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Le pari de Haoui sur la réconciliation reste hasardeux

Dans sa récente interview à L’Orient-Le Jour, recueillie par Michel Hajji Georgiu, Georges Haoui, figure de proue du Parti communiste libanais, relance l’idée d’un congrès pour une vraie réconciliation nationale, sous l’égide du président Lahoud. Cet appel a-t-il des chances d’être entendu ? Ne risque-t-il pas d’aller à la trappe, comme tant de projets de dialogue ? On sait en effet qu’avec la fermeture de la MTV, toutes les ouvertures ont été bouchées. Chaque camp accusant l’autre de blocage.
Cependant, tous ceux que Haoui a rencontrés pour leur exposer son programme y ont applaudi chaleureusement. C’est là un signe encourageant, certes, mais insuffisant. Car il faut encore voir qui va, dans les faits, contribuer au projet. Qui va retrousser ses manches pour aider à préparer le congrès. La première difficulté à vaincre, c’est bien évidemment le choix des participants et l’ordre du jour. Quels sont les partis, les pôles, les corps constitués, les courants politiques qu’il faut inviter. Peut-on relancer tout le monde sans soulever des objections, des vetos, des refus de participer. Pourra-t-on convier les Forces libanaises, formation légalement frappée d’interdit ? D’ailleurs, qui les représenterait, maintenant que Fouad Malek a monté son groupe face à celui de Samir Geagea ? Faudra-t-il admettre ou exclure le courant aouniste, que certains récusent en lui reprochant de n’admettre ni Taëf ni la légalité ? Et en l’accusant de miser sur les USA pour un changement dans le pays. Enfin, en ce qui concerne Kornet Chewane, serait-on ou non tenté d’en inviter certains membres et pas d’autres ?
Ces questions se posent dans la mesure où il appartiendrait aux officiels d’organiser le congrès. À supposer que le carnet de bal soit rempli sans encombre, il faudrait ensuite que la musique ne pose pas problème. Autrement dit, l’élaboration d’un ordre du jour semble a priori éminemment complexe et conflictuelle. On sait en effet que des forces politiques déterminées voudraient insister pour que l’on débatte, avant tout, des moyens à mettre en œuvre afin de parachever l’application de Taëf. C’est-à-dire que l’on discute du retrait syrien autant que de la loi électorale, de la décentralisation, des naturalisations ou de l’abolition du confessionnalisme politique. Ces courants insisteraient également sur la nécessité de déployer l’armée le long de la ligne bleue, pour un retour à la convention d’armistice de 1949, en attendant un accord de paix régional. Ils voudraient également avoir des assurances sur le respect de l’article 49 de la Constitution qui prohibe le renouvellement du mandat présidentiel. D’un autre côté, les mêmes instances ne cessent de militer pour le désarmement de toutes les milices, libanaises ou non. Ainsi que pour le respect des libertés, notamment au niveau de l’information comme à celui du droit à l’expression.
Haoui, pour sa part, prévoit trois niveaux. Le premier se rapporte aux constantes nationales, comme la souveraineté et l’arabité du pays, à l’ombre de relations fraternelles avec la Syrie comme de la lutte contre Israël. Le deuxième niveau concerne les réformes à effectuer dans le cadre de Taëf. La priorité va dans ce domaine à la loi électorale. Il faut ensuite préciser les pouvoirs du président de la République, du Parlement, du Conseil des ministres. Et engager la réforme administrative ainsi que celle de la justice. Enfin, le troisième créneau traite du haut comité pour l’abolition du confessionnalisme politique, en base d’un agenda étalé sur 20 ou sur 30 ans. Haoui s’attend à des entraves, du fait des intérêts à coloration confessionnelle, comme du fait des pressions régionales. D’autant qu’après la conquête de l’Irak, il est question de projets fédéraux ou confédéraux dans la région. Pour lui, si l’on veut parer à de telles pressions, il faut renforcer l’unité interne du pays.
Cependant, en pratique, un congrès national n’a de chances d’être organisé et a fortiori de réussir que s’il bénéficie du soutien de la Syrie. C’est ce que soulignent des politiciens qui précisent que ce soutien ne doit pas rester verbal.
Émile KHOURY
Dans sa récente interview à L’Orient-Le Jour, recueillie par Michel Hajji Georgiu, Georges Haoui, figure de proue du Parti communiste libanais, relance l’idée d’un congrès pour une vraie réconciliation nationale, sous l’égide du président Lahoud. Cet appel a-t-il des chances d’être entendu ? Ne risque-t-il pas d’aller à la trappe, comme tant de projets de dialogue...