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Le chantier du code électoral à partir de septembre



C’est en septembre, après les vacances, que le gouvernement rêve de s’octroyer généreusement en août, qu’Élias Murr compte aborder l’élaboration du nouveau code électoral. Comme on sait, son département de l’Intérieur a réceptionné non moins de 32 projets préparés par diverses forces politiques. Il doit les étudier, pour tenter d’en opérer une synthèse acceptable pour tous.
Walid Joumblatt, que le découpage des circonscriptions intéresse au premier chef car il détermine sa sphère d’influence, se montre le plus intéressé par la question. Il a déjà défini ses positions, c’est-à-dire ses appétences, en précisant dès le départ qu’il s’agit là pour lui d’un seuil minimal non négociable. En précisant qu’à ses yeux, le code électoral est d’ordre stratégique, d’une importance si capitale qu’on ne peut l’aborder avec la même souplesse qu’une disposition légale ordinaire. Il a donc coupé court à toutes les tentatives de tractations ou de marchandages qui pourraient, à son avis, amoindrir son leadership et sa popularité dans la montagne. Joumblatt propose que l’on divise le Mont-Liban en deux circonscriptions, Jbeil-Kesrouan-Metn-Nord d’une part, Baabda-Aley-Chouf d’autre part. C’est-à-dire sa propre part du gâteau.
Sur un plan plus général, les professionnels relèvent qu’une fois de plus la préparation de la loi électorale accuse un certain retard. Il reste en effet moins de deux ans avant l’échéance et il faut plusieurs mois de concertations multilatérales ardues avant que le projet n’aboutisse à la Chambre. Ce qui devrait normalement se faire au moins six mois avant le scrutin, pour que chaque partie intéressée sache sur quel pied danser avant d’entrer en campagne. Sauf, bien évidemment, si l’on veut réitérer le coup des éditions précédentes. Qui constituaient autant de faits accomplis imposés à la dernière minute, de costumes taillés à la mesure de certains, de parachutages étrangement dénoncés par les signataires de la loi eux-mêmes, comme Hoss en 2000. Cependant, pour l’heure, les politiciens du cru accordent aux autorités qu’elles ont raison de ne pas trop presser le mouvement. Car, à leur avis, il vaut mieux façonner la loi électorale en prenant en considération une évolution de la situation régionale qui peut changer beaucoup de choses à l’intérieur. En effet, il paraît assez évident qu’une accélération du processus de paix régional modifierait ipso facto, dans un sens ou dans l’autre, les rôles des parties extérieures qui jouent, directement ou indirectement, sur la scène libanaise. Entre autres hypothèses théoriques, on peut dans ce cadre se demander ce qu’il adviendrait, par exemple, si la Syrie entrait de plain-pied dans un projet de règlement que l’Iran de son côté rejetterait. Que ferait alors le Hezbollah et que ferait le pouvoir local avec cette formation, ne serait-ce que sur le plan électoral ? Il y a bien d’autres cas de figure qui peuvent prendre corps, selon que l’on avance ou que l’on recule sur la voie de la paix. Par définition organique, le Liban est sinon une passoire du moins un tissu éminemment perméable aux infiltrations de la nappe phréatique extérieure, régionale ou internationale. Sa vie politique intérieure est tout entière conditionnée par ces données. Partant de là, les politiciens du cru s’accordent à estimer qu’en cas d’évolution extérieure favorable, de détente syro-amérciaine notamment, la loi électorale ne poserait pas de problèmes majeurs et serait concoctée en base d’un consensus relativement facile à réaliser. Par contre, en cas de crispation relationnelle entre Damas et Washington, il y aurait à craindre qu’une fois de plus la loi électorale soit imposée comme un firman. Ce qui porterait plus d’une partie intérieure lésée à ruer dans les brancards, ou à tenter de trouver des appuis extérieurs, pour exploiter la rivalité entre décideurs régionaux et internationaux. D’où tension et crise. C’est du reste exactement le même topo qui s’annonce pour l’autre échéance électorale libanaise, la présidentielle. Pour le moment, comme le souligne un ministre, le Liban est en salle d’attente. Le statu quo, indique cet officiel, semble en tout cas pratiquement assuré pour au moins trois ou quatre semaines. Après quoi, l’Intérieur se mettra à la tâche. En base des directives du président Lahoud qui, selon ses visiteurs, exige une loi électorale équilibrée, unifiée, égalitaire, qui ne soit plus composée d’un caza ici et d’un mohafazat là. Le pouvoir, indique enfin un ministre, tient à prendre en considération, cette fois, les positions de Bkerké. Pour le remercier, en quelque sorte, de son attitude positive (par rapport au point de vue des prosyriens) lors de la guerre irakienne, ainsi qu’à l’égard des pressions US sur la Syrie. On sait en effet que Bkerké a refusé de jouer le jeu de Washington, en soulignant en quelque sorte que le contentieux fraternel doit être réglé en tête à tête, en famille et à l’amiable.

Philippe ABI-AKL
C’est en septembre, après les vacances, que le gouvernement rêve de s’octroyer généreusement en août, qu’Élias Murr compte aborder l’élaboration du nouveau code électoral. Comme on sait, son département de l’Intérieur a réceptionné non moins de 32 projets préparés par diverses forces politiques. Il doit les étudier, pour tenter d’en opérer une synthèse...