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Une priorité pour Baabda : le redressement via une réforme administrative

S’adressant à l’état-major militaire, mardi, le président Lahoud a souligné que la première des nécessités est de traiter le malaise économique dont souffre le pays, « ce qui ne peut s’accomplir qu’à travers une réforme administrative totale. La situation ne peut plus être laissée en l’état. Il faut appliquer la règle de la récompense à l’égard du bon fonctionnaire et de la sanction à l’encontre du mauvais. Je garde espoir dans les jours qui viennent ».
Dans cette optique, le ministre du Développement administratif, Karim Pakradouni, sollicite le concours de spécialistes appartenant à des domaines variés. Dans une circulaire, il les prie de lui adresser leurs recommandations concernant les programmes à mettre en place dans le cadre d’une réforme globale de l’administration. Cette opération, qui s’inscrit dans le prolongement de la stratégie adoptée en septembre 2001 par le Conseil des ministres, Pakradouni projette de l’annoncer à la fin du mois en cours. Il s’agit d’appliquer les paramètres internationaux, tout en levant les obstacles habituels qui entravent la réforme. Dans son appel, Pakradouni évoque les efforts déployés par ses prédécesseurs, Khatchig Babikian, Ali el-Khalil, Sami Younès, Zaher el-Khatib, Bahige Tabbarah, Anwar el-Khalil, Béchara Merhej, Hassan Chalak et Fouad es-Saad. Ils ont tous œuvré avec dévouement pour initier une mentalité de changement positif. Les textes et certaines structures ont été améliorés, parallèlement à des cycles de formation. Mais il faut un démarrage de fond sérieux et c’est pourquoi Pakradouni requiert les lumières des spécialistes. En soulignant que la réforme est en réalité un processus continu qui, pour porter ses fruits, doit s’étendre à toutes les branches de la société civile comme du secteur privé.
Bien entendu, la première question qui vient à l’esprit est de savoir si Pakradouni peut réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Un fiasco qu’explique essentiellement l’impossibilité de réaliser, d’abord, une réforme politique qui est l’entrée en matière indispensable pour la réhabilitation réelle de l’administration. Pour son épuration de la corruption, du clientélisme, du bourrage, de l’incompétence et du népotisme.
Les rapports de tous les prédécesseurs de Pakradouni, leurs différentes interventions publiques se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils mettent tous l’accent sur le fait que l’immixtion de la politique, le manque de décision des autorités bloquent toute tentative de corriger la trajectoire. Le ministre actuel peut également se référer au témoignage éclairé publié par l’ancien président du Conseil de la Fonction publique, Ibrahim Choueiri, qui détaille les causes de la corruption et signale les moyens à mettre en œuvre pour moderniser l’administration. De même, Pakradouni peut relancer Hoss qui lui dira pourquoi sa propre tentative de réforme a échoué. En imputant la responsabilité aux symboles, aux pôles d’influence politiques ou communautaires qui protègent les pourris.
De son côté, l’ancien ministre Fouad Boutros, apprenant naguère que le pouvoir envisageait de lancer la réforme, s’était rendu à Baabda. Afin de souligner que l’opération est délicate, complexe et qu’il vaut mieux ne pas y plonger si l’on ne s’est pas assuré de son succès. Il a rappelé de la sorte les échecs essuyés par les précédents régimes dans ce domaine. Le chef de l’État avait répondu qu’il était déterminé à aller de l’avant. Mais par la suite, le mouvement s’était heurté à des entraves et avait été suspendu.
Le défi à relever, notent les spécialistes, est qu’il faudrait mettre l’administration à l’abri de la politique. En redonnant de vrais pouvoirs aux organismes de contrôle, comme sous Fouad Chéhab. On obtiendrait de même un résultat positif si l’on pouvait réaliser une réforme politique d’abord. Ce qui impliquerait une promotion de la vraie démocratie, à travers des élections de proximité libres.

Émile KHOURY
S’adressant à l’état-major militaire, mardi, le président Lahoud a souligné que la première des nécessités est de traiter le malaise économique dont souffre le pays, « ce qui ne peut s’accomplir qu’à travers une réforme administrative totale. La situation ne peut plus être laissée en l’état. Il faut appliquer la règle de la récompense à l’égard du bon...