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Peu de risques, apparemment, d’un changement ministériel en octobre



Selon un ministre influent, et partant informé, les bruits sur un changement de cabinet en octobre prochain sont tout à fait infondés. Il attribue ces rumeurs à la quête d’intérêts particuliers. Mais aussi, et surtout, au climat de tension que fait régner l’antagonisme entre les présidents de la République et du Conseil. Dont les relations sont de nouveau au plus mal par suite des récentes critiques, à peine voilées, lancées par le régime contre le chef du gouvernement. Ce dernier, du reste en vacances, a décidé comme on sait de faire le dos rond, de laisser passer tous les orages. Mais à partir d’un certain degré d’hostilité à son encontre, il serait bien obligé de réagir. Or si le régime s’abstient, pour sa part, d’attaques personnelles, certains de ses partisans n’hésitent pas à lancer le bouchon très loin. En parlant de dévoiler des scandales mettant en cause, plus ou moins directement, le maître de Koraytem. Dès lors, la plupart des professionnels prévoient qu’au retour de Hariri, actuellement en Sardaigne, la crise relationnelle risque d’aller crescendo. Ce qui signifie que le rendement gouvernemental va être, encore une fois, bloqué. Pour justifier une campagne exigeant son départ.
Mais l’homme propose et les démiurges disposent. Le ministre cité, tout en confirmant que nombre de parties vont chercher à faire sauter Hariri, estime qu’elles ont peu de chances de réussir. D’abord parce que, objectivement, rien n’a changé, la situation étant aujourd’hui semblable à celle qui prévalait avant la formation du présent cabinet. En termes concrets, cela signifie que les décideurs, tout en soutenant la primauté de Baabda, classé ligne rouge infranchissable par leurs soins, pensent toujours que Hariri reste incontournable.
Par son entregent mondial, qui leur sert diplomatiquement. Et par sa force politique intérieure intrinsèque ainsi que par ses capacités économiques. Convaincus donc que l’agitation est inutile, nombre de ministres s’efforcent de parer au risque d’une implosion de pouvoir. En multipliant les démarches de conciliation tant auprès des principaux protagonistes que de leurs bras droits. Il s’agit là d’un effort préventif qui ne prétend quand même pas organiser une véritable réconciliation politique entre les deux pôles présidentiels. C’est ce qu’indique, avec réalisme, le ministre cité, qui précise qu’on peut tout de même éteindre plusieurs incendies naissants. Et faire en sorte que, dans la mesure du possible, des solutions de compromis soient trouvées à certains dossiers litigieux. Pour aller avec la même équipe ministérielle, vaille que vaille, cahin caha, jusqu’à la fin du mandat Lahoud.
La même personnalité gouvernementale, réputée proche de la direction syrienne, répète que Hariri reste résolu à jouer les éponges, qui absorbent les chocs en les amortissant au possible. Le chef du gouvernement, qui a été à deux doigts d’un malentendu grave, pour ne pas dire d’une brouille, avec les Syriens, s’est expliqué avec eux. En se rendant d’abord à Anjar puis en visitant Damas deux fois. Sans omettre, entre-temps, d’aller voir Chirac puis Blair, pour rappeler, incidemment, qu’il garde des amitiés utiles. Pour lui et pour d’autres. Et maintenant, il sait que les Syriens le soutiendront tant qu’il n’adoptera aucune attitude de défi à l’encontre de Baabda ou d’autres parties. Il est donc sur la défensive, pare les coups sans les rendre.
Il a d’ailleurs indiqué ironiquement, avant de prendre des vacances, qu’il veut s’inspirer de l’exemple de Job en matière de patience (sinon de pieuse vertu). Mais Hariri tient quand même à réaffirmer ses positions de base et à s’exprimer sur tout sujet, sans rechercher la polémique. Pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas que son silence soit considéré comme une adhésion à ce qu’on lui impose, d’une part. D’autre part, parce qu’il ne veut pas que ses prédécesseurs lui reprochent de brader l’influence, le prestige de la présidence du Conseil, dont leur commune communauté est dépositaire. Le président du Conseil souhaite poursuivre une politique déterminée, notamment dans le cadre économique, et il s’étonne dès lors qu’on puisse qualifier sa ligne de défaitiste.
Toujours est-il que, selon le ministre influent cité, Damas maintient les messages adressés au pouvoir libanais lors de la formation du présent gouvernement. Une missive qui se résume dans les thèmes connus suivants: éviter les sujets qui fâchent, sauf urgence ou nécessité absolues ; ne pas laisser le climat politique s’envenimer au point d’atteindre la déstabilisation institutionnelle ; tenter, dès lors, de coopérer et d’unifier les positions, en respectant les mécanismes constitutionnels.
Damas ne cesse de répéter qu’il faut respecter avant tout la présidence de la République, en précisant que les prérogatives de la présidence du Conseil ne doivent pas être rognées. Les Syriens, qui n’entrent pas dans le détail, insistent sur le domaine économique, vital pour ce pays, en recommandant que l’on travaille sérieusement au redressement, la main dans la main. Notamment pour élaborer le projet de budget 2004. Enfin, mais on le sait depuis longtemps, les Syriens réaffirment que la situation régionale, par trop délicate, ne permet pas de secousses intérieures politiques et commande qu’on laisse de côté toute rêverie concernant un changement de cabinet.

Philippe ABI-AKL
Selon un ministre influent, et partant informé, les bruits sur un changement de cabinet en octobre prochain sont tout à fait infondés. Il attribue ces rumeurs à la quête d’intérêts particuliers. Mais aussi, et surtout, au climat de tension que fait régner l’antagonisme entre les présidents de la République et du Conseil. Dont les relations sont de nouveau au plus mal par...