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Le patriarche maronite affirme qu’un Moyen-Orient sans chrétiens serait une perte pour les musulmans Chirac à Sfeir : Les Libanais doivent s’aider eux-mêmes (photo)

Paris - De notre envoyé spécial, Habib ChloukLe patriarche maronite Nasrallah Sfeir a affirmé hier à Paris qu’un « Moyen-Orient sans chrétiens serait une perte non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les musulmans ». Selon lui, s’il s’avère un jour qu’il devient impossible aux chrétiens et aux musulmans de vivre ensemble au Liban, « ce serait une catastrophe ». Et d’ajouter que « nous sommes destinés à vivre ensemble ».
Le cardinal Sfeir a tenu ces propos lors d’une conférence de presse donnée au club de la presse arabe, au siège de la chaîne TF1, à l’invitation de l’association des correspondants de presse spécialistes des affaires religieuses.
En réponse à une question, le patriarche maronite a précisé qu’il n’était pas tout à fait un opposant, « mais je me trouve dans une position qui m’incite à dire ce qui va mal au Liban. Je n’hésite donc jamais à relever les problèmes qu’il faut régler », a-t-il expliqué.
Interrogé sur les causes de l’exode des Libanais, Mgr Sfeir a rappelé que l’émigration n’était pas un phénomène récent au Liban. Il a toutefois précisé qu’actuellement, « les jeunes, détenteurs d’un diplôme, sont souvent contraints d’émigrer parce que les emplois manquent, mais aussi en raison de la situation politique ».
En réponse à une question, le prélat maronite a en outre précisé que sa dernière visite à Jérusalem remontait à 1964, quand le pape Paul VI s’y était lui-même rendu, et à l’époque où la partie Est de la ville sainte était encore jordanienne. Depuis, il a évité d’y aller à cause de l’occupation israélienne du Liban-Sud et de « l’hostilité déclarée entre l’État hébreu et le Liban ».
Interrogé sur sa vision de la cœxistence islamo-chrétienne, Mgr Sfeir a notamment répondu : « Les Libanais musulmans et chrétiens vivent ensemble dans nombre de villages et de villes, mais il arrive parfois que les points de vue divergent. » Il a indiqué à ce propos que la guerre au Liban a commencé à cause des ingérences extérieures, « sans omettre néanmoins la responsabilité des Libanais eux-mêmes dans ce conflit ». Et d’expliquer que « les Palestiniens sont entrés au Liban et ont cherché, avec l’appui de certains États, à y rester indéfiniment, tandis que l’idée d’un transfert des chrétiens en Amérique ou ailleurs faisait son chemin. Mais les chrétiens ont refusé de quitter la région », a affirmé le patriarche avant de poursuivre : « Actuellement, nous veillons à la cœxistence dans le respect mutuel. Il est vrai que nous n’avons pas de réunions quotidiennes (avec nos homologues musulmans), mais nous maintenons un contact téléphonique, et les réunions périodiques du comité de dialogue islamo-chrétien portent sur les questions d’ordre politique. »
Sur un autre plan, le cardinal Sfeir a critiqué la manière dont l’accord de Taëf est appliqué et les lacunes qui subsistent dans la Constitution concernant notamment les prérogatives du président de la République, le Parlement ayant seul le pouvoir de se dissoudre alors que le chef de l’État devrait aussi en avoir le droit. D’où, selon lui, la nécessité d’un rééquilibrage entre les pouvoirs.

Chirac : La France
veut aider le Liban
À la question de savoir ce que le président Jacques Chirac lui avait dit à l’occasion de sa visite à l’Élysée, le patriarche maronite a répondu : « Le chef de l’État français m’a affirmé qu’il était personnellement concerné par tout ce qui a trait au Liban. La France veut aider le Liban, et elle l’a déjà fait en organisant les conférences de Paris I et Paris II. » « La France fait de son mieux pour aider le Liban. Mais d’autres pays doivent aussi l’aider, de même que les Libanais eux-mêmes, car comme dit le proverbe : “Aide-toi, le ciel t’aidera” », a ajouté Mgr Sfeir en citant le président Chirac.
À un journaliste qui lui demandait s’il avait pu obtenir des promesses déterminées des responsables français qu’il a rencontrés au cours de sa visite à Paris, le prélat maronite a déclaré : « Ils ont affirmé qu’ils agiront et qu’ils sont prêts à tout pour nous aider, mais qu’ils ne peuvent remplacer les Libanais. »
Sur un tout autre plan, le cardinal Sfeir a justifié son refus du mariage civil au Liban en affirmant : « Le président Élias Hraoui avait élaboré un projet de mariage civil durant son mandat, et les musulmans l’avaient rejeté pour des raisons dogmatiques. Comme nos compatriotes mahométans l’ont refusé, nous devions dire alors qu’il n’était pas nécessaire. »
En réponse à une question concernant le général Michel Aoun, le patriarche maronite a déclaré : « J’ai déjà donné mon avis sur la question. Nous respectons tous ceux qui cherchent à venir en aide au Liban, et les États-Unis jouissent d’une grande influence dans le monde. » Et de poursuivre : « Le général Aoun a participé devant le Congrès américain aux débats sur le Syria Accountability Act. Nous sommes sur la même longueur d’onde que lui pour ce qui a trait à la souveraineté et à la liberté de décision du Liban, mais les moyens que nous préconisons pour y parvenir sont différents. »

Hommage d’Amal à Sfeir
Par ailleurs, une délégation du mouvement Amal en France dirigée par Mohammed Nassereddine a rendu visite au cardinal Sfeir. À l’issue de l’entretien, M. Nassereddine a notamment rendu hommage « aux positions du patriarche Sfeir concernant le dialogue des cultures » et « la résistance nationale libanaise qui œuvre à libérer les terres qui restent encore occupées par l’ennemi sioniste au Sud et dans la Békaa-Ouest ». « La délégation a enfin demandé au patriarche d’évoquer, lors de ses rencontres avec les dirigeants européens, la disparition de l’imam Moussa Sadr », a conclu le chef de la délégation d’Amal.
Le cardinal Sfeir a également reçu le ministre de la Culture Ghazi Aridi, le Amid du Bloc national Carlos Eddé, et le directeur de l’Unesco Koüchiro Matsuura.
Ce matin, il doit célébrer une messe dans l’église Notre-Dame du Liban, à Paris, en présence de personnalités officielles et des membres de la communauté libanaise. Le soir, il concélébrera une autre messe avec l’archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Paris - De notre envoyé spécial, Habib ChloukLe patriarche maronite Nasrallah Sfeir a affirmé hier à Paris qu’un « Moyen-Orient sans chrétiens serait une perte non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les musulmans ». Selon lui, s’il s’avère un jour qu’il devient impossible aux chrétiens et aux musulmans de vivre ensemble au Liban, « ce serait une catastrophe...