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Vie politique - Le coup de semonce joumblattiste est pris au sérieux Relance des spéculations sur l’espérance de vie du cabinet

Walid Joumblatt menace de retirer ses ministres du gouvernement, si ses demandes ne sont pas satisfaites. S’agit-il d’un préavis de départ, pour un changement ministériel qui interviendrait au début de l’année prochaine ? Peut-on, au contraire, penser que la gravité de la situation régionale interdit pour de longs mois toute crise ministérielle, ainsi que tout remplacement de Hariri ?
Le Conseil des ministres a décidé de fermer les carrières et d’adopter, dans ce domaine, un plan directeur. La Chambre a répliqué par une recommandation invitant le gouvernement à respecter les jugements rendus par les tribunaux, que sa décision enfreint. Elle lui demande de réviser sa copie, d’élaborer un nouveau plan d’orientation prenant en compte certes l’environnement, mais permettant le fonctionnement des carrières, sous étroite surveillance technique.
Concernant les dépotoirs, le bloc Joumblatt a présenté une motion de défiance, par le truchement d’Akram Chéhayeb. Qui a considéré comme insatisfaisants les éclaircissements fournis par Hariri. Mais la démarche de contestation a été torpillée par un défaut de quorum soudain. Va-t-on s’en tenir là, et la confrontation est-elle terminée, ou ne fait-elle que commencer ? Une source ministérielle répond que cela dépendra du Conseil des ministres.
Dans ce sens que l’Exécutif va débattre de la recommandation parlementaire concernant les carrières, soit pour l’approuver, soit pour la rejeter. Soit encore pour trouver une solution médiane. La discussion risque cependant d’être vive et l’on ne peut pas savoir d’avance si une décision va pouvoir être prise à l’amiable ou si l’on va recourir, pour trancher, à une procédure de vote. En tout cas, les ministres éventuellement mis en minorité devraient quand même se solidariser avec le gouvernement s’il devait en venir à s’affronter avec le Parlement. Ou alors, s’ils ne veulent pas céder de leurs convictions, ces ministres devraient démissionner. Il n’est pas admissible, en effet, qu’un bloc encore représenté au sein du gouvernement vote la défiance. C’est bien pourquoi, d’ailleurs, Walid Joumblatt a précisé qu’il va réunir son groupe, pour arrêter la position à prendre. Cependant, la même source ministérielle estime qu’il y a de fortes chances de voir le débat sur les carrières reporté, pour donner latitude à des tractations en vue d’un arrangement à l’amiable. Selon cette personnalité, on peut espérer que le bloc Joumblatt donnerait dans ce cadre au gouvernement un délai de trois mois. Au bout desquels les circonstances auraient suffisamment changé pour qu’un changement de cabinet devienne envisageable. À travers la démission des ministres joumblattistes.
De son côté, un parlementaire rappelle que la majorité se base, place de l’Étoile, sur l’alliance de trois grands blocs, ceux de Berry, Hariri et Joumblatt. En cas de différend entre ces leaders, la majorité n’est plus automatiquement garantie, ou se rétrécit beaucoup pour devenir étriquée. Il ajoute que Joumblatt peut certes faire sauter le gouvernement, mais qu’il ne le ferait sans doute pas si les décideurs ne sont pas d’accord. Or si les Syriens devaient souhaiter le départ du cabinet, il n’y aurait même pas besoin de faire démissionner les ministres de Joumblatt. Car Hariri lui-même comprendrait sans peine le signal et rendrait aussitôt son tablier. Pour le moment, ajoute la même personnalité, il est clair que les trois grands blocs loyalistes ont intérêt à rester soudés, pour faire face aux défis de l’heure, comme pour affronter ensemble l’échéance présidentielle. Mais, en attendant, Joumblatt cherche manifestement à renforcer ses positions et ses atouts propres. Il pense surtout au dossier des législatives et au découpage des circonscriptions, qui est essentiel pour lui. Il a également des aspirations concernant la décentralisation et la distribution des projets de développement. Il songe en outre à obtenir un surplus de crédits pour l’opération de retour des déplacés dans la Montagne, si possible avant les législatives et avant les municipales.

Émile KHOURY
Walid Joumblatt menace de retirer ses ministres du gouvernement, si ses demandes ne sont pas satisfaites. S’agit-il d’un préavis de départ, pour un changement ministériel qui interviendrait au début de l’année prochaine ? Peut-on, au contraire, penser que la gravité de la situation régionale interdit pour de longs mois toute crise ministérielle, ainsi que tout...