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Summer Storm*

Une flambée d’été. Sharon en appelle à l’Onu ! Il ordonne à son armée de faire acte de présence, certes. Mais d’éviter l’escalade. Pourquoi cette soudaine timidité ? La première réponse qui vient à l’esprit se rapporte à la pression de retenue US. Certaine, et certainement efficace. Mais l’on peut aussi penser à deux autres petites raisons, moins évidentes ou moins avouables :
– D’abord, et Sharon ne l’ignore pas, il existe un langage, un ordre de marche qui régit depuis 1948 le conflit israélo-arabe. Malgré la haine, malgré le sang, malgré la guerre (les guerres plutôt), il est rare que les protagonistes outrepassent ce code crypté. Dont le jargon est archi-éculé : les lignes rouges, les messages, les trêves ou arrangements tacites. Et surtout, les paliers, également connus sous le label militaire ou diplomatique de ripostes graduées. Qu’on se souvienne, entre autres exemples de cet étrange dialogue, de la guerre d’usure menée par Nasser sur le Canal.
La toute première règle de ce jeu mortel est de reconnaître à l’ennemi attaqué un droit de rétorsion. Dans les limites du préjudice subi. Le 2 août, Israël, qui ne s’en cache pas, a assassiné un cadre du Hezbollah, Ali Saleh, dans la banlieue sud. Le parti a donc pu user de son droit de riposte. S’il y a eu réaction israélienne sur le terrain, comme dans les cieux, c’est pour que la vague de revanche libanaise n’aille pas trop loin. Mais également pour instiller un trouble d’ordre psychologique entre le Liban officiel, soucieux d’éviter la guerre, et un Hezbollah qui aurait pu être tenté de se laisser porter par un élan guerrier. L’objectif israélien, il faut le souligner, a été en partie atteint. La preuve en étant qu’il n’y a pas eu d’enchaînement dans le cycle de violence menant à une explosion. Perturbatrice pour tous.
– La deuxième motivation de Sharon est qu’il ne veut pas la paix. Donc, il ne veut pas la guerre. Paradoxe ? Pas tellement. Car l’homme sait d’expérience, à ses dépens si l’on peut dire, que la guerre mène, tôt ou tard, à une solution imposée. Peut-être pas immédiatement, à chaud, mais à terme, sûrement. Si les Israéliens n’avaient pas pris le Sinaï en 67, jamais Begin n’aurait serré la main de Sadate. Et, en ce qui concerne Sharon, s’il n’avait pas balayé en 82 l’État dans l’État créé au Liban par Arafat, jamais les accords d’Oslo n’auraient été signés. Aujourd’hui, Sharon veut s’interdire de provoquer la Syrie. Pour que lui-même ou ses successeurs n’aient pas à rendre le Golan un jour ou l’autre. Ou, à tout le moins, pour qu’Israël puisse garder la rive gauche du lac de Tibériade. Et pour qu’aux prochaines élections, le Likoud n’en prenne pas pour son grade.
Jean ISSA

* titre attribué en France à ce film, bien avant celui de Costa Gavras: L’Aveu (sic !). Douglas Sirk, 1944.
Une flambée d’été. Sharon en appelle à l’Onu ! Il ordonne à son armée de faire acte de présence, certes. Mais d’éviter l’escalade. Pourquoi cette soudaine timidité ? La première réponse qui vient à l’esprit se rapporte à la pression de retenue US. Certaine, et certainement efficace. Mais l’on peut aussi penser à deux autres petites raisons, moins évidentes ou...