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Les avoirs du Hamas - Berry demande l’ouverture d’une enquête Tollé de la classe politique contre le gouverneur de la BDL

Au Liban, une affaire en chasse l’autre. Dès que le dossier de la banque al-Madina a commencé à se corser, avec les prétendues menaces de Mme Rana Koleilat de dévoiler les noms des bénéficiaires de ses largesses, le « scandale » des avoirs du Hamas dans les banques libanaises a éclaté. Et d’une seule voix, la classe politique s’est élevée contre « cette tentative flagrante de déformer l’image du Liban, résistant », rejetant la responsabilité de l’initiative sur le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, qui doit rentrer aujourd’hui à Beyrouth. Au point que certains observateurs se demandent s’il ne s’agit pas d’une campagne systématique contre M. Salamé pour des raisons politiques qui n’auraient rien à voir avec la note envoyée aux banques.
À peine rentré d’Italie, le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a voulu reprendre l’initiative, enjoignant hier à la commission parlementaire des Affaires étrangères, présidée par un de ses proches, le député Ali Khalil, d’examiner de toute urgence l’affaire des avoirs du Hamas. Après le chef de l’État, le président Émile Lahoud, qui avait été le premier à réagir, les responsables du Hezbollah et les députés proches de la Syrie, notamment M. Nasser Kandil, c’était donc hier le tour de M. Berry, de ses alliés et de M. Rafic Hariri et des membres de son bloc parlementaire de protester violemment contre la circulaire du gouverneur de la Banque centrale réclamant aux banques libanaises un relevé des avoirs bancaires de six responsables du Hamas et de cinq associations caritatives proches de cette organisation.

Samaha : Le gouvernement ne savait pas
Le ministre de l’Information, M. Michel Samaha, en visite à Bkerké, a eu beau tenter de minimiser l’affaire, rappelant que le gouverneur n’a pas pris de mesures contre les personnalités du Hamas, en réclamant le gel de leurs avoirs, puisqu’il s’est contenté de demander des informations sur le sujet, le tollé politique s’est poursuivi, parfois en des termes très durs.
M. Samaha a donc certes replacé l’affaire dans le cadre d’une mesure interne, mais il a précisé que le gouvernement libanais n’en a pas été informé au préalable et qu’il considère que le Liban n’a pas à prendre ce genre d’initiative et que les rapports entre l’Administration américaine et le gouvernement libanais doivent passer par le ministère libanais des Affaires étrangères.
De son côté, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a réagi très rapidement, convoquant à son bureau au Sérail le secrétaire général de la commission spéciale d’enquête des banques, le Dr Mohammed Baassiri, pour lui demander les raisons de cette initiative prise à l’insu des autorités politiques. M. Hariri a annoncé qu’il comptait demander des explications au gouverneur de la Banque centrale qui doit rentrer aujourd’hui à Beyrouth. Le député membre du bloc parlementaire de M. Hariri, M. Mohammed Kabbani, s’est lui aussi élevé contre l’initiative du gouverneur. Le député Fayçal Daoud a même été jusqu’à réclamer le limogeage de M. Salamé, accusé de veiller aux intérêts américains bien plus qu’à ceux du Liban. D’autres députés, tels MM. Kassem Hachem et Abdel Rahmane Abdel Rahmane, sont aussi montés au créneau, critiquant violemment l’initiative de la BDL et rappelant que, pour le Liban, le Hamas est une organisation de résistance au même titre que le Hezbollah, et que les Libanais appuient l’intifada du peuple palestinien sans réserve.

Salamé, lâché
par (presque) tous
Mais la position la plus sévère est venue du président de la Chambre qui, très tôt dans la matinée d’hier, a demandé à la commission parlementaire des AE d’examiner cette affaire en premier au cours de sa réunion. Il a aussi récalmé l’ouverture d’une enquête pour identifier le responsable d’une telle mesure qui nuit à l’image résistante du Liban et à sa réputation financière, puisqu’elle est en contradiction avec le principe du secret bancaire. Le chef du Législatif a même promis que le Parlement allait mettre la main sur l’affaire, tout en affirmant qu’aucun des responsables n’était au courant de la démarche de la BDL.
La commission parlementaire des AE a aussitôt répondu à la demande de M. Berry, réclamant à l’issue de sa réunion une enquête du gouvernement sur l’origine et les motivations de l’initiative de la BDL.
Le gouverneur semble donc carrément lâché par tout le monde. Le communiqué justificatif qu’il a envoyé de Dubaï, hier, ne semble pas avoir suffi à le disculper auprès de la classe politique, prête à s’enflammer dès qu’on touche « aux principes nationaux », à savoir la position arabe du Liban. Pourtant, M. Salamé a précisé dans son communiqué qu’il s’agissait d’une circulaire interne, destinée à s’informer sur les avoirs bancaires des personnalités du Hamas et, par conséquent, qu’il n’avait pas à en informer le gouvernement, tout comme il a ajouté qu’elle datait du 8 septembre.
Mais le tollé n’en a pas diminué pour autant. Au point que certains observateurs se demandent s’il n’est pas dicté par des considérations politiques qui n’auraient rien à voir avec la mesure elle-même. Déjà, dans le dossier de la banque al-Madina, le gouverneur de la BDL avait été critiqué à mots couverts par le procureur général près la Cour de cassation, ladite banque n’ayant pas de véritable structure, ni d’organigramme, ce que la BDL avait omis de relever, fermant les yeux pendant des années.
Les six personnalités du Hamas et les cinq associations caritatives qui travaillent dans son sillage pourront donc conserver leurs avoirs – si elles en ont – au Liban. Sur ce plan, l’affaire est pratiquement circonscrite. Reste l’identification du responsable mais cela, c’est une autre paire de manches. L’ancien député Najah Wakim a été le seul à affirmer que le véritable responsable est le ministre des Finances, qui a envoyé une note au gouverneur, lui demandant d’envoyer, à son tour, la fameuse circulaire aux banques. Affaire à suivre.
Au Liban, une affaire en chasse l’autre. Dès que le dossier de la banque al-Madina a commencé à se corser, avec les prétendues menaces de Mme Rana Koleilat de dévoiler les noms des bénéficiaires de ses largesses, le « scandale » des avoirs du Hamas dans les banques libanaises a éclaté. Et d’une seule voix, la classe politique s’est élevée contre « cette tentative...