Rechercher
Rechercher

Actualités

Électricité - Deux sources de financement quasiment assurées pour l’importation de fuel Le sursis se prolonge au moins jusqu’au 30 septembre

Certes, le président Émile Lahoud a parfaitement résumé le principal souci des Libanais en affirmant lors d’une réunion tenue hier au palais de Baabda : « La situation est devenue insupportable. Les citoyens ploient déjà sous le joug de la crise économique, nous n’avons pas le droit de leur imposer en plus une coupure de courant. »
Mais concrètement, quelle solution au problème de l’approvisionnement des centrales électriques en fuel ?
– Avec le déchargement hier matin de 30 000 tonnes de mazout dans les centrales du Zahrani et de Deir Amar, et avec l’arrivée d’un deuxième pétrolier au Liban, lundi ou mardi prochains, le courant devrait être assuré sans problème au moins jusqu’au 15 septembre.
– Un prêt de 25 millions de dollars, qui devrait être accordé aujourd’hui samedi à l’EDL par le Fonds arabe pour le développement, permettra à l’office d’assurer le courant pour une quinzaine de jours supplémentaires, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois de septembre.
– La deuxième source de financement sera la Banque du Liban, à qui le gouvernement demanderait une avance sur le Trésor d’un montant de 350 milliards de LL (soit environ 233 millions de dollars). C’est en tout cas la somme que l’office devrait réclamer dans le rapport qu’il est censé présenter le 4 septembre au Conseil des ministres pour justifier la nécessité d’un emprunt, indique une source autorisée au sein de l’EDL. Une fois cette avance approuvée, le courant serait assuré en principe 24 heures sur 24 pour une période de quelque quatre mois supplémentaires.
Autant dire que le problème est donc pratiquement réglé dans la mesure où les fonds nécessaires pour l’importation du fuel et du mazout ont été trouvés in extremis. De fait, selon la même source autorisée, la durée de rationnement du courant commencera à être réduite dès aujourd’hui samedi.

La réunion de Baabda
Si le ministère de l’Énergie est à l’origine du sursis allant au 15 septembre, c’est la réunion d’une heure et demie tenue hier à Baabda sous l’égide du chef de l’État, qui a permis de prolonger le délai au moins jusqu’au 30 septembre.
Le président Lahoud a convoqué à cette réunion le ministre des Finances Fouad Siniora, le ministre de l’Énergie et de l’Eau Ayoub Hmayed, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, le PDG de l’EDL Kamal Hayek et le directeur général de la présidence de la République, le général Salem Abou Daher.
Deux solutions ont été adoptées en vue de mettre fin au rationnement draconien dont les Libanais étaient encore victimes jusqu’à hier. La première, qualifiée d’urgente par les sources proches de Baabda, consiste à signer aujourd’hui même – sous peine de prescription – un prêt de 25 millions de dollars accordé par le Fonds arabe pour le développement, et que l’EDL s’est engagé à rembourser à raison de deux milliards de LL par mois.
La deuxième formule attendra la prochaine réunion du Conseil des ministres qui aura lieu le 4 septembre. Elle autorisera le ministère des Finances à contracter un prêt de la BDL pour le compte de l’Électricité du Liban. Le montant de ce prêt reste à déterminer, et le PDG de l’EDL, Kamal Hayek, aura à le justifier dans un rapport détaillé décrivant les besoins immédiats et à plus long terme de l’office.

Les réserves de Siniora
Au cours de cette réunion, la crise de l’EDL a été abordée sous tous ses angles. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, a commencé par formuler des réserves quant aux solutions improvisées et provisoires apportées à ce problème. D’où le risque permanent de connaître de nouvelles pénuries en l’absence d’un règlement de fond. Du reste, le chef de l’État a donné raison à M. Siniora et a abondé dans son sens. De fait, il a notamment réclamé une stricte application du plan élaboré par les autorités en vue d’améliorer la perception des factures et de poursuivre les contrevenants en justice. Mais le président Lahoud a ajouté que « l’application de ces mesures demande du temps. En attendant, nous ne pouvons pas laisser le citoyen en proie au rationnement et à l’obscurité ». « Pour cela, a-t-il dit, nous devons vite assurer les fonds nécessaires à l’EDL pour importer du fuel. »
Tout en soulignant sa détermination à poursuivre jusqu’au bout la mise en exécution du plan de réforme dans ce secteur, le chef de l’État a en outre insisté sur l’importance du recours au gaz pour le fonctionnement des centrales électriques. Le ministre Hmayed a précisé à cet égard que ce projet sera réalisé en partie dès juin 2004, quand il sera possible d’assurer le transport du gaz de Syrie vers la centrale de Deir Amar.

L’intervention de Salamé
Une autre discussion a porté, au cours de la même réunion, sur le prêt demandé par l’EDL pour l’importation de fuel et de mazout.
C’est le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, qui a pris la parole à ce moment pour affirmer notamment qu’il est possible d’accorder un prêt à l’État par une décision du Conseil des ministres, et ce conformément à l’article 91 du code de la monnaie et du crédit, lequel autorise le ministère des Finances à demander un prêt directement à la BDL, quitte à le transférer ensuite au bénéfice de l’EDL. M. Hmayed a réclamé alors 500 milliards de LL, une somme que le président de la République a jugée excessive. Kamal Hayek a été donc prié d’élaborer un rapport précis sur les besoins immédiats de l’office pour être présenté au Conseil des ministres qui doit se réunir le 4 septembre. Entre-temps, le chef de l’État a demandé qu’on accélère la procédure permettant à l’EDL de bénéficier du prêt de 25 millions de dollars octroyé par le Fonds arabe pour le développement.

Mise en garde de Lahoud
D’emblée, le président Lahoud a donné le ton de la réunion en déclarant: « Tout ce qui m’importe aujourd’hui, c’est que le courant parvienne aux Libanais dans toutes les régions et que cesse le rationnement. » « C’est une question essentielle et prioritaire », a-t-il dit, avant de poursuivre: « Le citoyen se soucie fort peu des arguties juridiques et politiques tant que les pannes de courant persistent. Malgré les trois milliards de dollars qu’il a déjà payés, il constate en effet qu’il est toujours privé de courant. C’est pour cela que j’ai demandé au Conseil des ministres d’ouvrir le dossier de l’électricité. » Le président de la République a conclu son intervention par une sévère mise en garde: « Quiconque chercherait à entraver l’examen et l’ouverture de ce dossier en exerçant un chantage sur le citoyen et en lui coupant le courant s’expose aux mesures les plus coercitives. Son nom sera révélé à l’opinion publique, et il sera poursuivi en justice. » Et d’ajouter : « Le citoyen est tout à fait disposé à s’acquitter de son dû s’il est certain que l’argent versé ne sera pas gaspillé ou volé. Le problème n’est donc pas le citoyen mais la protection dont bénéficient les corrompus. »
À la fin de la réunion, le chef de l’État a informé les responsables présents des instructions qu’il a données aux autorités judiciaires en vue d’accélérer le processus des verdicts dans les affaires concernant les procès-verbaux dressés aux contrevenants, et ce malgré la période des vacances judiciaires.
Certes, le président Émile Lahoud a parfaitement résumé le principal souci des Libanais en affirmant lors d’une réunion tenue hier au palais de Baabda : « La situation est devenue insupportable. Les citoyens ploient déjà sous le joug de la crise économique, nous n’avons pas le droit de leur imposer en plus une coupure de courant. »Mais concrètement, quelle solution au...