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GÉOLOGIE - Des chercheurs libanais et français étudieront à partir de demain les failles tectoniques maritimes Campagne océanographique pour sonder les fonds marins (photos)

D’aucuns pensent qu’il n’est pas de bon ton d’évoquer les risques sismiques au Liban, au moment où un violent tremblement de terre de magnitude 8 sur l’échelle de Richter vient de secouer l’île Hokkaïdo au Japon. Et pour cause : une telle information risque d’effrayer la population, qui a pu voir sur le petit écran les images – pas très rassurantes, il faut le dire – du séisme qui s’est produit au Japon. Parler des risques sismiques au Liban alors que les images de Hokkaïdo défilent encore sous nos yeux peut cependant revêtir un aspect positif, puisque ces propos peuvent et doivent sensibiliser les autorités sur la nécessité d’exiger que les constructions au Liban respectent les normes parasismiques qui limitent au minimum les dégâts lorsque la terre tremble sous nos pieds. C’est d’ailleurs un vibrant appel en ce sens que le secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), Mouïn Hamzé, a lancé hier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle la campagne océanographique franco-libanaise, destinée à sonder les fonds marins pour analyser les risques sismiques, a été annoncée.
Entièrement financée par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, Ifremer, cette campagne, appelée Shalimar (Seismic Hazard au Liban et chevauchements sous-marins), commencera demain au large des côtes libanaises et sera précédée aujourd’hui de la signature d’un accord de collaboration scientifique entre le CNSR et Ifremer. Des chercheurs de ces deux organismes ainsi que de l’Institut de physique du Globe de Paris (17 au total) passeront près d’un mois à bord du navire de l’Ifremer, Le Suroît, qui mouille depuis jeudi soir au port de Beyrouth pour établir une carte géologique des fonds marins afin de déterminer les failles existantes et étudier les mouvements sismiques sous-marins, a expliqué M. Hamzé au cours de la conférence de presse.
Trois officiers de la marine devront également s’associer à tour de rôle à cette mission pour améliorer leurs capacités de navigation. Le Centre de recherches maritimes de Batroun doit aussi profiter de cette expédition pour développer ses connaissances de la flore et de la faune maritimes au large des côtes libanaises, grâce au prélèvement d’échantillons à des profondeurs jamais atteintes jusque-là, nous explique le directeur du centre, Gaby Khalaf.
Entouré notamment de MM. Jean-Noël Baléo, attaché de coopération à l’ambassade de France, Alexandre Sursock, directeur du Centre national de géophysique relié au CNRS, et Élie Jarmach, directeur des relations internationales à Ifremer, M. Hamzé a expliqué que les négociations ont commencé depuis trois ans avec les centres spécialisés français, à travers l’ambassade de France, pour commencer des études sur les sites des failles au large des côtes libanaises.
Jusqu’à présent, les études sismiques effectuées également par les experts du centre de géophysique du CNRS et de l’Institut de géophysique de Paris ont porté sur les failles terrestres et plus particulièrement sur celle de Yammouneh, qui prend son origine dans la mer Morte et traverse le Liban jusqu’à la Turquie. Elles ont aussi porté sur ses ramifications.
Les données qui seront recueillies en milieu marin doivent compléter l’étude terrestre et permettre d’évaluer les risques sismiques, notamment le tremblement de terre du millénaire. « Les découvertes actuelles suggèrent en effet qu’un grand système de chevauchement de plaques sous-marines s’enfoncerait vers le Sud-Est sous la montagne, coupant le fond marin entre Tripoli et Saïda, à seulement 10 ou 20 kilomètres au large de Jounieh », explique un communiqué du CNRS.
Le Liban, comme on le sait, se situe dans la région qui délimite les bords des deux plaques tectoniques d’Arabie et d’Afrique, dont le mouvement n’est pas cependant rapide et très fort, et qui provoquent un tremblement de terre quand elles s’entrechoquent.
L’étude effectuée sur la faille de Yammouneh a révélé de nombreuses données qui ont permis de retracer l’historique des secousses qui se sont produites depuis des milliers d’années sur cette fracture, mais qui sont restées incomplètes.
Au cours des cinq dernières années, les centres de géophysique dans la région ont enregistré un grand nombre de petits tremblements de terre de magnitude 3 à 4 sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre se trouve en mer, a ajouté M. Hamzé. « Mais nous ne savons rien de cette faille », a-t-il encore dit.

Un objectif strictement
scientifique
Il a insisté sur le fait que l’objectif de la campagne océanographique est strictement scientifique et vise à accroître les connaissances des chercheurs et des experts en géophysique, grâce à l’établissement d’une carte des fonds marins, en sondant les profondeurs jusqu’à 2500 m, mètres, avec une résolution de 25 cm, même si Le Suroît peut aller jusqu’à 6 000 mètres. Il ne s’agit donc nullement de déterminer la date à laquelle un violent tremblement de terre risque de secouer le pays puisque aucun État n’a pu jusqu’à présent prévoir une secousse tellurique.
Selon les explications de M. Hamzé, c’est la deuxième mission du genre qui est effectuée dans la région. La première a eu lieu dans la mer de Marmara, au sud de la Turquie. Il y a quelques mois, Le Suroît avait jeté l’ancre face aux côtes algériennes pour en examiner les fonds marins après le tremblement destructeur dans ce pays. MM. Hamzé et Jarmach ont tous deux insisté sur le fait que même si Le Suroît avait entrepris sa mission avant la secousse tellurique, il n’aurait pas pu la prévoir.
Le seul moyen de lutter contre un tremblement de terre est de s’assurer que les constructions sont conformes aux normes parasismiques. Au Liban, un séisme de même magnitude que celui de Hokkaïdo aurait provoqué un véritable cataclysme, la plupart des constructions n’étant pas conformes aux normes parasismiques. Côté officiel, aucune mesure n’est malheureusement envisagée pour remédier à cette lacune. Au terme de la conférence de presse, une visite guidée du navire français, au port de Beyrouth, a été organisée.
Prochain rendez-vous: le 27 octobre pour un nouveau point de presse sur les résultats de l’expédition.
T.A.
D’aucuns pensent qu’il n’est pas de bon ton d’évoquer les risques sismiques au Liban, au moment où un violent tremblement de terre de magnitude 8 sur l’échelle de Richter vient de secouer l’île Hokkaïdo au Japon. Et pour cause : une telle information risque d’effrayer la population, qui a pu voir sur le petit écran les images – pas très rassurantes, il faut le...