Rechercher
Rechercher

Actualités

Les manœuvres tactiques détournent le pays politique de ses objectifs primordiaux

Des démarches multiples ont été effectuées auprès d’un pôle vétéran du cru, un vrai mentor unanimement respecté, pour le porter à rejoindre les rangs de tel ou tel bloc. Afin d’en promouvoir la crédibilité, l’audience et l’influence au niveau de l’opinion. Mais l’intéressé a rejeté toutes ces avances. En faisant valoir l’argumentation suivante :
D’abord, les efforts, plus ou moins sincères, déployés en vue d’un changement répondant aux aspirations des Libanais, sont parfaitement inutiles, dans la situation déliquescente imposée à ce pays depuis plus de dix ans. Pour bouger, il faut avoir la liberté de ses mouvements. C’est-à-dire que la condition préliminaire sine qua non est que le Liban doit recouvrer son autonomie, redevenir seul maître de ses destinées. Or, dans la pratique, c’est impossible pour le moment. Car les leaders sont divisés et ne font que courir après des intérêts particuliers. De la sorte, le pouvoir est gardé sous tutelle. Ce dont certaines parties se réjouissent du reste, car elles en tirent profit. Tandis que d’autres se disent convaincues que le Liban n’est plus apte à se gouverner lui-même, s’étant trop habitué aux immixtions dans ses affaires intérieures, grandes ou petites. Il subsiste certes une minorité qui souhaite corriger ces aberrations. Mais pour le moment, elle ne semble pas en mesure de le faire. Et le changement n’est pas pour demain.
D’autant que le pari sur les USA a l’air de s’estomper. Cette grande puissance avait annoncé, par la bouche de ses dirigeants, son intention d’initier un remodelage de la région, en direction de la démocratisation. Mais les Américains se sont retrouvés embourbés dans le marais irakien. À Bagdad, pris pour cible puis voulu comme premier modèle, ce n’est pas la démocratie qui est aujourd’hui en marche, mais bien l’anarchie. Circonstance aggravante : la « feuille de route » établie pour le conflit israélo-palestinien est de nouveau bloquée. Balayée par un cycle de violence qui semble irrépressible. Or, dans quelques mois, l’Administration Bush va devoir dételer, pour s’occuper de la campagne électorale en vue de la prochaine présidentielle US. Et elle aura besoin des voix israélites. Elle ne pourra plus réfréner un Sharon qui, déjà, se déchaîne. Les implantations de colonies juives vont sans doute reprendre, et la construction du mur de la honte, qui scie les reins du virtuel État palestinien, se poursuivre.
Pour qu’un Bush éventuellement réélu se retrouve devant un nouveau fait accompli, qui l’obligerait à réviser ses plans. Et si son concurrent devait l’emporter, il aurait besoin de plusieurs mois pour élaborer une politique spécifique. Ce qui permettrait à l’État hébreu de gagner un temps précieux.
Selon le pôle cité, ce panorama peu encourageant amène le constat suivant : le Liban est le dernier souci, aujourd’hui, des States.
Il ne représente pour eux qu’une carte de pression sur la Syrie. Loin de toute démarche sérieuse pour redonner son indépendance à ce pays. Qui, d’ailleurs, pourrait payer le prix autant d’une entente entre les USA et la Syrie que d’un désaccord entre eux.
Prié de dire si les États-Unis vont jouer un rôle dans la présidentielle libanaise, cette personnalité répond en substance : « Qu’importe… Qu’ils interviennent ou non, que le président Lahoud reste ou qu’un autre le remplace, le résultat serait le même. À savoir que nous ne sommes pas près de sortir de l’auberge, de larguer le carcan qui nous étouffe. Notre devenir reste tributaire de ce que l’on appelle les considérations régionales et internationales. En d’autres termes, il resterait sous tutelle. Un nouveau chef de l’État ne serait pas meilleur, dans de telles conditions, que l’actuel. Quant à l’avènement d’un homme capable de modifier les donnes de base, s’il s’en trouve un, il est naturellement interdit. D’ailleurs, on voit mal ce que quiconque pourrait faire de positif, à l’ombre de la domination qui nous est infligée. »

Émile KHOURY
Des démarches multiples ont été effectuées auprès d’un pôle vétéran du cru, un vrai mentor unanimement respecté, pour le porter à rejoindre les rangs de tel ou tel bloc. Afin d’en promouvoir la crédibilité, l’audience et l’influence au niveau de l’opinion. Mais l’intéressé a rejeté toutes ces avances. En faisant valoir l’argumentation suivante :D’abord,...