Rechercher
Rechercher

Actualités

Cabinet : signaux distincts en provenance de Damas

On reparle avec insistance, dans les cercles politiques, d’un changement de cabinet. Soit en octobre, soit après le vote du budget, à la fin de l’année. Les visiteurs de Damas rapportent pour leur part, à ce sujet, des indications variées. Certains soutiennent que les décideurs souhaitent maintenir le statu quo jusqu’à la fin du présent mandat présidentiel. À cause de la gravité de la situation régionale, qui n’autorise pas de secousses politiques intérieures. Une impression partagée par Hariri lui-même, qui en a fait état après avoir rencontré le président Assad. D’autres avancent que les Syriens n’ont pas d’objection à ce que l’on change l’équipe en place, dans la mesure où elle ne parvient à traiter les crises du moment, notamment dans le domaine économique.
Karamé se pose dès lors en postulant et s’active dans cette perspective. En précipitant l’annonce de la formation d’un axe avec Husseini, Harb et Moawad, en base d’un programme qui prend l’allure d’une prédéclaration ministérielle. L’ancien président du Conseil déclare que les Libanais sont saturés de slogans creux, ne supportent plus des conditions économiques désastreuses et réclament un vrai plan de sauvetage. Il bénéficie de l’appui de Tammam Salam, qu’il a récemment rencontré, les deux hommes s’accordant pour souligner la nécessité d’un changement aussi bien de personnes que de mentalité de pouvoir. Cependant, le même Karamé précise, dans plus d’une déclaration, qu’il ne veut pas jouer les incendiaires. Ajoutant même parfois que si Hariri devait couler, tout le monde ferait naufrage avec lui. Ce qui signifie, on l’aura compris, que si un homme comme Hariri devait échouer dans le domaine économique, nul autre ne pourrait réussir.
Pour sa part, un ancien dirigeant, qui compte parmi les contempteurs de Hariri, estime qu’il faut dissocier le changement de cabinet et le départ du chef du gouvernement. Dans ce sens que dans le premier cas, le remplacement des Trente ne peut se justifier que par un consensus visant à installer un cabinet d’union nationale formé de figures de premier plan, pour un programme de sauvetage. Manœuvrer pour éliminer Hariri, ajoute ce pôle, ne ferait qu’aggraver la situation économique, avec un risque accru de troubles, de manifestations et de grèves. Seul Hariri et en mesure, reconnaît cet adversaire du président du Conseil, de contenir la rue, sinon par une amélioration véritable de la situation économique, du moins par le maintien du statu quo. Cette personnalité relève, dans cette optique, que ce n’est pas la récession qui se profile derrière la campagne pour un changement de cabinet, mais bien l’échéance de la présidentielle. C’est à cause de ses positions à ce sujet que Hariri s’expose à être déboulonné, son éventuel remplaçant devant être plus coulant au sujet de la prorogation du mandat présidentiel.
Tout est de savoir, en définitive, quelle va être l’attitude de la Syrie. Prendrait-elle le risque d’une aggravation, au Liban, de la crise économique du fait du départ de Hariri, en vue d’une échéance électorale qui reste encore lointaine ? Sur le plan tactique local, il est évident que le camp qui s’attaque à Hariri ne veut pas avouer que c’est en fonction de la présidentielle, car cela provoquerait de vives divisions internes, politiques ou même confessionnelles. Ce camp préfère donc axer sa campagne, plus habilement, autour du thème porteur, populaire, de la lutte contre la corruption et de la réforme administrative. Il est en principe prévu de ne pas s’en tenir à l’électricité et d’ouvrir d’autres dossiers. Pour mettre Hariri dans l’embarras et tenter de le pousser vers la sortie.
Hariri s’est donc exposé de lui-même en première ligne, en proclamant son rejet de la reconduction du mandat Lahoud. Certains de ses proches lui reprochent dès lors ce qu’ils qualifient de faute tactique. Ils estiment qu’il s’est avancé trop tôt et qu’il aurait dû attendre que les choses soient plus mûres sur le plan de la présidentielle. Il n’aurait pas provoqué la détérioration de ses rapports avec Baabda, et la coexistence pacifique aurait continué sans heurts pendant plusieurs mois. D’autant que le chef de l’État n’a, pour sa propre part, jamais déclaré qu’il souhaite la reconduction.

Émile KHOURY
On reparle avec insistance, dans les cercles politiques, d’un changement de cabinet. Soit en octobre, soit après le vote du budget, à la fin de l’année. Les visiteurs de Damas rapportent pour leur part, à ce sujet, des indications variées. Certains soutiennent que les décideurs souhaitent maintenir le statu quo jusqu’à la fin du présent mandat présidentiel. À cause de...