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Le chef du PSP poursuit sa campagne sans toutefois prendre de décision définitive Joumblatt: Nous ferions mieux de sortir du gouvernement (photo)

Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a poursuivi hier sa campagne contre le gouvernement, allant même jusqu’à affirmer qu’il ferait mieux d’en retirer ses trois ministres, sans pour autant trancher définitivement dans un sens ou un autre. Il a, en outre, laissé entendre qu’il n’avait pas l’intention de susciter la question de confiance, en raison du fait que les grands blocs politiques étaient les maîtres du jeu au Parlement.
M. Joumblatt a tenu ces propos dans un discours prononcé à Btater (caza de Aley), lors d’une tournée dans plusieurs villages de la région. Il n’a pas manqué dans ce discours de reprendre ses attaques contre les privatisations, de se plaindre des insuffisances du budget alloué au ministère des Déplacés, de critiquer le projet de majoration de l’abonnement à l’EDL et de clouer au pilori son ex – allié Rafic Hariri, qui lui apparaît aujourd’hui comme un parangon du « capitalisme sauvage ».
« Lorsque nous avons décidé de participer au gouvernement en place, il s’agissait pour nous d’améliorer les conditions de cette participation en prenant en main certains ministères de services, parce que le pays tout en entier a besoin de services » , a indiqué M. Joumblatt.
Il a souligné que lorsqu’il a été question de remplacer Ghazi Aridi à l’Information, « on cherchait en fait à le brûler mais on n’a pas réussi ». Pour ce qui est de Marwan Hamadé, c’est, d’après M. Joumblatt, le Premier ministre, Rafic Hariri, qui a proposé le ministère de l’Économie à l’intéressé, « dans la mesure où M. Hamadé jouit de compétences dans ce domaine et est notamment en mesure de reconsidérer un certain nombre d’accords internationaux iniques à notre égard sur les plans économique et agricole, comme ceux signés avec l’Égypte, la Jordanie ou d’autres ». « Le pays qui ne produit rien ne représente rien », a enchaîné le chef du PSP. « L’accord d’association avec l’Union européenne n’a aucun sens si nous ne cherchons pas à améliorer la situation de l’agriculture et de l’industrie, afin que nous puissions devenir compétitifs, car on ne saurait se suffire d’une économie fondée sur le tourisme, les services et les banques », a-t-il souligné.

Favoriser les PME
Pour lui, une politique de soutien à l’industrie et à l’agriculture, qui favoriserait principalement les petites et moyennes entreprises, permettrait au Liban d’« entrer sur la grande scène mondiale avec un acquis minimal ».
Au sujet du troisième département attribué au bloc parlementaire de M. Joumblatt, celui des Déplacés, le leader druze a fait valoir que ce ministère ne constitue « pas un don fait uniquement à la montagne, mais aussi à Beyrouth et à Tripoli ». Le ministère des Déplacés dispose d’un budget de 7 à 8 milliards (de livres) par mois, a-t-il indiqué. « Nous avons toujours réclamé une augmentation de ce budget, pas au bénéfice de Walid Joumblatt, mais à celui de tous les citoyens, à commencer par les habitants de Barja et de l’Iqlim el-Kharroub, qui ont beaucoup souffert de la guerre, tout comme ceux de Btater ainsi que tous les chrétiens qui ont dû prendre le chemin de l’exode », a-t-il lancé.
« On nous dit qu’il faut reconsidérer les priorités. M. Hariri affirme qu’un montant d’1,2 milliard de dollars est gelé pour des raisons politiques. Je pense que ce montant est consacré à des routes, du béton et à davantage de ponts. Dans ce pays, il n’y a plus que des ponts. Au-dessus des ponts, il y a d’autres ponts, et en dessous aussi. Peut-être que tout cela est nécessaire pour joindre cette capitale-royaume, dont une partie seulement est un royaume, tandis que l’autre n’est qu’une ceinture de misère », a-t-il dit.
Réclamant à nouveau un soutien pour l’écoulement de la production d’huile d’olive et celle des pommes, le chef du PSP a déploré que cette demande « ne reçoit pas de réponse alors que nous constatons que le soutien au tabac au Liban-Sud, au Akkar et au Hermel est au cœur du budget. Pourquoi ne pas généraliser le soutien, le rendre plus équilibré et plus juste ? » s’est-il interrogé.
Abordant l’une de ses cibles préférées, les privatisations, M. Joumblatt s’est déchaîné : « Le pays n’a jamais été socialiste pour qu’on le privatise. Dans le passé, Fouad Chéhab n’était nullement socialiste. C’était un homme de droite. Il a pourtant fondé les offices autonomes. À qui veut-on les vendre aujourd’hui ? à M. Untel et à la famille Untel ? Je les connais tous, ceux-là. Je sais d’où ils viennent et ce qu’ils sont devenus. Tout cela est inacceptable. »
« Ils diront que nous avons une dette de 34 milliards et que c’est pour des raisons politiques que nous voulons torpiller le processus de privatisation. Mais ce n’est pas moi qui torpille ce processus. Tout ce que je dis, c’est que les services concernés sont des biens publics qui sont d’ailleurs gérés aujourd’hui comme des sociétés privées. Je crois qu’il existe aujourd’hui des personnes compétentes (pour gérer ces services), comme nous avons eu par le passé les Ibrahim Abdel Aal, Henri Naccache, Élias Sarkis, Amine Bizri, Fouad Najjar et d’autres encore. Que restera-t-il de cet État lorsqu’il ne sera plus qu’une filiale des monopoles détenus par quelques grands ? » s’est-il encore demandé.
Revenant à des soucis plus immédiats, M. Joumblatt a poursuivi : « N’est-il pas étrange que les déplacés, tous les déplacés, ne reçoivent que 60 millions de dollars par an, alors que le coût des ordures à Beyrouth et dans une partie du Mont-Liban seulement s’élève à 120 millions ? »

« Phase obscure »
« Voilà pourquoi je voudrais que nous sortions de ce gouvernement et que nous devenions des spectateurs. C’est préférable. Quant à poser la question de confiance, le problème, c’est qu’il existe dans le pays de grands blocs politiques capables d’attribuer à nouveau la confiance à ce cabinet. Et cela, je ne le souhaite pas », a-t-il dit.
« Nous avons naguère déboursé un milliard et demi de dollars sur l’électricité et voilà qu’aujourd’hui, on nous annonce une majoration de l’abonnement. Jusqu’à quand laissera-t-on le peuple payer seul le prix de tout cela ? L’histoire dira un jour que la plus grande faute commise par la gauche libanaise, ou ce qu’il en reste, est d’avoir participé au pouvoir aux côtés de son contraire, le capitalisme sauvage », a-t-il par ailleurs estimé.
Il a, en outre, déploré que « les conditions requises pour être embauché au sein de l’État sont définies par des cercles privés qui jugent les gens non pas selon les critères de la compétence et de l’intégrité, mais plutôt sur des bases clientélistes et régionalistes. C’en est ainsi pour les cercles de la droite à Beyrouth qui persiste à vouloir occulter l’histoire nationaliste, nassérienne et arabe de cette ville ».
Sur un autre plan, évoquant la conjoncture régionale, M. Joumblatt avait souligné samedi que « nous vivons aujourd’hui une phase obscure » et que « la lutte est encore longue ».
S’exprimant à Moukhtara devant une délégation des jeunes de l’OLP venue des territoires palestiniens, M. Joumblatt avait ajouté qu’à l’heure actuelle, « les armées régulières des pays arabes sont tombées » et que « l’alternative réside dans la guérilla et les opérations-suicide héroïques ».
Toutefois, rectifiant hier quelque peu le tir, il a souligné qu’en fait, il voulait dire que « la plupart des armées régulières arabes étaient tombées ».
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a poursuivi hier sa campagne contre le gouvernement, allant même jusqu’à affirmer qu’il ferait mieux d’en retirer ses trois ministres, sans pour autant trancher définitivement dans un sens ou un autre. Il a, en outre, laissé entendre qu’il n’avait pas l’intention de susciter la question de confiance, en raison...