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ENVIRONNEMENT - Au regard de la loi, le terrain reste privé Nouvelles installations sur la plage de Ramlet el-Baïda, rouverte au public(photos)

Ramlet el-Baïda est désormais rouverte au public. C’est ce qu’affirme Mohammed Kabbani, député de Beyrouth et président de la commission parlementaire des Travaux et des Transports, à L’Orient-Le Jour, précisant que de nouvelles installations ont été établies sur la plage, dans le cadre d’un projet du ministère des Transports. Rappelons que les anciennes installations (escaliers, douches, pancarte de signalisation sur laquelle était inscrit « plage publique »...) avaient été détruites il y a plus de deux ans, et que le plus grand flou avait entouré l’identification de la partie responsable de cette décision. Malgré cela, les Beyrouthins n’ont pas cessé de fréquenter, contre vents et marées (c’est le cas de le dire !), la seule plage publique qui leur reste. Dans les jours qui viennent au plus tard, celle-ci leur sera restituée officiellement, mais, dénoncent certains écologistes, sans le cadre légal suffisant puisque le terrain reste une propriété privée.
Pour commencer, un petit historique : la plage de Ramlet el-Baïda a été déclarée plage publique en 1983 par décret, une décision confirmée en 1984. Plus tard, le décret 169/1989 est adopté, stipulant que toute personne propriétaire de plus de 20 000 mètres carrés sur le littoral de Beyrouth a le droit d’occuper le domaine public, dont la surface de l’eau. Un texte vivement contesté par les défenseurs du littoral. En vertu de ce décret, des bruits circulent, depuis la fin des années 90, sur l’édification d’un complexe balnéaire de grande envergure par un propriétaire. Le nom de Rafic Hariri, Premier ministre, est le plus souvent évoqué.
Interrogé sur ce point, M. Kabbani déclare que « M. Hariri a effectivement des propriétés dans le secteur, mais le projet est gelé pour l’instant ». Cela signifie-t-il que la plage publique nouvellement rouverte reste tributaire de la volonté des propriétaires et de leur décision de bâtir, ou pas, un projet à ce niveau ? Risque-t-on de voir de nouveau les installations détruites et les baigneurs refoulés ? « Quand cela s’est passé pour la première fois, il s’agissait d’équipements mis en place par des particuliers qui devaient être retirés, explique-t-il. Cela n’a pas dissuadé les baigneurs pour autant. Le projet de réhabilitation qui a lieu aujourd’hui a un cadre légal : le ministère des Transports, qui est la partie habilitée à se charger de tels travaux, agit avec l’approbation des propriétaires. Quant aux installations, elles sont préfabriquées, donc n’ont rien de solide. »
Toutefois, Salmane Abbas, président de Green Line qui a mené, avec d’autres associations à Beyrouth, une campagne pour la création d’une plage publique à Ramlet el-Baïda, trouve l’argument insuffisant. « Pourquoi le ministère créerait-il une plage publique sur des terrains privés ? souligne-t-il. La population de Beyrouth mérite une plage qui lui soit accessible à long terme et inconditionnellement, pas qui lui soit concédée. Nous revendiquons, tout comme nous l’avons toujours fait, l’expropriation des terrains par le conseil municipal et la création d’une véritable plage publique. »
Selon M. Abbas, « la réalisation du projet a tardé, on est déjà à la moitié de la saison ». Il remarque que « l’aménagement n’a été prévu que sur une partie de la plage, sur 300 mètres environ ». Or, poursuit-il, « dans le projet d’hôtel avec marina qui devait être construit sur la plage, il était prévu qu’une surface de 310 mètres soit consacrée au public. Essaie-t-on, ainsi, d’habituer les habitants à se contenter de cette parcelle pour l’avenir ? » Selon une étude sur le terrain de Green Line rendue publique récemment lors d’une conférence, la fréquentation de la plage publique est en hausse depuis quelques années, notamment en raison des difficultés économiques.
Il reste que ce projet de réhabilitation de Ramlet el-Baïda, effectivement victime de négligence et quelquefois d’insécurité dans le passé, devait être lancé il y a deux ans. Pourquoi ce retard ? « Pour entamer notre action, il nous fallait l’approbation du Conseil des ministres, raconte M. Kabbani. Or, à l’époque, un des ministres avait contesté l’initiative, affirmant que c’était à la Défense civile et non pas au gouvernement de réaliser de tels projets. »
Quoi qu’il en soit, les travaux ont bel et bien lieu actuellement, avec un financement du ministère des Transports. Selon le député de Beyrouth, Ramlet el-Baïda est aujourd’hui la première plage gratuite ainsi aménagée, avec des cabines, des douches, des tours de contrôle (parce que les courants peuvent être puissants à ce niveau de la côte), des maîtres nageurs ainsi que des gardes en civil, dont la fonction sera d’assurer la sécurité des baigneurs et d’empêcher les incidents (tous les services sont gratuits). La gestion de la plage a été confiée par le ministère à une ONG écologique, « Cedars for Care ». La propreté des lieux sera assurée par des équipes de Sukleen et de « Cedars for Care ».
M. Kabbani se déclare inquiet de la fermeture progressive des plages au public, considérant que « l’eau et le sable à proximité de la mer devraient être accessibles à tous ». Pourquoi l’État n’applique-t-il pas une mesure de protection du littoral ? « Les propriétaires de centres balnéaires ont de l’influence et empêchent l’application de telles mesures », répond le député. Il rappelle qu’il avait élaboré en 1994, « avec feu Joseph Moghaizel, un projet de loi pour la protection du littoral sur une profondeur de 60 mètres », un texte qui reste dans les tiroirs. Qu’attend-il pour le relancer ? « Que le projet de loi sur les biens-fonds maritimes soit discuté au Parlement », répond-il, soulignant toutefois que l’ouverture de ce dossier n’est probablement pas pour bientôt.

Suzanne BAAKLINI
Ramlet el-Baïda est désormais rouverte au public. C’est ce qu’affirme Mohammed Kabbani, député de Beyrouth et président de la commission parlementaire des Travaux et des Transports, à L’Orient-Le Jour, précisant que de nouvelles installations ont été établies sur la plage, dans le cadre d’un projet du ministère des Transports. Rappelons que les anciennes...