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Aventure - Un tour du monde pour connaître les différents visages de l’eau L’escale libanaise des deux frères de La Tullaye riche en rebondissements(PHOTOS)

Un tour du monde pas comme les autres, avec pour thème la découverte des différents visages de l’eau en traversant une quarantaine de pays, c’est l’aventure que vivent actuellement deux jeunes Français, frères de surcroît, Loïc (29 ans) et Geoffroy (25 ans) de La Tullaye. Partis le 1er juillet 2003 de Grenoble, à bord de leur Citroën 2 chevaux, mythique en France, ils ont déjà traversé l’Italie, la Slovénie, la Roumanie, la Turquie, la Syrie (entre autres) et le Liban, leur première grande escale, où ils sont restés 15 jours avec beaucoup de bons et un gros mauvais souvenir...
L’idée de départ, c’était de rompre pendant 14 mois la routine habituelle pour partir à la découverte du monde. Loïc et Geoffroy sont deux frères originaires de Grenoble, mais l’un travaille en France, l’autre en Belgique. Ils ont un troisième frère, qui devait réaliser le projet avec eux, mais il s’est marié entre-temps, et sa femme attend un bébé. « Il est parti pour une autre aventure », lance Geoffroy. Donc, ils ne sont plus que deux à souhaiter « voir du pays » en prenant une pause dans leur vie professionnelle. Mais découvrir le monde coûte de l’argent, et les deux jeunes gens se sont mis à la recherche de sponsors. Le thème choisi pour leur périple étant porteur, la découverte des différents visages de l’eau à travers la planète, ils n’ont pas eu trop de mal à réunir 22 000 euros, même s’il leur en faut au total 34 000. Parmi leurs partenaires, l’aéroport de Paris, deux hôpitaux français, la société allemande KSB, la société Éléphant bleu, l’École supérieure de commerce de Grenoble, la société libanaise Jean Doummar et un parrain célèbre, Jacques Séguéla, qui avait lui-même entrepris un tour du monde en 2 CV, en 1958.

Un an de préparation
et des destinations de rêve
La préparation de l’aventure a pris un an, au cours duquel les deux frères ont mené une activité intensive, chacun à partir du pays où il réside, pour multiplier les contacts et s’informer sur la réalité de l’eau. Si, en France, il n’y a pas un grand problème à ce sujet, puisque les Français lavent leurs voitures avec de l’eau potable, 2 à 3 milliards de personnes souffrent quotidiennement de diarrhée chronique, alors qu’en 2002, il y a eu plus de morts à cause de l’eau qu’à cause de la guerre. Les deux frères ont été ravis d’apprendre que 2003 a été décrétée par l’Onu année internationale de l’eau potable, mais selon eux, il est indispensable de sensibiliser les enfants sur les questions de l’eau. C’est pourquoi, avant de partir, ils ont communiqué avec plusieurs écoles et les élèves pourront ainsi suivre kilomètre par kilomètre leur périple à travers leur site Internet : www.hydrotour.org.
Restait encore des détails techniques à régler, leur passeport français ne les exemptant pas de visas dans certains pays. (Ils ont un peu peur, maintenant pour la traversée de la Libye, bien qu’ils évitent soigneusement d’écouter les nouvelles, pour ne pas être influencés). Mais les deux jeunes gens ont choisi de partir à l’aventure, au vrai sens du terme, dans leur 2 CV munis de leur ordinateur portable et de leur appareil photo numérique. Leur circuit fait rêver : de France au Cameroun, qu’ils doivent atteindre en cinq mois et demi et où ils laisseront leur voiture. Ils s’envoleront ensuite pour l’Amérique latine où ils resteront deux mois, puis ils prendront de nouveau l’avion vers l’Asie, qu’ils ont six mois pour traverser, en empruntant le Transsibérien, avant de rentrer en France. Les jeunes gens ont choisi sciemment de traverser autant que possible des pays francophones, bien qu’ils parlent quatre langues : français, espagnol, anglais et allemand. Mais jusqu’à présent, ils n’ont pas eu de problème de communication avec la population, souvent très accueillante.
En Slovénie, Loïc et Geoffroy se sont arrêtés au village Sveti Peter, où ils ont vu une femme remplir de l’eau à la source, à 22 h. Avec leur caméra, ils l’ont filmée et cela a donné une histoire charmante de retrouvailles des femmes autour de la source... En Roumanie, si l’adduction d’eau à la capitale Bucarest est prise en charge par Véolia (ex-Vivendi international), une compagnie privée, dans la plupart des villages le long du Danube, on boit directement l’eau très polluée du fleuve.
Les deux frères ont aussi traversé la Turquie et la Syrie, découvrant au grand jour la pratique du bakchich à la frontière des deux pays puis à la frontière syro-libanaise. Ils sont arrivés à Beyrouth le 2 août, pleins d’enthousiasme. D’autant que leur sponsor, la société Jean Doummar, avait bien fait les choses, leur réservant une chambre à l’hôtel.
Mais il était dit qu’ils connaîtraient leur plus grosse mésaventure à Beyrouth. Alors que la 2 CV était sagement garée devant l’hôtel, l’un des bus qui desservent (sauvagement) la capitale est venu l’emboutir, la déplaçant de quelques mètres tant le choc était violent. Normalement, le chauffeur du bus aurait dû être déclaré responsable puisque la voiture était garée sans personne à l’intérieur. Mais pistons et puissants appuis aidant, les jeunes gens ont dû payer une partie du montant des réparations, car ils étaient coincés par le temps et devaient repartir le 17 août. Une grande partie de leur séjour libanais a donc été occupée par l’affaire de la voiture, et sans moyen de locomotion, ils sont devenus tributaires de leurs contacts.

Les différents visages
de l’eau au Liban
Mais cela ne les a pas empêchés de se rendre au Sud et dans la Békaa, notamment, ainsi que dans les camps palestiniens et dans les quartiers construits illégalement, donc dépourvus de canalisations officielles, de Bey-routh. Au Sud, dans certains villages, ils ont ainsi constaté que par manque d’information, les habitants – et même certains dispensaires – préféraient consommer de l’eau non chlorée, donc non traitée, sous prétexte qu’elle a un meilleur goût.
Dans la Békaa, ils ont observé les différents types d’arrosage. Les cultivateurs ne payant pas cher l’eau n’auraient, selon ce qu’ils ont vu, aucun souci de l’économiser. Ils utiliseraient donc en grande majorité le système d’arrosage par inondation, alors qu’il serait tellement plus utile d’installer un système d’arrosage au goutte à goutte, qui cible directement la plante au lieu de laisser l’eau s’écouler un peu partout. Mais ce système exige des petites canalisations particulières que les cultivateurs n’ont pas encore envie de construire. Loïc et Geoffroy ont aussi appris que certains projets de l’Union européenne au Liban sont bloqués car les Européens souhaitent les réaliser avec leurs propres sociétés alors que les Libanais préfèrent les leurs. Au hasard de leurs pérégrinations, ils se sont familiarisés avec le bakchich, mais ce qui les a le plus choqués au Liban, outre la malhonnêteté du chauffeur de bus, c’est la manie des gens à tout jeter par terre. Au pays du Cèdre, ils ont en tout cas vu le pire et le meilleur, les différents visages de l’eau, celle distribuée légalement et celle pratiquement volée, les réalisations de l’homme, comme le lac Karaoun et les projets de construction de barrages, et l’eau qui coule simplement vers la mer. Ils auraient voulu rester plus longtemps, mais les impératifs du calendrier sont incontournables. Ils sont repartis dimanche en Syrie, pour deux jours à Damas, avant de se rendre en Jordanie puis en Égypte et de là en Libye, au Niger et au Cameroun. La carte du monde déployée chaque soir, pour faire le point, les fait encore rêver et ils ne réalisent pas vraiment qu’ils sont en plein dans leur projet. S’ils ont voulu se rendre aux sources de la vie, l’eau, aux quatre coins du globe, leur plus grande richesse restera les hommes et les femmes qu’ils rencontrent au hasard des étapes et qui leur donnent, chacun à sa façon, une leçon de vie.

Scarlett HADDAD
Un tour du monde pas comme les autres, avec pour thème la découverte des différents visages de l’eau en traversant une quarantaine de pays, c’est l’aventure que vivent actuellement deux jeunes Français, frères de surcroît, Loïc (29 ans) et Geoffroy (25 ans) de La Tullaye. Partis le 1er juillet 2003 de Grenoble, à bord de leur Citroën 2 chevaux, mythique en France, ils...