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Spéculations sur la faisabilité de la réforme

La volonté d’agir pour réhabiliter l’État, étayée d’une ferme détermination, y est certainement, du côté du régime. Mais une main seule n’applaudit pas. Surtout quand elle se trouve prise dans un bras de fer. C’est pourquoi la plupart des professionnels doutent aujourd’hui de la faisabilité de la réforme promise par Baabda. En notant que, jusqu’à présent, on en reste aux déclarations d’intention, aux prises de position pour ainsi dire théoriques, sans garantie tangible de suivi sur le terrain.
Cependant, l’effet d’annonce en direction de l’opinion est évidemment indispensable, sur le plan psychologique. Pour propager une idée, un état d’esprit produisant un climat propice au changement voulu. Pour susciter un élan, une pression populaire, en somme.
Mais pourra-t-on vraiment passer à l’étape suivante, à la concrétisation du projet d’épuration et de réforme ? Les techniciens émettent, à ce sujet, des doutes sérieux. En se référant, pour commencer, aux dires de Berry. Il a tout bonnement affirmé que la réforme est trop importante pour être confiée aux politiques. Le fait qu’il ait abattu cette carte de scepticisme directement à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État en accentue l’aspect de rejet. Sans compter que Berry, rebondissant sur le problème d’actualité brûlante qu’est l’électricité, s’est carrément opposé à la demande, présentée par le gouverneur de la Banque centrale, d’une nouvelle loi autorisant la Banque à accorder un crédit à l’EDL. Le président de la Chambre a fait valoir qu’une telle option enfreindrait les décisions prises en Conseil des ministres. De son côté, le ministre des Finances a fermé les robinets, défaussant l’EDL sur le secteur bancaire privé. Pour assurer le financement de l’achat d’un fuel qui risque de manquer incessamment.
Or le camp lahoudiste a voulu prendre l’affaire de l’électricité comme premier support de son plan de lutte contre la corruption et la gabegie, en avant-propos de la réforme proprement dite. Dans cette logique, si le programme de sauvetage électrique connaît des entraves, le projet de réforme tout entier se trouve remis en cause.
L’ensemble du traitement en cours se voit du reste critiqué vivement par des politiciens, qui ne sont pas tous des opposants. Ils affirment que les réunions à la bonne franquette, qu’organisent actuellement, entre eux ou avec les banques, les responsables du département de l’Énergie comme les cadres de l’office, sentent par trop la routine flemmarde. Et donnent l’impression que le pouvoir ne réalise pas assez l’urgence et la gravité de la situation. Pour ces sources, la mobilisation au niveau de l’État aurait dû être totale, des dispositions exceptionnelles auraient dû être déjà prises pour aider la cellule de crise que le Conseil des ministres aurait dû former.
Ces mêmes politiciens imputent le laxisme des autorités à la mésentente qui règne entre elles. De toute évidence, les membres du cabinet ne manifestent pas à cette occasion un esprit de solidarité et de coopération marqué. Alors qu’ils devraient tous s’y mettre, avec un dévouement total, chacun apportant la contribution de son département. Revenant à Berry, les contestataires se demandent s’il va tenter, comme il l’avait à la fin du mandat Hraoui, d’impliquer la Chambre pour qu’elle se saisisse de l’ensemble du dossier économique. Cela parce qu’après tout ce volet touche à la vie, à la subsistance du peuple dont les députés sont les représentants. Pour le moment, le Parlement est en congé. Il faudra voir comment il va s’activer à la rentrée, et dans quel sens. C’est-à-dire voir si Berry va former une commission parlementaire d’enquête sur le déficit de l’EDL, les failles de perception, la dilapidation et le gaspillage des fonds. Cela, parallèlement aux investigations que la justice doit mener de son côté.

Philippe ABI-AKL
La volonté d’agir pour réhabiliter l’État, étayée d’une ferme détermination, y est certainement, du côté du régime. Mais une main seule n’applaudit pas. Surtout quand elle se trouve prise dans un bras de fer. C’est pourquoi la plupart des professionnels doutent aujourd’hui de la faisabilité de la réforme promise par Baabda. En notant que, jusqu’à présent, on...