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RÉGIONS - Samaha et Cardahi inspectent la station de relais de la localité À Wej el-Hajar, les lampes de néon s’allument seules et les téléphones diffusent les tubes de Radio-Liban(photo)

Depuis que Radio-Liban a lancé ses émissions d’essai, en mars 2002, à partir d’une antenne installée à Wej el-Hajar, petit village limitrophe de Hamate, rien ne va plus dans ces deux localités du Liban-Nord. Les habitants se plaignent d’avoir des migraines aiguës, les membres engourdis et la gorge desséchée. Cette station de relais, qui a une capacité de 1 000 kilowatts, devrait ultérieurement couvrir tout le bassin méditerranéen sur la bande AM.

À Hamate et à Wej el-Hajar spécialement, selon les témoignages des habitants, les lampes de néon s’allument sans être branchées au courant électrique, les câbles du téléphone électrocutent tous ceux qui viennent effectuer des travaux d’infrastructure, les télévisions en blanc et noir donnent du noir, les télécommandes fonctionnent seules, les baffles de l’ordinateur, les canalisations d’eau dans les maisons, les téléphones fixes et le micro de l’église reprennent les tubes diffusés par Radio-Liban. Les habitants, qui dénoncent un champ magnétique dangereux, se sont plaints. Et en septembre dernier, le moukhtar de la localité, Fady Assaf, a présenté une pétition au ministère de l’Information. En vain.
La municipalité de Hamate (Wej el-Hajar, village de 500 habitants, n’ayant qu’un moukhtar) a décidé d’intervenir en engageant un avocat, Nicolas Dib, qui a porté plainte, en juin dernier, auprès du juge des référés de Batroun.
Hier, le ministre de l’Information, Michel Samaha, et le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, se sont rendus sur place pour écouter les doléances des habitants et les rassurer. Des experts seront engagés pour trancher. Et M. Samaha a donné sa parole : Radio-Liban n’entamera pas ses émissions définitives à partir de cette station de relais si les problèmes ne sont pas réglés.
Hamate, le salon de l’église Notre-Dame. Le président du conseil municipal de la localité, Mazhar Karam, le moukhtar de Wej el-Hajar, les membres du conseil municipal et une trentaine d’hommes venus des deux localités attendent l’arrivée des ministres.
C’est calmement qu’ils les accueillent. Ils exposent le problème, dossiers, film et témoignages à l’appui. Simplement, ils appellent à la fermeture de la station, indiquent qu’ils n’arrivent pas à utiliser les téléphones fixes, que des employés d’Ogero, venus effectuer des travaux, ont été électrocutés par les câbles téléphoniques, et que lors de funérailles au village, quand le prêtre à voulu lire l’Évangile, c’est la voix de la chanteuse Sabah qu’on entendait...
Un film, où les jeunes de la localité jouent avec des lampes de néon allumées sans être branchées à un quelconque courant électrique, a également été montré.
Certains ont évoqué la crainte de développer des maladies, appelant le ministre de l’Information, qui a pris l’initiative de cette visite, à agir avant qu’il ne soit trop tard.
Après avoir écouté les plaintes des habitants, M. Samaha a indiqué que sa présence à Hamate « n’est pas politique. Tout ce qu’il veut c’est rencontrer les habitants, revenir une autre fois, passer plus de temps dans le village afin de mesurer effectivement l’ampleur des dégâts ». « Si ce relais est nuisible, il faut qu’il soit fermé », a-t-il dit. Il a encore assuré qu’une « solution sera trouvée avant que la station n’entre dans sa phase d’émission finale et avant que le ministère de l’Information n’en prenne la charge officiellement ».
Prenant la parole, M. Cardahi a indiqué que « les experts des P et T évalueront la situation et veilleront à ce que les rectifications nécessaires soient effectuées ». « Cette station de relais ne devrait pas interférer avec les autres moyens de communication, notamment le téléphone, et ne devrait pas provoquer de problèmes de santé », a-t-il dit, soulignant que « tout sera traité selon les normes en vigueur ».

La colère des femmes
Après avoir écouté les habitants des deux villages, la délégation s’est rendue à Wej el-Hajar, là où la station de relais a été construite. Et l’atmosphère tranchait avec celle – calme et sobre – du salon de l’église.
Une cinquantaine de femmes et d’enfants se sont rassemblés pour accueillir à leur manière les deux ministres. Brandissant des écriteaux « Non à l’émigration à cause de la station », « Nous avons le droit d’utiliser le téléphone », ou encore, « Ayez pitié de ceux qui vivent sur terre pour que le ciel ait pitié de vous », les femmes et les enfants se sont mis à crier d’une seule voix qu’ils veulent « arrêter la station ».
Puis, une sexagénaire, parapluie rose à la main pour se protéger du soleil, s’est approchée de la délégation pour exposer – vertement – le problème.
Animée probablement par sa rage contre la station de relais, elle tire trois enfants par la main, lance aux ministres : « Ayez pitié de nous, de ces gosses, et fermez cette saloperie de station. » Elle interpelle encore sa voisine et amie Hanné et explique que « cette femme a déjà consulté plusieurs médecins à cause de la station ».
Et il semble que Hanné et ses médecins ignorent pourquoi elle souffre de migraines et de lourdeurs dans les jambes et les bras. Une autre voix s’élève, invite les deux ministres, leur femme et leurs enfants à venir habiter Wej el-Hajar juste « pour voir ce que c’est ».
Le ministre de l’Information répète calmement ce qu’il avait déjà dit au salon de l’église. Sa déclaration est accueillie par les applaudissements et les youyous. Quelque temps plus tard, la foule range ses pancartes et ses écriteaux avant de se disperser.
Soulignons que la station de relais de Wej el-Hajar a rarement fonctionné, depuis le début des émissions d’essai, à sa capacité maximale de 1 000 kilowatts. Depuis quelque temps, elle fonctionne à une capacité de 158 kilowatts et atteint parfois les 312 kilowatts. Après sa remise officielle au ministère de l’Information, elle devrait fonctionner à 500 kilowatts pour couvrir, sur la bande AM, tous les pays du bassin méditerranéen.
Mais déjà, certains équipements sont tombés en panne, quand la station qui était alimentée par des générateurs a été branchée à l’EDL qui ne fournit toujours pas un courant de 220 volts…
Cette affaire ne sème pas la consternation parmi les habitants de Hamate ou de Wej el-Hajar, qui, après avoir crié leur rage aux ministres de l’Information et des Télécommunications devant la station de relais, se demandaient s’il ne fallait pas parler du problème de l’eau potable. Peut-être que MM. Samaha et Cardahi pourraient se faire leurs interprètes auprès des autres responsables…

Patricia KHODER
Depuis que Radio-Liban a lancé ses émissions d’essai, en mars 2002, à partir d’une antenne installée à Wej el-Hajar, petit village limitrophe de Hamate, rien ne va plus dans ces deux localités du Liban-Nord. Les habitants se plaignent d’avoir des migraines aiguës, les membres engourdis et la gorge desséchée. Cette station de relais, qui a une capacité de 1 000...