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EDL - La garantie de l’État sollicitée par le secteur privé Négociations en cours pour un prêt bancaire à l’EDL(photo)

La décision du Conseil des ministres d’autoriser l’EDL à contracter un prêt bancaire privé, pour financer l’achat de carburant, a été au centre d’une réunion, hier matin, entre le Premier ministre et le président de la Chambre, Nabih Berry. Les négociations en cours au sujet de cette question n’aboutiront pas avant quelques jours, a-t-on affirmé hier de source ministérielle, mais le voyage en Sardaigne de M. Rafic Hariri ne les entravera pas. Il sera toujours possible d’entrer en contact téléphonique avec lui, dans les contacts multilatéraux nécessaires à la conclusion d’un tel accord, a-t-on ajouté.
Le prêt bancaire de l’EDL devra être garanti par l’État, et le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, est activement engagé dans ces négocations, confirme-t-on de diverses sources concordantes.
Selon la source ministérielle citée, il n’est pas question de laisser s’installer un climat de panique parmi la population et de laisser croire que l’accord entre l’EDL et les banques est aléatoire.
Certes, a-t-elle reconnu, cet accord a des chances de ne pas aboutir, mais l’État ne permettra pas que l’alimentation du Liban en courant électrique y soit exclusivement suspendue. En cas d’échec, d’autres solutions seront envisagées et quitte à maintenir un certain taux de rationnement, il n’est pas question de laisser le Liban sombrer dans l’obscurité.
Cela dit, les réactions au dossier de l’électricité se sont poursuivies hier. L’un des meilleurs connaisseurs de la question, l’ancien ministre de l’Énergie Mohammed Beydoun, est intervenu en appelant au réalisme et en proposant que l’EDL donne aux abonnés en contravention un délai pour se mettre en règle. « Aucun magistrat n’aura le cœur de condamner à trois ans de prison un homme qui aurait effectué un branchement illicite, a-t-il estimé, et il est préférable de donner aux Libanais en situation illégale un délai pour se mettre en règle. »
Du reste, a commenté hier un observateur, les prisons libanaises, déjà saturées, ne pourraient accueillir tous ces nouveaux pensionnaires...
Pour M. Beydoun, l’office doit prendre l’initiative de donner aux Libanais un délai pour se mettre en règle, sous menace d’un recours aux forces de l’ordre. Le coût du courant volé ou impayé s’élève à près de 300 milliards de livres par an, somme qu’il est possible de rassembler par divers moyens : économie d’énergie, collecte de factures, installations de compteurs et élimination des branchements illégaux.
Selon l’ancien ministre, qui s’est montré à cet égard optimiste, les banques privées sont capables d’assurer à l’EDL les fonds nécessaires pour combler son déficit, soit environ 100 millions de dollars sur deux ans, et si l’EDL met de l’ordre dans la collecte des factures, elle est capable de rembourser ces sommes.

Sortir du cercle vicieux
Le PSP, pour sa part, a fait paraître un communiqué dans lequel il a préconisé des solutions pour sortir l’EDL de son cercle vicieux déficitaire.
Selon le Parti socialiste progressiste, la réputation de mauvais payeur de l’EDL a contribué, à sa manière, à aggraver le gaspillage de ses ressources. En effet, cette réputation a réduit le nombre des compagnies disposées à lui vendre du fuel à crédit et leur a donné l’occasion d’imposer leurs prix. Par ailleurs, le recours occasionnel, en temps de crise, à l’achat de carburant sur le marché local, a contraint l’EDL à se porter acqué- reur à un prix supérieur aux tarifs pratiqués au cours des adjudications.
Ainsi, paradoxalement, moins l’EDL peut faire face, financièrement, à ses besoins, plus elle s’enfonce dans le cercle vicieux du gaspillage et de l’endettement. Une saine politique énergétique, jointe à une politique financière rationnelle, voudrait donc que l’État, au nom du principe de solidarité des institutions, donne l’impression qu’il accorde à l’office son plein appui, et non pas qu’il le « lâche », comme certaines agences étrangères ont pu l’écrire.
L’État, commentait un observateur, sous prétexte d’alarmer les fraudeurs, a commis une énorme faute psychologique en laissant croire que l’EDL serait abandonnée à son sort, et les Libanais avec elle.
Pour le PSP, l’EDL peut et doit faire un effort pour améliorer la collecte de ses factures, notamment auprès des administrations et établissements publics, comme les offices d’eau (qui lui doivent 240 milliards de livres), ainsi qu’auprès de « certains puissants », et pénaliser toutes les irrégularités.
Il reste qu’une fois obtenu le prêt bancaire, l’office devra affronter un énorme conflit de priorités dans le remboursement de ses dettes.
En effet, et comme l’a révélé le rapport soumis au Conseil des ministres mercredi, par l’EDL, le prélèvement direct par le ministère des Finances de la valeur des arriérés des administrations officielles pour les années passées, considérés comme règlement des avances du Trésor accordées précédemment, affecte négativement le flux de liquidités de l’office.
L’EDL affirme avoir ainsi réglé au cours des années 2002 et 2003 deux avances du Trésor d’une valeur respective de 30 et 15 milliards de LL.
Par ailleurs, les factures d’éclairage public des municipalités ne sont pas réglées par ces dernières, sous prétexte que leur montant est considéré comme un règlement par l’EDL de la taxe municipale pour la période antérieure à 2002, année du remplacement de cette taxe par la TVA, sachant que les arriérés des municipalités pour la seule année 2002 sont de 23 milliards de livres.
Enfin, entre le 1er février 2002, date de l’entrée en vigueur de la TVA, et le 30 juin 2003, l’EDL a réglé 83 milliards de livres sous forme de TVA, ce qui a affecté de façon significative son flux de liquidités.
Une simple addition montre donc que, depuis février 2002, l’EDL a réglé soit directement, soit sous forme de factures impayées, soit encore sous forme de TVA, 151 milliards de livres, ce qui représente l’équivalent de l’avance du Trésor ou du prêt bancaire que l’office réclame pour continuer de nous éclairer jusqu’à la fin de l’exercice budgétaire actuel.
La décision du Conseil des ministres d’autoriser l’EDL à contracter un prêt bancaire privé, pour financer l’achat de carburant, a été au centre d’une réunion, hier matin, entre le Premier ministre et le président de la Chambre, Nabih Berry. Les négociations en cours au sujet de cette question n’aboutiront pas avant quelques jours, a-t-on affirmé hier de source...