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Beyrouth porte plainte à l’Onu et se réserve le droit de convoquer le Conseil de sécurité

«Est-ce que Washington se décidera à intervenir et hâter la désescalade au Liban-Sud, avant qu’il ne soit trop tard ? La maîtrise de soi demandée par les États-Unis au Liban et à Israël restera vœu pieux ? Les Américains ne pensent-ils pas que c’est l’État hébreu qui a commencé l’escalade en assassinant Ali Saleh, le cadre du Hezbollah tué il y a plus d’une semaine dans la banlieue sud ? » Selon des sources autorisées au palais Bustros, citées par notre correspondant Khalil Fleyhane, toutes ces questions ont été au centre des préoccupations des hauts responsables, qui se sont penchés sur la situation sur le terrain et les menaces et autres mises en garde à l’encontre de Beyrouth (et de Damas) qui ont suivi, qu’elles aient été israéliennes ou américaines.
Il n’empêche, selon d’autres sources généralement bien informées, aucune volonté d’escalade n’est prévue en ce moment au programme ; comme il n’existe pas pour l’instant des signes montrant des velléités israéliennes de s’en prendre aux intérêts économiques du Liban sur le territoire libanais. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur US Vincent Battle fera aujourd’hui ou demain la tournée des dirigeants libanais pour leur répéter la position de son Administration et pour leur demander, une nouvelle fois, de « contrôler au maximum » le Hezbollah.
Pour en revenir aux responsables libanais, il leur semblerait, selon les sources diplomatiques en question, qu’Israël – qui a bien haussé le ton de ses menaces – ne se contentera pas d’une riposte militaire contenue à l’attaque menée hier par le parti intégriste. L’État hébreu a eu recours à l’Onu (en présentant une lettre de plainte) non pour s’y référer et demander au Liban de contrôler la situation, mais pour exiger de ce dernier comme de la Syrie de neutraliser le Hezbollah. Et ce qui les a frappés, ce sont les propos tenus par l’ambassadeur israélien au palais de Verre, Danny Gillerman, qui a envisagé de demander une réunion urgente du Conseil de sécurité, après avoir fait écho à son ministre de tutelle, Sylvan Shalom. Lequel avait affirmé que si les ressortissants israéliens étaient atteints par les tirs du Hezbollah, son pays « devra les défendre » et qu’ « il valait mieux pour le Liban et la Syrie de ne pas nous mettre en demeure de le faire ».
Toujours selon les sources autorisées au palais Bustros, le recours par Israël à l’Onu (l’État hébreu qui estime, nonobstant son occupation permanente des fermes de Chebaa, qu’il a appliqué la 425 depuis trois ans) vise non seulement à accuser Beyrouth et Damas de porter atteinte à la stabilité le long de la ligne bleue, mais surtout à embarrasser Damas. En l’accusant une nouvelle fois d’assurer la présidence tournante du Conseil de sécurité tout en soutenant, en même temps, le terrorisme. Ces sources se sont d’ailleurs étonnées que le secrétaire général de l’Onu se soit contenté d’annoncer que les tirs ont commencé à partir du territoire libanais, sans préciser qu’Israël avait attaqué vendredi dernier plus de sept villages libanais. Kofi Annan avait, rappelle-t-on, « fermement condamné » hier « les tirs de missiles antiaériens du Hezbollah en Israël ». Le locataire du palais de Verre a appelé « toutes les parties impliquées » à cesser les violences, demandant « à tous les gouvernements ayant de l’influence sur le Hezbollah de l’empêcher de commettre de nouvelles actions pouvant augmenter la tension dans la région », et à Israël « d’observer la plus grande retenue ». Du coup, le Liban a décidé de répondre aux menaces de plus en plus répétées d’Israël, ainsi qu’à sa campagne à l’Onu. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a ainsi intensifié ses contacts. Il s’est entretenu avec le chef de l’État, Émile Lahoud, puis avec le Premier ministre Rafic Hariri, et avec son homologue syrien, Farouk el-Chareh, pour décider des mesures à adopter face aux plans israéliens. Il a ainsi été décidé de présenter une plainte contre Israël et ses violations aériennes (continues), terrestres, ainsi que ses provocations répétées. Le Liban se réserve d’ailleurs le droit de convoquer le Conseil de sécurité en temps voulu. Jean Obeid a également convié les ambassadeurs des Cinq grands au palais Bustros aujourd’hui. Ils seront priés de rapporter à leurs gouvernements respectifs la position du Liban et de faire en sorte que cessent les menaces israéliennes qui, si elles étaient amenées à se poursuivre, porteraient un coup certain à la stabilité régionale.
À ce sujet, les sources précitées s’attendent à ce que la plupart des ambassadeurs que rencontrera aujourd’hui le chef de la diplomatie accusent le Hezbollah d’avoir violé la trêve instaurée depuis sept mois. Sachant que cette responsabilité incombe à Israël, qui a assassiné Ali Saleh. Elles affirment en outre que les contacts en cours entre Beyrouth, Damas, Washington et New York freineront sans doute l’escalade et ramèneront le calme le long de la frontière. Mais elles ont tenu à faire part de leur crainte de voir l’État hébreu continuer à assassiner des cadres hezbollahis et poursuivre son entreprise de déstabilisation de la scène interne.
«Est-ce que Washington se décidera à intervenir et hâter la désescalade au Liban-Sud, avant qu’il ne soit trop tard ? La maîtrise de soi demandée par les États-Unis au Liban et à Israël restera vœu pieux ? Les Américains ne pensent-ils pas que c’est l’État hébreu qui a commencé l’escalade en assassinant Ali Saleh, le cadre du Hezbollah tué il y a plus d’une...