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Justice - Le général en exil réclame la démission de Adnane Addoum Aoun appelé à comparaître le 3 octobre devant les tribunaux

La procédure judiciaire contre l’ancien chef de gouvernement de transition, le général Michel Aoun – poursuivi pour avoir « troublé les relations du Liban avec un pays étranger », en l’occurrence la Syrie, pour avoir porté atteinte « à l’image de l’État et à l’unité nationale » et accusé d’« avoir tenu des propos mensongers, à caractère confessionnel, et usurpé le titre de chef de gouvernement » à la suite de son discours au Congès américain dans le cadre du Syria Accountability Act – se poursuit. Hier, le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, a reçu le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, contre le général. M. Madi a fixé la date de la première audience du dossier au 3 octobre prochain. Aussi a-t-il adressé une notification au général Aoun pour le convoquer à la séance, par l’intermédiaire de l’ambassade du Liban à Paris.
Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, le général Aoun, actuellement en visite à Washington, a réclamé la démission de M. Addoum comme condition pour comparaître devant la justice. « Il n’y a pas de justice au Liban. La justice y est politisée. Si le procureur général démissionne, je penserai peut-être à comparaître devant la justice. Je réclame sa démission, seule initiative capable de rendre un peu de crédibilité et d’intégrité à la justice. Et il faut que la justice cesse d’être un instrument d’oppression », a-t-il affirmé. Et de poursuivre, concernant la campagne menée contre lui : « De toute façon, je n’ai à me justifier devant personne. Personne n’a lu mon discours. Ceux qui m’attaquent ne l’ont sûrement pas lu. Ce sont des moulins à mensonges. Mais le grand problème reste l’inexistence de la justice au Liban. De toute façon, il n’y a même plus d’État. Il n’y a plus que des pôles d’influence. »
Par ailleurs, les poursuites contre l’ancien Premier ministre ont continué à susciter des réactions dans les milieux politiques.
Le Parti national libéral (PNL) a rejeté le « terrorisme moral et intellectuel pratiqué par le clan des moutons de Panurge et ses mercenaires, qui insultent et menacent à coup de slogans à chaque fois qu’un opposant ose user de son droit à la liberté d’expression, exprimer ses convictions et s’opposer à l’état de fait ».
« Nous savons quels sont les objectifs de ces gens-là, qui se cache derrière eux et pourquoi ils cherchent à faire taire toutes les voix qui s’opposent à l’hégémonie syrienne sur la décision nationale et à répandre l’idée selon laquelle cette hégémonie est cautionnée par les Libanais, toutes tendances confondues », alors qu’à l’inverse, la grande majorité des citoyens dénonce la présence syrienne, a-t-il indiqué. « Ils cherchent à conserver leurs postes, leurs privilèges et à assurer leurs intérêts, même s’ils doivent, à ces fins, détruire ce qui reste comme éléments, virtuels, de souveraineté, d’indépendance », a poursuivi le PNL.
« Ce n’est pas la première fois que Michel Aoun est sujet à des menaces, concernant notamment l’ouverture d’un dossier judiciaire. Des campagnes semblables à celle à laquelle il fait face pour avoir exprimé ses opinions ont visé également des dignitaires religieux, à l’instar du patriarche Sfeir, de l’Assemblée des évêques maronites, du métropolite Élias Audeh et des personnalités ou des partis politiques, comme le Rassemblement de Kornet Chehwane. Ils ont tous été la cible des calomnies », a-t-il ajouté, en réclamant le retrait des forces syriennes et la fin des ingérences militaires, sécuritaires et politiques de Damas dans la vie politique libanaise.

Sabounji : Ôter à Aoun
sa nationalité
D’autres voix se sont élevées pour qualifier les poursuites contre Aoun de « politiques par excellence », à l’instar de l’ancien député et membre de Kornet Chehwane, Camille Ziadé, qui a déploré l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
M. Ziadé a précisé que le général Aoun avait le droit d’exprimer son opinion dans le cadre de son action politique, un droit qui est garanti par le régime démocratique libanais. « Un régime auquel les Libanais sont attachés, et que le pouvoir cherche à détruire. Un pouvoir qui émet des jugements à caractère politique contre les opposants de l’intérieur et de l’extérieur alors qu’il est incapable de mettre en application des dizaines de jugements à l’encontre de ceux qui sévissent en toute liberté sur le territoire libanais et qui sont réfugiés à l’intérieur d’îlots sécuritaires », a-t-il indiqué.
Des idées reprises par l’avocat Ibrahim Kanaan, qui a estimé que le pouvoir n’avait rien appris des expériences du passé. Estimant que le général Aoun avait le droit d’exprimer ses opinions, M. Kanaan a indiqué : « Si cette initiative cherche, comme toutes celles qui ont précédé, à éloigner le général Aoun des Libanais, c’est peine perdue : elle n’a fait que le rapprocher encore plus de la réalité du peuple, qui refuse de tels agissements. »
Pour sa part, le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt, a estimé que Michel Aoun était « un projet du passé » et qu’il s’agit d’une « question politique ». « La justice ne doit être saisie qu’en dernier recours » dans cette affaire, a-t-il ajouté. M. Joumblatt a par ailleurs qualifié le slogan des « meilleures relations avec la Syrie », qui est le propre de certains opposants, de « sombre et nécessitant une interprétation ».
Enfin, le mufti de Tripoli, cheikh Taha Sabounji, a qualifié Michel Aoun d’« ordure » et d’« être étrange » : « Il faut prendre des mesures contre lui, non pas en le convoquant au Liban, mais en l’empêchant de remettre les pieds sur le territoire libanais. Il est du devoir du pouvoir libanais d’édicter une loi pour lui ôter la nationalité libanaise qu’il ne mérite pas. »
La procédure judiciaire contre l’ancien chef de gouvernement de transition, le général Michel Aoun – poursuivi pour avoir « troublé les relations du Liban avec un pays étranger », en l’occurrence la Syrie, pour avoir porté atteinte « à l’image de l’État et à l’unité nationale » et accusé d’« avoir tenu des propos mensongers, à caractère confessionnel, et...