Rechercher
Rechercher

Actualités

Les nouveaux Puritains*



On peut avoir l’esprit candide, jovial, joufflu, guilleret, truculent, rubicond, purpurin. Et ne pas apprécier de nature, dans la nature, le pur purin. Ni les nouveaux Puritains. Ces moralistes coincés. Dans la matière. Comme des fossiles. Ces donneurs de leçons absconses. Écoutez-les glapir. Tel qu’en lui-même, défendons l’environnement écologique ! Préservons le patrimoine architecturo-archéologique ! Combattons le relâchement des mœurs et la corruption socio-politique ! Oui, écoutez-les couiner.
– Comme ces ragondins, dont ils veulent sauver l’espèce. Qui se porte si bien, d’ailleurs, qu’elle envoie à l’hôpital, chaque jour, des milliers de baigneurs. Contaminés, dans les rivières ou les lacs par les sécrétions salivaires, les excréments, les urines de cet animal malfaisant. Des bestioles hautement nuisibles, il y en a des quantités hallucinantes : les mouches, les rats, les cloportes, les guêpes, les poux, les scorpions, les serpents, les araignées. Même les papillons, beauté du diable, sont vecteurs de redoutables bactéries. L’homme a donc un droit de légitime défense. Auquel les impénitents écolos radicaux (heureusement, il en est qui savent faire la part des choses et des roses) opposent non seulement le droit à la vie de toute créature. Mais aussi la prétendue nécessité de préserver les équilibres de ce qu’ils appellent les écosystèmes. Absurde, et à la limite, criminel.
– La deuxième tranche de super-héros se bat contre les bâtisseurs. Pour garder des vestiges, dont même l’intérêt touristique n’est statistiquement pas transcendant (car ce ne sont ni les Pyramides ni l’Acropole), on empêche des propriétaires d’exploiter leur bien, de construire. Vertigineuse attitude de régression infantile. Car ce patrimoine que l’on veut chouchouter comme un souvenir d’enfance remonte au mieux à deux mille petites années. Et l’univers en compte au moins dix milliards ! On dira le béton est laid, on dira les vieilles demeures. Si le grain ne meurt... Le béton, c’est vrai, gagnerait à être soigné, enjolivé, vitrifié, comme cela se voit parfois, mais pas assez souvent. Il faut certes faire un effort, dans ce sens. Mais se rappeler les priorités. De la vie courante. Qui sait où va le temps... Ce qui est certain, c’est qu’il nous est compté. Comme une fin de mois difficile. Time is Monet : l’homme n’a pas été planté en terre rien que pour se délecter béatement d’une Impression, soleil levant. Il doit avant tout becter. C’est d’ailleurs un préliminaire indispensable, pour apprécier la beauté.
– Enfin, admirez ces purs esprits, hypocrites ou sincères, qui veulent presque nous priver de télé, de tenues décontractées, de petits coups de gnôle, de panneaux émoustillants, de politiciens malins et de fonctionnaires serviables au tiroir accueillant. Sous prétexte de lutter contre la décadence. En interdisant bientôt le chant et la danse. Comme sous Savonarole. Sinistre drôle. De Florence.
Jean ISSA

* I Puritani, opéra de... (vous vous en battez l’œil, et nous aussi ! Ceux qui veulent vraiment savoir n’ont qu’à piocher dans le Quid. Mais bon, allez, comme au rallye-paper, on va vous le donner : opéra de Bellini, 1835).
On peut avoir l’esprit candide, jovial, joufflu, guilleret, truculent, rubicond, purpurin. Et ne pas apprécier de nature, dans la nature, le pur purin. Ni les nouveaux Puritains. Ces moralistes coincés. Dans la matière. Comme des fossiles. Ces donneurs de leçons absconses. Écoutez-les glapir. Tel qu’en lui-même, défendons l’environnement écologique ! Préservons le...