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Liban-Irak - Les milieux diplomatiques ne comprennent pas les pressions US pour la reconnaissance du Conseil transitoire Les justifications de Jaafari jugées « peu encourageantes » à Beyrouth

Les pressions insistantes exercées par les États-Unis sur plusieurs de leurs alliés arabes, afin que ceux-ci reconnaissent sans réserves le Conseil de gouvernement transitoire irakien (CGTI) et appuient « officiellement » sa participation à la conférence ministérielle arabe (qui se tiendra les 9 et 10 septembre au Caire), étonnent les milieux diplomatiques à Beyrouth. Qui y voient une volonté de rassembler le maximum de voix en faveur de cette présence au sein de la Ligue, dans le but de gêner les États qui ne la verraient pas d’un bon œil. À l’instar du Liban et de la Syrie, entre autres.
Pourtant, le n° 1 du CGTI, Ibrahim Jaafari, avait informé les responsables des pays arabes qu’il avait visités dernièrement que le président et les membres du Conseil « représentent d’une façon équilibrée toutes les factions irakiennes » et qu’ils « n’ont pas été imposés » par les puissances occupantes. Demandant ainsi qu’un représentant du CGTI occupe le fauteuil de l’Irak à la prochaine réunion du Caire. Or, selon les milieux diplomatiques à Beyrouth, les justifications et autres explications d’Ibrahim Jaafari au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa (qui les a transmises à son tour à l’ensemble des membres de la Ligue), « ne sont pas encourageantes, parce que Jaafari exagère ». Notamment lorsqu’il dit que le CGTI n’est pas imposé par les occupants de l’Irak, « sachant surtout que l’administrateur civil, Paul Bremer, a le droit d’assister, s’il le souhaite, aux réunions du Conseil, et, surtout, qu’il dispose d’un droit de veto sur n’importe quel point porté au débat » au sein du CGTI.
Les divergences existent également en ce qui concerne le futur gouvernement national irakien et la représentativité de chaque faction en son sein. Selon les sources diplomatiques, la position arabe est clairement en faveur d’une implication de l’ensemble du peuple irakien dans la désignation de ce gouvernement. Alors que le président et plusieurs membres du CGTI ont affirmé que le futur gouvernement sera désigné par le CGTI et présidé en alternance par l’ensemble des membres de ce Conseil. En gros, cela veut dire, à en croire un ambassadeur en poste à Beyrouth, que « pour la première fois dans l’histoire de la formation des gouvernements, le gouvernement irakien post-occupation sera le premier à ne pas avoir de président, le premier à être amputé des portefeuilles de la Défense et de l’Information ». Ce qui revient à dire que l’on aurait adjoint au CGTI de nouveaux membres à titre de ministres.
Il semblerait, de prime abord, que le président et les membres du Conseil transitoire souhaitent ainsi barrer la route à n’importe quel chef du futur gouvernement qui aurait la velléité de marcher sur les plates-bandes de leurs prérogatives, au cas où il serait désigné après que l’on s’est entendu sur son nom.
Les sources diplomatiques ne comprennent pas non plus l’absence du portefeuille de la Défense, ce qui équivaudrait à l’inexistence totale d’une armée irakienne, « censée concourir au recouvrement progressif de la souveraineté du pays et imposer la sécurité et la stabilité ». Elles ne comprennent pas non plus qu’il n’y ait pas de ministre de l’Information, estimant que les occupants voudraient ainsi continuer à réduire l’information en Irak au seul secteur privé. Tout cela n’a rien de positif, assurent ces sources, qui voient dans le futur gouvernement une légitimisation du CGTI. En outre, les mêmes sources ont évoqué l’embarras américain en Irak et la façon de traiter avec la réalité des choses, insistant sur le grand désordre sécuritaire, sur les conflits sectaires, les embauches à tout va, le retard dans la relance économique. Et l’insistance américaine auprès du Liban et d’autres pays arabes pour qu’ils cautionnent sans retard le CGTI « est à mettre dans le cadre de cet embarras et de cet embourbement US en Irak ».
Enfin, les sources diplomatiques se sont tout autant étonnées de la demande faite par Ibrahim Jaafari pour l’adhésion de son pays au Conseil de coopération du Golfe (CCG), sachant qu’« il n’y a aucune parenté entre l’Irak et les pays du Golfe, et que jamais une proposition en ce sens n’avait été faite, ni par les membres du CCG ni par Saddam Hussein ». Ce qui explique sans doute que les pays concernés n’aient toujours pas répondu à cette demande du CGTI.

Khalil FLEYHANE
Les pressions insistantes exercées par les États-Unis sur plusieurs de leurs alliés arabes, afin que ceux-ci reconnaissent sans réserves le Conseil de gouvernement transitoire irakien (CGTI) et appuient « officiellement » sa participation à la conférence ministérielle arabe (qui se tiendra les 9 et 10 septembre au Caire), étonnent les milieux diplomatiques à Beyrouth. Qui y...