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Corruption, gouvernement, présidentielle : la guerre de Troie a commencé

Le pouvoir vient à peine de liquider (incomplètement d’ailleurs) le dossier de l’électricité, en lui consacrant plus d’une séance et voici que s’ouvrent d’autres dossiers explosifs. Dont celui des déchets et de leur ramassage, marqué par le préavis de six mois signifié à Sukleen pour la résiliation de son contrat avec les municipalités. On annonce, comme substitut, une adjudication internationale. Et en attendant, les communes devront traiter elles-mêmes leurs ordures.
L’opposition s’étonne qu’on fasse éclater un tel pétard aujourd’hui. La rupture avec Sukleen lui semble improvisée. Car le ministère de l’Environnement n’en a pas été avisé, pour étudier la situation sur le terrain. Selon des observateurs, le divorce avec la société spécialisée est approuvé ou même initié par le pouvoir politique. Dans le temps, cela avait été un peu la même chose pour les deux compagnies de cellulaire et il en a coûté gros à l’État comme indemnisations. L’expérience risque de recommencer avec Sukleen, objet d’une campagne de critiques virulentes lors de l’avènement du présent régime. On avait alors gelé des fonds destinés à cette société et ils n’avaient été débloqués qu’avec le retour au pouvoir de Hariri. En tout cas, aucun ministre n’était au courant de ce qui avait été décidé pour Sukleen, car tous les regards étaient braqués sur l’EDL et ses problèmes. Ou plutôt les problèmes des Libanais, privés de courant. Le Conseil des ministres, qui a organisé un sursis, doit reprendre le dossier de l’électricité le 4 septembre. On n’a pas attendu de solution définitive, ou durable, pour faire éclater la bombe des déchets. Projet qui s’est attiré les protestations du premier concerné, le ministre de l’Environnement. En effet, Farès Boueiz n’a pas manqué de souligner qu’on risque une crise sérieuse, qu’il fallait se donner le temps d’étudier les mesures à prendre et d’équiper les municipalités, dont la plupart n’ont plus de services de voirie. Sans compter qu’il faut prévoir des terrains pour l’enfouissement des ordures et des installations pour leur éventuel recyclage. Mais le gouvernement a choisi une autre option : diviser le pays en quatre zones (Beyrouth et la montagne ensemble, le Nord, la Békaa et le Sud) pour qu’il n’y ait pas de monopole au niveau des futurs concessionnaires. Un choix très peu pratique, ont souligné nombre de ministres. Ajoutant que Sukleen, qui a l’expérience, pourrait sans doute emporter l’adjudication principale, celle de Beyrouth et de la montagne. Ensuite, les municipalités des autres régions, moins fortunées, auraient probablement des problèmes avec les sociétés adjudicataires sur les forfaits et les services. Dont la qualité serait évidemment moindre.
L’ancien ministre de l’Environnement, Akram Chéhayeb, rappelle pour sa part un facteur important de crise, l’inexistence d’incinérateurs en nombre suffisant. Le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, s’est opposé à la division en quatre régions, en suggérant que les cazas se chargent du problème à leur niveau, plus étendu et plus capable que celui des municipalités. Surtout quand celles-ci ont peu de moyens. Reste le débat politique véritable : l’enjeu de ces nouveaux tiraillements. C’est assez clair, estiment en chœur les professionnels : dans la perspective de la présidentielle, le sort de l’actuel cabinet se trouve dans la balance. Pour ainsi dire, c’est à qui sortirait l’autre. Et l’instrument choisi, ou le prétexte de base si l’on préfère, c’est la lutte contre la corruption. Qui mène tout droit à des dossiers explosifs. Dont le pays économique devrait, le tout premier, faire les frais. Car une bataille ouverte si prématurément, et qui va donc durer pendant des mois, signifie la perte de tout espoir de redressement économique. Et financier.

Philippe ABI-AKL
Le pouvoir vient à peine de liquider (incomplètement d’ailleurs) le dossier de l’électricité, en lui consacrant plus d’une séance et voici que s’ouvrent d’autres dossiers explosifs. Dont celui des déchets et de leur ramassage, marqué par le préavis de six mois signifié à Sukleen pour la résiliation de son contrat avec les municipalités. On annonce, comme...