’Angleterre, comme il l’est aussi de la ville de Beyrouth, selon une tradition qui situe aussi dans la baie Saint-Georges son combat contre le dragon.
Dans la vie de saint Georges, le vrai se mêle volontiers à la légende. On sait en particulier que l’Église catholique a songé, un moment, à le rayer de son sanctoral comme une figure mythique. En fin de compte, elle ne l’a pas fait.
Car si le légendaire se mêle de trop près au nom de saint Georges, et si l’on doit accorder à certains détails de sa vie une portée purement allégorique, on ne devrait pas douter de l’existence de ce saint martyrisé sous le règne de l’empereur Dioclétien pour avoir déchiré un édit de persécution de l’empereur et refusé d’abjurer la foi chrétienne. Né en Cappadoce, saint Georges aurait été martyrisé à Lydda, en Palestine, où se trouve sa tombe.
Dans l’islam, des détails supplémentaires se sont ajoutés à la légende dorée du saint. Par ailleurs, son intercession est précieuse pour les soufis, auxquels il sert de guide dans leur Quête d’union. Les Alaouites l’ont en très haute estime. Certains exégètes, il est vrai, l’ont confondu avec saint Élie, dont il est bien distinct, tandis que des chercheurs l’ont réduit à un mythe agraire de renaissance saisonnière, d’où le nom d’al-Khodr, qui l’associe à la couleur verte du printemps.
Au-delà de la vérité biographique, il reste que son nom atteste l’existence d’une communauté culturelle entre les deux religions chrétienne et musulmane qui devrait rapprocher, humainement, chrétiens et musulmans les uns des autres. Une communauté qui va au-delà des textes puisqu’une mosquée al-Khodr existe à Beyrouth, dont toutes les cathédrales sont dédiées à saint Georges. Située non loin de l’embouchure du fleuve de Beyrouth, la mosquée était anciennement une église, selon les historiens.
On ne suit plus tout à fait Jean Sadaka quand ce dernier affirme que ces vérités attestent l’existence d’affinités entre les deux religions, au point qu’elles pourraient se confondre en un même déisme. Dans cette démarche de bonne volonté, il y a quand même le risque d’éliminer ce qui est irréductible à un vague déisme ou à une échelle de valeurs communes. Mais évidemment, ces sujets ne sont qu’effleurés dans le petit ouvrage, qui se veut d’abord informatif.
Beyrouth est placée sous la protection de saint Georges. Sur son destrier blanc, il est le symbole de l’esprit chevaleresque, une vertu que les Libanais feraient bien de préserver en cette époque mercantile et véreuse, une époque qui serait une sorte de dragon auquel il faut offrir des sacrifices humains, et que seul un grand saint pourrait pourfendre.

Fady NOUN
Saint Georges est l’une des figures chrétiennes pour lesquelles l’islam a une vénération très particulière. Dans l’une des sourates du Coran, sous le nom d’al-Khodr, il est présenté comme l’ami de Moïse. C’est aussi la seule figure chrétienne qui possède au Liban, à la fois, une église et une mosquée en son nom. Un chercheur, Jean Sadaka, vient de consacrer une...