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Environnement - Le syndicat revendique la compensation pour les pertes subies Les entrepreneurs gèlent l’arrêt des travaux sur les chantiers et acceptent de patienter

L’arrêt des travaux dans tous les chantiers du pays, prévu pour lundi en raison de la crise du secteur de la construction née de la fermeture des carrières depuis octobre dernier, n’aura finalement pas lieu. Le syndicat des entrepreneurs, après une rencontre jugée « positive » avec le Premier ministre, Rafic Hariri, hier, a décidé d’ajourner son mouvement. Mais ses revendications restent les mêmes : la création d’une commission qui fixera les compensations à verser aux entrepreneurs en raison de la hausse des prix du gravier et du sable, et la disponibilité des matières premières en quantités suffisantes et à prix stables sur le marché.
« Nous avions décidé de geler les travaux en cours parce que les entrepreneurs ne peuvent plus supporter de pertes supplémentaires », explique Fouad el-Khazen, président du syndicat des entrepreneurs. « M. Hariri nous a écoutés et a compris le problème. » Il ajoute que tous les entrepreneurs, qu’ils traitent avec le secteur public ou le secteur privé, étaient déterminés à respecter la décision de gel des travaux.
Selon lui, des charges supplémentaires sont venues alourdir les factures des entrepreneurs, dont beaucoup ont signé des contrats à prix fixes avec l’État. Certains de ces facteurs sont extérieurs, comme la hausse de l’euro face au dollar (alors que la plupart des matériaux proviennent d’Europe), le prix de l’acier qui a augmenté de 40 %, ainsi que le renchérissement des carburants. Comme facteur intérieur, M. el-Khazen cite la décision gouvernementale de fermer toutes les carrières du pays en attendant l’application d’un plan directeur, « sans prendre en considération les répercussions néfastes sur les chantiers en cours ».
Il rappelle que le prix du mètre cube de gravier est passé de 6 à 17 dollars et que « les propriétaires de carrières ont souvent profité de la crise pour vendre leurs stocks à quatre ou cinq fois plus cher ». Il insiste sur « la formation d’une commission technique formée de représentants des administrations concernées, de l’Ordre des ingénieurs et du syndicat des entrepreneurs, qui fixerait les montants des compensations à verser aux entrepreneurs lésés par la hausse des prix ». Les revendications concernant cette commission ne datent pas d’hier, et pourtant celle-ci n’a pas encore été formée... « Cela est vrai, mais le chef du gouvernement a promis de soulever cette question en Conseil des ministres », dit-il.
Autre revendication : que le gravier et le sable soient disponibles à prix stables, et dans une qualité acceptable, « parce que ce qu’on trouve actuellement sur le marché est souvent mélangé à d’autres matières, donc de piètre qualité ». Il ajoute : « Nous sommes conscients que si les nouvelles carrières sont exploitées selon les règles, les prix des matières premières produites au Liban seront plus chères qu’elles ne l’étaient quand le secteur n’était pas encore organisé. Notre but n’est pas de revendiquer la réouverture des carrières fermées ou de défendre leurs propriétaires – nous sommes favorables à l’organisation du secteur et à la protection de l’environnement – mais de nous assurer qu’il n’y aura plus de pénurie à l’avenir. »
La question a effectivement été soulevée hier en Conseil des ministres, qui a réitéré sa requête aux personnes qui détiennent des permis d’exploitation de présenter de nouvelles demandes. Le gouvernement s’en est tenu à son plan directeur qui limite les sites exploitables à la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban, tout en demandant au ministre de l’Environnement, Farès Boueiz, qui est également président du haut comité des carrières, de fournir une carte détaillée des sites évoqués dans le plan directeur et de présenter des suggestions concernant de nouveaux emplacements, au cas où les premiers seraient difficiles d’accès, comme s’en plaignent déjà les futurs exploitants.
Toutefois, Akram Chehayeb, président de la commission de l’Environnement, assure que « les nouveaux sites seront également situés dans la chaîne orientale ». Il rappelle que « les conditions d’exploitation doivent être respectueuses de l’environnement », insistant sur « la nécessité d’instaurer un système de surveillance efficace ». Selon lui, « il faudrait confier cette tâche à des sociétés spécialisées », mais il n’a pas d’information sur les intentions du gouvernement à ce propos. Nous n’avons pas réussi à joindre M. Boueiz hier.
Les entrepreneurs poursuivront donc leur travail en attendant une solution à la crise qui secoue leur secteur. « Nous sommes conscients de l’état du trésor public », déclare M. el-Khazen. « Tout ce que nous demandons, c’est que l’État reconnaisse nos droits. Nous verrons plus tard quelle forme prendra le paiement des compensations, s’il se fera en bons du Trésor ou si la somme sera déduite du budget 2004, par exemple. »
Quant à l’importation, M. el-Khazen la qualifie d’« utopie » et de « nuisible pour l’économie du pays », surtout que, selon lui, la Syrie refuse désormais d’exporter du gravier et du sable. M. Chehayeb, quant à lui, pense que les stocks existants et l’importation peuvent combler le vide jusqu’à l’implantation du nouveau plan directeur.

S.B.
L’arrêt des travaux dans tous les chantiers du pays, prévu pour lundi en raison de la crise du secteur de la construction née de la fermeture des carrières depuis octobre dernier, n’aura finalement pas lieu. Le syndicat des entrepreneurs, après une rencontre jugée « positive » avec le Premier ministre, Rafic Hariri, hier, a décidé d’ajourner son mouvement. Mais ses...