En revanche, ce raid de l’aviation de l’État hébreu (c’est la première fois depuis le retrait israélien du Liban-Sud en mai 2000, après 22 ans d’occupation, que la chasse israélienne vise le secteur occidental de cette région) a été confirmé peu après de sources militaires israéliennes, qui ont précisé qu’il avait été mené par des hélicoptères. Selon ces sources, des appareils de l’armée ont mené un raid dans l’ouest du Liban-Sud et détruit le canon avec lequel le Hezbollah avait bombardé plus tôt la localité frontalière de Shlomi, faisant un tué et cinq blessés. Cité par l’AFP, un témoin sur place a confirmé la destruction des canons.
Toujours selon ces sources militaires israéliennes, le Hezbollah a tiré sur Shlomi trois obus d’artillerie de 57 mm. Elles ont souligné le caractère délibéré de l’attaque, survenant 48 heures après le bombardement des positions israéliennes du secteur controversé des fermes de Chebaa (Est), après sept mois de calme dans le secteur. L’Israélien tué à Shlomi est Habib Dadon, 16 ans, a indiqué la radio publique israélienne. Il est la première victime israélienne à la frontière israélo-libanaise depuis septembre 2002.
Quant au parti intégriste, il a affirmé dans un communiqué publié hier que c’est sa DCA qui a tiré à deux reprises en direction d’avions israéliens qui ont violé, pour la énième fois et malgré les condamnations onusiennes, l’espace aérien au-dessus du Liban-Sud – ces mêmes tirs qui ont atteint la localité israélienne de Shlomi. Le Hezbollah s’est engagé « à continuer à riposter aux provocations et aux violations répétées par Israël de l’espace aérien libanais. Nous voulons que les avions israéliens cessent de violer notre souveraineté et nous allons faire en sorte que ces violations deviennent coûteuses au commandement militaire israélien », a martelé le responsable du parti intégriste au Liban-Sud, Nabil Qaouq.
Il a en outre défié les États-Unis et Israël en assurant que sa formation poursuivrait ses attaques – à l’image de celle de vendredi dernier – contre les fermes de Chebaa, occupées depuis 1967 par Israël et revendiquées par le Liban depuis plus de deux ans avec l’aval de la Syrie. « Notre dernière attaque a provoqué la colère de l’Administration américaine (...), ce qui prouve que nous sommes sur la bonne voie. Nous n’avons jamais cherché à plaire à l’Amérique », a-t-il ajouté. Rappelons qu’après l’attaque de vendredi dernier, les États-Unis avaient lancé un sérieux avertissement au Liban et à la Syrie, en leur demandant de neutraliser le Hezbollah.
Les réactions israéliennes
Les réactions israéliennes ne se sont pas fait attendre – certaines d’entre elles avaient même précédé les tirs sur Shlomi. Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a examiné hier soir avec des responsables militaires un « éventail de ripostes israéliennes possibles » en cas de nouveaux tirs du Hezbollah – un éventail qui lui a été présenté par plusieurs militaires, dont le chef d’état-major, Moshe Yaalon. Au cours de la réunion, il a été décidé d’autoriser en principe l’armée de l’air à riposter,
« mais de façon de ponctuelle », selon une source sécuritaire israélienne citée par l’AFP. « Israël ne peut rester les bras croisés face à ces attaques, mais nous ne voulons pas une escalade militaire avec la Syrie et le Liban », a déclaré après la rencontre un responsable israélien, toujours cité par l’AFP et qui a requis l’anonymat.
Tel-Aviv avait averti, quelque temps après les tirs du Hezbollah hier, qu’il « ne restera pas indifférent ». C’est ce qu’a déclaré à l’AFP Avi Pazner, le porte-parole du gouvernement israélien, qui a évoqué « une provocation évidente », ajoutant qu’Israël avait retiré « toutes ses forces du Liban-Sud, conformément à la résolution 425 de l’Onu, ce que l’Onu a d’ailleurs reconnu en juin 2002 ». Avi Pazner a conclu en tenant « le Hezbollah et ceux qui le soutiennent pour entièrement responsables de la situation ».
Et dans le contexte de ce regain de tension à sa frontière nord, Israël avait lancé hier, avant l’attaque de Shlomi, une sévère mise en garde à la Syrie, un des principaux parrains du Hezbollah, et au Liban. « Si nos ressortissants sont atteints (par les tirs du Hezbollah), nous devrons les défendre et il vaut mieux pour la Syrie et le Liban qu’ils ne nous mettent pas en demeure de devoir le faire », a affirmé le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, rapporté par l’AFP. « Nous exigeons que la Syrie et le Liban fassent le nécessaire pour stopper les très dangereuses activités du Hezbollah, car celui-ci ne peut agir sans leur consentement et ces deux pays sont donc responsables de l’escalade », a-t-il ajouté.
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