Baabda-Aley - Aoun se déchaîne contre le Rassemblement de Kornet Chehwane Joumblatt proclame à Dimane son appui à Henri Hélou(photo)

À moins d’une surprise de dernière minute dans la nuit de vendredi à samedi, les candidats à la partielle de Baabda-Aley sont désormais au nombre de trois: Henri Pierre Hélou, qui a déposé hier officiellement sa candidature, Hikmat Dib (aouniste) et Imad Hajj (indépendant).
Entre-temps, les contacts et les concertations se poursuivent à tous les niveaux en prévision des alliances électorales.
Jusqu’à nouvel ordre, M. Hélou est celui qui jouit visiblement de l’appui politique le plus important, car au soutien que lui ont déjà prodigué le Hezbollah, Amine et Pierre Gemayel, Boutros Harb et Nayla Moawad, est venu s’ajouter hier celui du leader druze Walid Joumblatt.
Quant au candidat aouniste, Hikmat Dib, il jouit essentiellement de l’appui des deux députés Farès Souhaid et Mansour el-Bone, de celui de l’ex-député Gabriel Murr et des Forces libanaises.
Premier à avoir proclamé sa candidature, Imad Hajj a effectué hier encore des contacts avec les notables, présidents de municipalités et moukhtars des différentes localités de la circonscription.
De son côté, M. Hélou a obtenu confirmation de l’appui du Parti national syrien social après une visite à son chef, Gebrane Araygi. Il a notamment déclaré à l’issue de l’entretien: «Je suis venu remercier le chef et les membres du parti pour leur soutien à ma candidature, d’autant plus que le PSNS a toujours été présent dans la région de Baabda-Aley. » « Nous avons discuté des idées sur la base desquelles nous mènerons la bataille, et le climat était très positif », a-t-il précisé.
Prenant la parole à son tour, M. Araygi s’est étonné du revirement opéré par le général Michel Aoun qui rejetait autrefois la légalité issue de Taëf « et qui, aujourd’hui, se métamorphose soudain en partenaire de la vie politique ». « On ne peut que se féliciter d’un tel changement d’attitude, mais il aurait peut-être fallu qu’il soit accompagné d’une autocritique », a-t-il ajouté.
Au programme des contacts que Henri Hélou doit encore effectuer aujourd’hui: une visite au parti du Front national libanais présidé par Ernest Karam et une autre au siège du Bloc national, où il sera reçu notamment par le secrétaire général, Joseph Mrad.
De son côté, après avoir entrepris en journée une tournée auprès des édiles de la région, Hikmat Dib s’est rendu en soirée chez l’ancien chef du parti Kataëb, Élie Karamé.

Pas de féodalisme
C’est à Dimane que le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a proclamé son appui « moral et politique » au candidat Henri Pierre Hélou. Il est arrivé vers midi au siège d’été du patriarcat maronite dans la même voiture que Samir Frangié, membre du Rassemblement de Kornet Chehwane. Ils ont été aussitôt reçus par le cardinal Nasrallah Sfeir pour un long entretien qui a été suivi d’un déjeuner auquel le patriarche a convié MM. Joumblatt et Frangié.
Prenant la parole à l’issue de la rencontre avec Mgr Sfeir, le chef du PSP a déclaré sur le perron du patriarcat: « J’ai voulu préciser à Sa Béatitude qu’après le décès du député Pierre Hélou, il n’a nullement été question d’une élection d’office, ni pour moi ni d’ailleurs pour le patriarche lui-même. Que le scrutin ait lieu et que les électeurs choisissent », a-t-il dit avant de poursuivre : « Quant à moi, je n’ai jamais dit que Henri Hélou était mon candidat. J’ai simplement transmis un message à Mgr Sfeir par l’intermédiaire d’Akram Chehayeb, dans lequel j’ai estimé qu’il serait le meilleur choix. Du reste, M. Hélou n’est pas étranger à la région, et ce n’est pas non plus un inconnu. »
Le leader druze a en outre rappelé qu’il ne constituait pas la seule force électorale à Baabda-Aley. « Il y a aussi les Kataëb d’Amine Gemayel et les autres Kataëb, les aounistes, l’émir Talal Arslane, le Hezbollah, etc. D’autre part, il n’y a pas de féodalisme ou une quelconque tutelle dans la région comme certains l’ont prétendu. » « J’appuie moralement et politiquement Henri Hélou, et en définitive, ce sont les urnes qui vont trancher », a-t-il conclu.
En réponse à une question, M. Joumblatt a en outre affirmé qu’avec la collaboration de Samir Frangié, « nous avons éliminé toute éventualité de confessionnalisation de l’opération électorale». «Je profite d’ailleurs de cette occasion pour remercier M. Chakib Cortbaoui qui s’est retiré de la course. De fait, s’il avait décidé de la mener, les gens du pouvoir auraient pu s’impliquer dans une bataille dont nous nous serions bien passés », a-t-il ajouté.
À la question de savoir si sa présence à Dimane en compagnie de Samir Frangié signifiait une réconciliation avec le Rassemblement de Kornet Chewhane, M. Joumblatt a répondu: « Ma relation avec Samir Frangié ne date pas d’hier. Nous avons été en désaccord quelquefois concernant certains sujets politiques, mais peut-être nous retrouvons-nous aujourd’hui à nouveau. Je souhaite ainsi élaborer avec M. Frangié et avec le parti du Renouveau démocratique (présidé par Nassib Lahoud) un document de travail socio-économique. S’il est vrai que nous nous préoccupons actuellement du scrutin de Baabda-Aley, il y a aussi et surtout une dette publique de 32 milliards de dollars à rembourser », a rappelé le chef du PSP.
De son côté, l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, s’est déchaîné contre les membres de Kornet Chehwane, qualifiant leur mentalité de « féodale et loyaliste, pseudo opposante ». Dans une interview à l’hebdomadaire ad-Dabbour paraissant aujourd’hui, le général Aoun s’est étonné du fait que le Rassemblement en question n’ait pas été en mesure de proposer un candidat à la partielle de Baabda-Aley.
Il a ajouté que le Courant patriotique libre a décidé de participer à ce scrutin « pour montrer à l’opinion publique que les élections sont falsifiées ».