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CORRESPONDANCE La Bretagne en diable… Mais saint Cado et les autres saints vainqueurs de Satan(photo)

BELZ (GOLFE DU MORBIHAN) - Irène MOSALLI

La Bretagne des légendes. Des enchanteurs et des lutins, des dolmens et des menhirs, et aussi des saints dont les histoires sont toujours associées au démon qui hantait cette région ardue de l’Hexagone… Cette Bretagne en diable, nous l’avons rencontrée au cours d’un récent séjour dans le golfe du Morbihan, et plus particulièrement du côté de l’église de Saint-Cado, située dans les environs du port de Lorient.
Et saint Cado est considéré comme « le maître des maîtres et même du diable », qu’il aurait berné pour la construction d’un pont entre son ermitage situé sur l’île d’Etel et la côte. Fils d’un prince du pays de Galles, il était venu s’installer en Armorique, chassé comme beaucoup de ses compatriotes par l’invasion saxonne. N’ayant pas au départ les moyens de réaliser cette jonction, on raconte qu’il reçut un jour la visite de Satan qui lui propose de bâtir le pont à condition d’avoir en récompense l’âme du premier être vivant qui le traverserait. Le saint acquiesce et le démon, aidé de sa mère, construit le pont en une nuit. Au matin, Cado y lâche un chat et le poursuit pour l’obliger à effectuer le trajet. Déconvenue et fureur du constructeur qui décide de détruire son œuvre. Mais saint Cado avait pris soin de bénir le pont et engage avec le diable un combat dont il sort vainqueur. Le pont est toujours là et la légende n’est pas oubliée. Puisqu’on se souvient aussi que la mère du diable avait laissé tomber les cailloux qu’elle portait et qui sont devenus les îles environnantes.
Dans les récits bretons anciens, le diable apparaît toujours aux côtés des saints. C’est leur ennemi permanent et multiforme. Il les persécute et les oblige à se surpasser, à provoquer l’intervention divine. Finalement, malgré toutes les épreuves subies, le saint triomphe. Il est saint parce qu’il a vaincu le démon. Au XVIIe siècle notamment, la conception des rapports du démon et du saint est bien claire. C’est une lutte permanente. Le diable – ou les diables – doit éprouver les vertus de l’homme de Dieu. Ils vivent en une sorte de symbiose conflictuelle. Plus le démon agit, plus les mérites du saint sont grands. Ce démon n’agit pas toujours directement. Il lui arrive souvent de se cacher, de prendre des apparences trompeuses pour mieux induire en erreur et faire trébucher le saint.

Le roi des enfers vaincu
par les femmes
Tel aurait été le destin de nombreuses personnes sanctifiées sur les côtes d’Armor. Relevées dans la littérature locale, les expériences de quelques-unes d’entre elles. Saint Geldouin (XIe siècle), chanoine de Dol qui, lors d’un voyage, se fait servir par un valet qui finit par confesser « qu’il “estoit” (ou était) le diable et qu’il se servait du corps d’un misérable scélérat dont l’âme était damnée ». Pour saint Gildas, le démon se déguise en moine. Que dire du « vénérable frère Jean de Samsom, né aveugle à Rennes en 1636 et qui, tout au long de sa vie consacrée à autrui, a pris son mal en patience, tant et si bien qu’il provoqua l’admiration des hommes et l’épouvante parmi les démons ».
Et aussi les personnages légendaires, tel Jean l’Or qui, après avoir pactisé avec le diable pour se constituer un bon pactole, jure de ne plus recommencer quand il est sauvé par une bonne âme repentie qui lui dira : « Moi je vais de ce pas au purgatoire et toi retourne en Basse Bretagne et ne pèche plus. »
Au XIXe siècle, et à environ mille kilomètres de là, et plus précisément à Ars, le curé de cette ville vit à peu près de la même façon la présence continuelle du démon.
Mais en Bretagne, beaucoup plus qu’ailleurs, c’est le grand combat entre les forces de lumière et les ténèbres, entre le Bien et le Mal, entre Dieu et Satan. Là, le saint est en première ligne. Il doit protéger ses moines, ses frères, les fidèles et tout le peuple chrétien. Il est irremplaçable. Satan le poursuit, le tourmente physiquement et mentalement mais finalement doit s’avouer vaincu.
Les femmes, elles, toujours selon des récits anciens, ne vendaient pas leur âme aussi facilement, car elles usaient de mille ruses contre le roi des enfers. «Ce sont elles, peut-on lire dans un ouvrage intitulé La Bretagne mystérieuse, qui reconnaissent le diable sous ses déguisements, arrivent à le tromper et à tirer leurs maris ou leurs amoureux des mauvais pas où il les avait attirés».
Contre ce que femme veut, même Satan-le-Breton ne peut rien.
BELZ (GOLFE DU MORBIHAN) - Irène MOSALLILa Bretagne des légendes. Des enchanteurs et des lutins, des dolmens et des menhirs, et aussi des saints dont les histoires sont toujours associées au démon qui hantait cette région ardue de l’Hexagone… Cette Bretagne en diable, nous l’avons rencontrée au cours d’un récent séjour dans le golfe du Morbihan, et plus...