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LIBAN-SUD - Israël demande aux Européens de faire pression sur le Hezbollah La tension baisse, mais l’état d’alerte demeure de rigueur

La tension militaire entre le Liban et Israël est en train, visiblement, d’aller decrescendo. Sauf que l’état d’alerte est toujours de rigueur, et on surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre la terre, le ciel, mais aussi la mer – et c’était hier assez ostentatoire. C’est d’ailleurs ce qui a poussé l’ambassadeur d’une grande puissance accrédité à Beyrouth à dire que si la situation est globalement maîtrisée, il n’en reste pas moins que cela peut se rallumer d’un moment à l’autre « à cause de l’insistance du commandement militaire israélien à poursuivre les violations de l’espace aérien libanais ». Ce qui provoquerait une riposte de la part du Hezbollah et d’éventuels dommages collatéraux sur une colonie ou une autre. Ce qui, à son tour, provoquerait une réponse israélienne bien plus violente que celle du week-end dernier.
Des sources autorisées citées par notre correspondant au palais Bustros ajoutent que le Liban, qui surveille de plus en plus minutieusement, donc, les activités militaires israéliennes, a reçu certaines informations diplomatiques qui confirment la fermeté de la riposte de l’État hébreu en cas de nouvelle attaque hezbollahie. Surtout si celle-ci entraîne morts et blessés, comme à Shlomi il y a trois jours.
Tout cela sachant que des pays amis ont vivement conseillé au Liban de tenir compte des desseins israéliens. Avec en toile de fond, la campagne diplomatique de Tel-Aviv, qui ne s’est pas seulement cantonné, comme d’habitude, à Washington. Washington qui s’était empressé de demander à Beyrouth et à Damas de neutraliser le Hezbollah, en accusant ce dernier d’avoir « délibérément » ouvert le feu contre la localité de Shlomi et en oubliant que ces tirs étaient une réponse aux violations de l’espace aérien libanais.
Ainsi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, ne s’est pas contenté de s’entretenir avec le secrétaire d’État US, Colin Powell. Il est entré en contact avec, entre autres, ses homologues français, Dominique de Villepin, allemand, Joshka Fisher, et espagnole, Ana Palacio, et leur a successivement réitéré sa condamnation de la Syrie, qu’il a accusée d’avoir approuvé l’attaque du Hezbollah, vendredi dernier, contre les fermes de Chebaa. Il leur a également demandé d’user de leur influence pour faire pression sur le parti intégriste.

Le retour des prisonniers
israéliens
« J’ai parlé avec plusieurs responsables européens, notamment d’Allemagne, d’Espagne et du Danemark – et nous avons aussi reçu une réponse des Français –, pour leur demander d’agir sur les parrains du Hezbollah, la Syrie, le Liban et l’Iran, afin qu’ils stoppent l’escalade », a affirmé le chef de la diplomatie israélienne, qui se trouve actuellement en Suisse. « J’ai aussi dit aux Européens qu’ils doivent avoir une attitude plus équilibrée pour pouvoir être associés au processus de paix », a-t-il ajouté. Sylvan Shalom, qui a également demandé à Berne d’intervenir pour le retour en Israël de ses soldats prisonniers – ou de leurs corps –, disparus ou enlevés au Liban, faisait hier écho au président israélien, Moshe Katzav, qui a estimé qu’« il faudrait que les Européens suivent l’exemple des États-Unis, du Canada et de l’Australie, et usent de leur influence pour que le Hezbollah mette fin à ses agressions ».
Les sources autorisées précitées ont toutefois revu à la baisse les menaces israéliennes de convocation urgente du Conseil de sécurité afin d’examiner la plainte de l’État hébreu. Qui se contenterait, pour l’instant, de la plainte qu’il a déposée et qu’il a distribuée aux membres du Conseil de sécurité. D’ailleurs, le palais Bustros n’a reçu aucune information assurant du contraire, que ce soit de la délégation libanaise au palais de Verre ou par quelque canal diplomatique que ce soit.
Il n’empêche, le Liban a lui aussi déposé une plainte visant à attirer l’attention du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, sur « les nombreuses et dangereuses provocations, violations et autres agressions qu’Israël multiplie quotidiennement, par terre, air ou mer ; autant de gifles assénées ostentatoirement à la résolution 425 et à la ligne bleue ; autant de menaces contre la stabilité de la région ». Il est également fait mention, dans la lettre de plainte, aux survols à très basse altitude, dans la nuit de dimanche à lundi, de la capitale par la chasse israélienne, ainsi qu’à la grande panique que les bangs ont générée chez les Beyrouthins.
La plainte fait également mention d’agressions « délibérées, voulues, programmées et perpétuelles » de la part d’Israël, et souligne, évoquant les actions de la résistance, que ce sont « de pures réactions à la réalité de l’occupation, ainsi qu’aux violations israéliennes continues, qualifiées par des rapports en provenance du secrétariat général de l’Onu de provocatrices ». Dans sa plainte, le Liban fait valoir en outre que les actions de la résistance libanaise « ne visent que des cibles militaires israéliennes à l’intérieur de territoires libanais occupés ». De plus, Beyrouth a appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux agressions d’Israël contre le Liban.
Les sources en question indiquent à ce sujet qu’aucune réaction à cette plainte en provenance de New York et des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité n’a encore été enregistrée. Signalons d’ailleurs que le locataire du palais Bustros a demandé à ce que la plainte libanaise soit également distribuée à l’ensemble des pays arabes, après qu’une copie eut été envoyée hier au secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa.
La tension militaire entre le Liban et Israël est en train, visiblement, d’aller decrescendo. Sauf que l’état d’alerte est toujours de rigueur, et on surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre la terre, le ciel, mais aussi la mer – et c’était hier assez ostentatoire. C’est d’ailleurs ce qui a poussé l’ambassadeur d’une grande puissance accrédité à Beyrouth...