La victoire de Hélou assurée, sauf surprise

Peut-on s’attendre à des surprises à l’occasion de la partielle qui doit se dérouler le 14 septembre dans la circonscription de Baabda-Aley, ou bien la victoire de Henri Hélou est-elle, au contraire, acquise ?
Le centre de recherches et d’informations de Beyrouth a publié une étude élaborée par Abdo Saad et qui se base sur les résultats des élections de 2000 pour faire des pronostics sur la partielle de septembre. Cette étude a montré que la capacité de transfert de voix de la liste de Walid Joumblatt a atteint 41 000 voix, dont 27 000 assurées par M. Joumblatt lui-même, et le reste par ses colistiers. Or si le leader druze décide d’appuyer concrètement Henri Hélou, il demandera sans doute à ses alliés d’inciter leurs partisans à voter pour celui-ci. À ces voix, on peut ajouter celles que procurera à M. Hélou l’appui déjà assuré par le député Talal Arslane, le Hezbollah et le PSNS. Le nombre de ces voix est estimé à 45 000, en plus des 6 000 voix que le candidat Hélou est personnellement en mesure de garantir. En revanche, toujours selon la même étude, la force électorale du courant aouniste est négligeable, et Hikmat Dib devra sans doute compter sur les voix éparses d’une partie de l’opposition, des voix qui, pour l’essentiel, sont maronites et, accessoirement, chrétiennes non maronites.
Le nombre d’électeurs chrétiens à Baabda-Aley s’élevait à environ 80 000 en 2000. 32 000 d’entre eux ont participé au scrutin, soit 40 % du total. Par ailleurs, il convient de relever que la dernière partielle qui s’est déroulée dans le Metn a mobilisé environ 57 % de l’électorat maronite. Le candidat Gabriel Murr avait alors obtenu 60 % de ces voix, qui représentent en fait celles de l’opposition. Or ce consensus au sein de l’opposition n’existe pas aujourd’hui, à l’occasion du scrutin de Baabda-Aley. En outre, l’enjeu n’est pas le même, et la participation risque donc d’être plus faible que dans le Metn. Mais à supposer que le taux de participation des maronites soit élevé à Baabda-Aley, et qu’il atteigne les 57 % réalisés lors de la partielle du Metn, soit 45 000 voix ; à supposer aussi que 70 % de ces électeurs maronites votent pour le candidat aouniste, auquel on ajouterait 8 000 électeurs chrétiens non maronites, Hikmat Dib obtiendrait alors au maximum 39 000 voix, contre 46 000 à 51 000 voix en faveur de son rival Henri Hélou, lequel est donc pratiquement sûr de l’emporter.
La même étude conclut en estimant que la seule personne qui aurait pu affronter effectivement Henri Hélou aurait été l’ancien député Pierre Daccache. Or celui-ci a déjà annoncé qu’il ne poserait pas sa candidature.
Certains observateurs n’excluent pas toutefois un certain nombre de situations susceptibles de créer des surprises, en l’occurrence :
– Les partisans de Henri Hélou pourraient ne pas participer en masse au scrutin, croyant que les résultats en sa faveur sont garantis. Le candidat aouniste, Hikmat Dib, tirerait ainsi profit du manque d’enthousiasme des partisans de son rival pour tenter de faire la différence dans la bataille. D’où la nécessité pour les machines électorales des différentes forces politiques alliées de se mobiliser et d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes.
– D’autre part, M. Dib pourrait axer sa campagne sur le fait que son adversaire compte sur les voix musulmanes pour remporter la victoire et tenter de se gagner les électeurs chrétiens. C’est ainsi que les observateurs mettent en garde contre les incidents confessionnels, dont les conséquences seraient imprévisibles.
Il convient enfin d’assurer le bon déroulement du scrutin, dans un climat de liberté et de démocratie, pour couper court à toute plainte ou tout prétexte visant à justifier l’échec d’un candidat.

Émile KHOURY