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Incident de Bteghrine - Le chef du PSP juge « insuffisantes » les sanctions annoncées par le ministre de l’Intérieur Joumblatt chez N. Lahoud : Le pouvoir doit rendre des comptes(photo)

Serait-ce la (ré-) amorce d’une alliance politique naguère maintes fois esquissée ? Peut-être est-il encore trop tôt pour répondre à cette question. Il n’en reste pas moins que l’incident de Bteghrine, samedi, qui a projeté une nouvelle fois le député du Metn, Nassib Lahoud, au premier plan de l’actualité politique, aura fourni à Walid Joumblatt l’occasion de se rapprocher – à moins de dix mois d’une série d’échéances électorales – de l’un des principaux ténors de l’opposition chrétienne.
Soucieux de ne pas se suffire d’une simple prise de position condamnant l’incident de Bteghrine, le chef du Parti socialiste progressiste a tenu à marquer son élan de solidarité avec M. Lahoud, en se rendant au siège du Renouveau démocratique, la formation que préside le député du Metn.
Mais au-delà de l’identité des protagonistes de l’affaire de Bteghrine, il a d’abord cherché à exprimer sa réprobation de toute dérive similaire en quelque lieu qu’elle se produise.
« J’ai souhaité exprimer ma solidarité et ma condamnation de ce qui s’est passé. Aujourd’hui, il s’agit de Nassib Lahoud. Demain, ce sera quelqu’un d’autre. Voilà pourquoi nous rejetons totalement ce genre de comportements et nous réclamons des comptes à leurs auteurs », a déclaré M. Joumblatt au cours d’une conférence de presse commune à l’issue de son entretien avec M. Lahoud, en présence de plusieurs responsables du Renouveau démocratique, parmi lesquels l’ancien ministre et député Nadim Salem.
« Dans le principe, je peux, moi, me contenter de critiquer ce qui s’est passé. Nous pouvons tous critiquer. Mais lorsque ce sont certains piliers du pouvoir qui émettent des critiques, cela devient surprenant, car ce que l’on attend du pouvoir exécutif, c’est de rendre des comptes. »
« L’affaire est tout de même étrange, car le même jour, le ministre de l’Intérieur supervisait une campagne sécuritaire. Ce qui s’est passé est donc une sorte de coup d’État contre cette campagne », a estimé M. Joumblatt, qualifiant d’« insuffisantes » les mesures de rétorsion prises par le ministre, Élias Murr, à « l’encontre d’un chef de poste de gendarmerie ou d’un petit sous-officier ».
« Il est nécessaire que l’affaire soit traitée dans sa globalité, car les auteurs de ce coup d’État contre la campagne sécuritaire mettent en danger la sécurité générale au Liban, s’autorisent des comportements indisciplinés ici et là et sèment l’inquiétude chez les citoyens », a-t-il ajouté, rappelant l’incident survenu il y a quelques jours à Hay el-Lija (secteur de Mar Élias), dans lequel un homme a trouvé la mort.
« Certains agents des forces de l’ordre se comportent parfois de manière imbécile. Ils devront donc être jugés. Mais il faudra aussi juger et sanctionner ceux qui ont permis ce coup d’État contre la campagne de sécurité », a-t-il lancé.
En réponse à une question, M. Joumblatt a indiqué qu’il n’allait pas jusqu’à réclamer le limogeage du ministre de l’Intérieur. « Cependant, a-t-il ajouté, il y a quelqu’un – que ce soit l’ancien ministre Michel Murr ou quelque autre “soldat de l’ombre” – qui a mis au point ce coup d’État pour nuire au ministre. Alors, s’il accepte le fait accompli, c’est toute l’institution des FSI qui en sortira diminuée. » « Naguère, une élection partielle a conduit à l’élimination de la MTV et du Conseil constitutionnel. Aujourd’hui, veut-on anéantir les forces de l’ordre ? Et demain ? Ce sera quoi ? » s’est-il interrogé.
Sur le point de savoir pourquoi il ne rencontrait pas les membres de Kornet Chehwane, le chef du PSP a souligné qu’un certain nombre de considérations l’empêchait de le faire et qu’il existait des divergences entre lui et le rassemblement. « Mais au plus fort de la période de froid avec KC, nous avons toujours maintenu le contact et le dialogue avec Nassib Lahoud, a-t-il assuré, faisant état de nombreux points de convergence avec le Renouveau démocratique ».
Pour sa part, M. Lahoud a estimé que « le pouvoir judiciaire a aujourd’hui l’occasion de gagner la confiance des citoyens et de prouver que lorsqu’une agression de ce genre se produit, il est en mesure de sanctionner tous les agresseurs, mais aussi les incitateurs ».
Il a aussi souhaité que les responsables de l’incident soient politiquement sanctionnés. « Il faudra notamment savoir pourquoi la campagne sécuritaire était en vigueur partout au Mont-Liban, sauf à Bteghrine », a-t-il dit.
Pour ce qui est du ministre de l’Intérieur, M. Lahoud a indiqué que son appel à la démission de ce dernier remontait à l’élection partielle du Metn et n’était donc pas nouveau. « Nous estimons que le ministre de l’Intérieur est politiquement responsable de ce qui s’est passé samedi parce qu’il était de son devoir d’empêcher que cet incident se produise et qu’il en était, à notre avis, capable », a-t-il ajouté.
Se défendant de vouloir exploiter l’affaire de Bteghrine afin de « régler des comptes » avec le président de la République, le député du Metn a déclaré : « Mon intention n’est pas d’impliquer le chef de l’État. Mais il lui est demandé, ainsi qu’à tous les responsables, de cesser de protéger les gens qui se livrent tous les jours à de tels abus sur le territoire libanais. »
Serait-ce la (ré-) amorce d’une alliance politique naguère maintes fois esquissée ? Peut-être est-il encore trop tôt pour répondre à cette question. Il n’en reste pas moins que l’incident de Bteghrine, samedi, qui a projeté une nouvelle fois le député du Metn, Nassib Lahoud, au premier plan de l’actualité politique, aura fourni à Walid Joumblatt l’occasion de se...