Chmestar superstar à Baabda

On s’imagine difficilement Jacques Chirac accueillant à l’Élysée – après leur victoire à ces perles de télévision que sont StarAcademy, le Loft, NicePeople – Nolwenn, Steevy, Serena... Ni George W. Bush ou la reine Beatrix le faire avec leurs alter-ego aux États-Unis ou en Hollande. On s’imagine encore plus difficilement les Bretons tifosi de Nolwenn marcher sur TF1 pour en détruire les locaux au cas où Emma aurait gagné, ni les amis corses de Prosper aller tabasser le rital Raimondo ou saccager l’ambassade d’Italie parce que Serena a été la moins crétine des NP.
Au Liban, il suffit de demander.
Les Chmestariens en furie parce que Melhem a perdu. Les Chmestariens en furie devant le temple haririen de l’image et du son – Hussein Husseini aime-t-il le petit lait ? Roueïda la Syrienne et Diana la Jordanienne bousculées, tombées dans les pommes. Les communautés se déchirent sur l’autel du Top50 libanais, les passions s’exacerbent, le chauvinisme le dispute à un zeste de xénophobie, comme si cette pauvre Roueïda était de près ou de loin l’instigatrice ou l’égérie de l’insupportable tutellisation du Liban par la Syrie. Pathétique Libanais que nous sommes, lavés du cerveau par nos dirigeants au détergent ultraconfessionnel. Et tellement mauvais perdants, en sus...
Au Liban, il suffit de demander.
Melhem Zein a été reçu hier avec toute sa famille par l’homologue libanais des Chirac et autre Bush. Émile Lahoud a même félicité l’apprenti Aznavour malheureux pour son parcours dans Superstar, et pour le soutien – visiblement inutile – qu’il a reçu de la part des spectateurs libanais et arabes. Le chef de l’État a même salué les capacités vocales de l’artiste, son charisme exceptionnel, ses jolies performances... Melhem n’a pas donné de récital privé à Baabda, mais il a remercié son illustre hôte pour son initiative et lui a promis – louable intention – de consacrer ses cordes vocales au Liban et à ses nobles et justes causes.
Reste à espérer pour nos frères jordaniens, après la victoire de leur Diana, de ne pas se réveiller demain avec les chars syriens aux portes de Amman.
Surtout que la jeune Roueïda avait, paraît-il, une très jolie voix.

Z.M.