Il n’en a pas fallu plus pour qu’un tollé de protestations s’élève contre la visite. D’abord, de la part des nombreux alliés de l’ancien ministre et toujours député, Mahmoud Abou Hamdane, qui, grâce à son ancien chef, M. Berry, du mouvement Amal, avait pu aider la région dont il est lui-même originaire, et ensuite de la part des rivaux de M. Skaff qui refusent qu’une personnalité, aussi représentative soit-elle, puisse résumer une ville, voire un caza, et imposer ses choix et ses alliances à la population.
D’ailleurs, les pressions ont été telles, menées dit-on par plusieurs personnalités de la région, dont le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli – ce qui constitue sans doute un affront pour le chef du Législatif –, le député Youssef Maalouf et l’évêque grec-catholique, Mgr André Haddad, qu’il a été décidé de lancer les invitations au nom du CDR afin de donner à la visite un caractère officiel et de développement. Mais les critiques ne se sont pas tues pour autant. Au contraire, elles sont reparties de plus belle, leurs auteurs se demandant à quel titre le président de l’Assemblée inaugure un projet qui relève du pouvoir exécutif.
Il est certain que le principe de la séparation des pouvoirs, consacré par la Constitution, est loin d’être respecté au Liban. Mais les violations ne se limitent malheureusement pas à une visite inaugurale de temps à autre.
Partisans et détracteurs de cette visite savent très bien que le véritable enjeu n’est pas là. Il réside dans les rapports de forces au sein du pouvoir, notamment en prévision des élections législatives et même municipales en 2005 et 2004.
La ville de Zahlé, dont les rues principales se sont ornées depuis quelques jours de banderoles et de portraits en hommage à M. Berry et à son hôte M. Skaff, souhaite surtout que l’on s’intéresse à ses problèmes quotidiens. Elle a eu beau donner au Liban, et ce pendant neuf ans, un président, cela ne lui a pas servi autant qu’elle l’aurait voulu sur le plan du développement et des problèmes des agriculteurs. Peut-être qu’aujourd’hui, les choses pourraient enfin changer.
Rappelons enfin que la cérémonie d’inauguration de la station de filtrage des eaux usées aura lieu à midi et qu’elle donnera lieu à des discours qualifiés d’importants, alors que le déjeuner est prévu pour 13h, sur les rives du Berdaouni. Qui y participera et qui boycottera l’invitation ? La réponse à cette question intéresse en fait surtout la classe politique...
S.H.
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