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FESTIVAL NÉ À BEYROUTH Retour au point de non-retour (?)(photo)

La programmation du 3e festival «..né.à beyrouth», exclusivement consacré au cinéma libanais, a été parfaite. Mais pas dans le sens que l’on croit. Il s’agit bien plus de ce que celle-ci a révélé que de ce qu’elle a montré. Documentaires, courts et moyens-métrages d’art et d’essai, d’étudiants ou d’animation, de qualité très inégale, ont fonctionné, durant les trois soirées de projection au CCF, comme de magnifiques échantillons déposés dans le laboratoire expérimental appelé «..né.à beyrouth», et attendant d’être visionnés par les spectateurs.

La voiture et le couple
«..né.à beyrouth», association culturelle destinée à «promouvoir le cinéma libanais au Liban ainsi qu’à l’étranger et encourager la production cinématographique libanaise», se garde bien de toute prétention et est consciente des lacunes considérables qui grèvent le septième art local. Mais aussi des phénomènes éminemment révélateurs de la complexité de la fameuse question identitaire, qui ne manque pas de marteler les scénarios.
Par exemple, il est intéressant de constater combien le couple, d’une part, et le déplacement urbain par excellence qu’est la voiture, d’autre part, constituent une présence appuyée dans les préoccupations des cinéastes, professionnels ou en train de le devenir. Et, de manière plus générale, la famille (qui s’élargit volontiers au voisinage et à la petite société mondaine) et le déplacement, qu’il soit sur l’«autostrade», dans l’arrière-pays ou dans une ville étrangère, pour ne citer qu’eux.

Longueurs et rigidité
De guerre, point, si ce n’est à travers le long-métrage de Randa Chahal, Nos guerres imprudentes, filmé avant le conflit. Le cinéma prend donc pied dans l’après-guerre, aujourd’hui plus vivace que jamais. Pour le fond, c’est l’errance ou l’analyse, selon la sensibilité du scénariste-réalisateur. Pour la délicate question de la forme, le tout oscille entre «libanités» et «libaniaiseries». Si la plupart des films projetés montrent un effort louable quant à la texture même de l’image, il ne tient malheureusement pas la route. À deux ou trois exceptions près, et encore, le rythme est le talon d’Achille d’un jeune cinéma qui s’emmêle les pinceaux dans des lignes temporelles brouillonnes et inefficaces. En clair, c’est toujours trop long et rarement efficace.
Autre phénomène inquiétant : la rigidité de l’ensemble et ses fâcheux à-côtés – plans complaisants, puissants pompages, direction d’acteurs qui tourne au ridicule. La trop grande majorité de ces films est d’une prétention pathétique, qui semble dire «regardez bien ce que j’ai fait, c’est merveilleux, je suis un(e) grand(e) “manitou” de la caméra qui n’a plus rien à chercher, plus rien à se prouver». Une série (B ?) d’«œuvres» (terme surpris au détour d’un générique) à l’extrême opposé de la passion pour l’image, synonyme de mystère et d’évanescence.

Vocation
Somme toute, cette poignée de films rend compte d’un travail figé, comme un point final, qui laisse planer le doute sur une vocation cinématographique à proprement parler. Les réalisateurs cherchent, comme l’art en général dans ce pays, un possible à l’impossibilité de sortir de l’impasse identitaire, qui ressemble, inexorablement, à un retour à un point de non-retour.
«..né.à Beyrouth», festival louable s’il en est, révèle un alarmant résultat d’analyses : un cinéma, à supposer que les exceptions confirment la règle, qui manque cruellement de légèreté, qui encaisse le choc de la reddition généralisée et qui s’en fait le nouvel exemple.

Diala GEMAYEL
La programmation du 3e festival «..né.à beyrouth», exclusivement consacré au cinéma libanais, a été parfaite. Mais pas dans le sens que l’on croit. Il s’agit bien plus de ce que celle-ci a révélé que de ce qu’elle a montré. Documentaires, courts et moyens-métrages d’art et d’essai, d’étudiants ou d’animation, de qualité très inégale, ont fonctionné,...