Ligue arabe - Ni communiqué ni résolution à l’issue de la réunion des ministres des AE Obeid appelle ses pairs à « faire quelque chose » pour mettre un terme aux provocations israéliennes

New York, de notre correspondant Khalil FLEYHANE
C’est en l’absence des représentants de la Syrie, de l’Arabie saoudite et du Koweït, Farouk el-Chareh, Séoud el-Fayçal et Mohammed al-Sabah (en raison du retard de leurs vols respectifs à destination de New York) que les ministres arabes des Affaires étrangères ont tenu hier leur réunion dans la salle 6 du Palais de verre, en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations unies.
C’est sous la présidence du chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Maher, dont le pays assure la présidence tournante de la Ligue arabe, et en présence du secrétaire général de celle-ci, Amr Moussa, que la réunion s’est tenue. Fait surprenant et exceptionnel : aucun communiqué, contrairement aux attentes des uns et des autres, n’a été publié à l’issue des discussions, provoquant même une question choc d’Ahmed Maher à Amr Moussa : « Est-ce qu’une telle réunion ne va pas déboucher sur une quelconque résolution ? » « Non », lui a-t-il répondu, sachant que la représentante de la Ligue arabe à New York avait distribué il y a quelques jours aux différentes délégations membres un projet de résolution à soumettre aux débats.
Autre fait marquant : les menaces israéliennes contre le Liban – sur lesquelles s’étendra au cours de la réunion le locataire du palais Bustros, Jean Obeid – ne faisaient pas partie des quatorze points inscrits à l’ordre du jour de la réunion. De même, le chef de la diplomatie irakienne, Hochar Zibari, n’a pas jugé bon d’expliquer pourquoi il n’a pas évoqué la question de la représentativité de son pays auprès de l’Onu. Et selon des sources ministérielles ayant participé au débat, si le ministre jordanien des AE n’avait pas informé ses collègues arabes de la teneur des discussions entre le président US, George W. Bush, et le souverain hachémite, Abdallah II – « La “feuille de route” ne progressera pas sans une maîtrise des Palestiniens » –, les 22 participants se seraient contentés d’énumérer quelques points chauds concernant un nombre de pays membres.
Quant à Jean Obeid, il a qualifié les menaces israéliennes contre le Liban de « provocations dramatiques quasi quotidiennes » et demandé aux pays arabes de faire quelque chose pour que ces violations ne se reproduisent plus. « Les violations de l’espace aérien et de la souveraineté du Liban sont des provocations. Israël n’a pas besoin de ces sorties aériennes pour savoir ce qui se passe en territoire libanais, elle a ses satellites pour cela », a-t-il souligné.
Informant ses pairs de l’opposition « perpétuelle » de Beyrouth à l’occupation par Israël des fermes de Chebaa, il a rappelé que le Liban avait « à de nombreuses reprises » déposé plainte auprès de l’Onu et qu’il attend de la communauté internationale une intervention efficace « pour que la situation ne se détériore pas jusqu’à atteindre le point de non-retour ». Jean Obeid a en outre prévenu qu’il était « impossible » de contrôler toutes les réactions, ni une éventuelle escalade. Son homologue égyptien est intervenu pour assurer que la Ligue « se tient aux côtés du Liban » et qu’elle ne tardera pas à réagir pour mettre un terme aux provocations de l’État hébreu. Un soutien que confirmera Amr Moussa aux journalistes à l’issue de la réunion.
Signalons enfin que Jean Obeid a assisté, à la tête de la délégation libanaise, aux séances plénières, au cours desquelles ont pris la parole les présidents George W. Bush et Jacques Chirac, ainsi que le roi du Maroc, Mohammed VI. Il a également pris part au déjeuner offert par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, en l’honneur des différents présidents de délégations.