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Actualités

À votre bon cœur, messieurs-dames

Quelques joyeusetés du service public, si mal nommé :
– Le tonton, maintenant presque grabataire, a laissé passer trois ans sans acquitter la taxe immobilière (pas grand-chose, une cinquantaine de dollars) sur sa vieille maison. Le neveu ne veut, en commerçant honnête comme le sont tous les marchands du Temple, que le bien du vieux et de l’État conjugués. Il se rend donc dans les bureaux pour régler la note. Et un premier scribe lui enjoint de débourser, en sus des arriérés, plus de 2 millions de LL d’amende. Interloqué, le client demande un petit délai, le temps de vendre la baraque, qui vaut à peine plus. Il doit remplir quand même une paperasse. Par chance, il a oublié le numéro cadastral du bien-fonds. On le renvoie à un autre guichet. Dont le préposé, aimable, lui règle sur-le-champ toute son affaire : la pénalité est divisée à peu près par trois ! On se demande où la différence aurait pu aller. Comme quoi, une irrégularité en compense une autre. Et mieux vaut y regarder à deux fois quand on traite avec les ronds-de-cuir.
– Qui n’y regardent eux-mêmes pas d’assez près, quand il s’agit de bien faire, de compléter, le boulot. Dernier jour, dernière heure, pour payer la taxe mécanique. Cet automobiliste, un peu tête en l’air, se rend à sa banque. Qui lui indique qu’elle ne peut pas le servir : il a des arriérés à régler et devra se rendre au service mécanique, basé pour lui à Jounieh. Le client, reçu à l’appui, objecte qu’il est parfaitement en règle. Rien n’y fait : les fonctionnaires n’ont pas pensé à rajouter le paiement effectué aux données informatiques. Du coup, c’est la trotte à Jounieh et, du double coup, une taxe de 10 % pour retard.
– Sans compter la géniale trouvaille de Siniora : les 50 dollars de l’assurance obligatoire, pour risque d’écraser un piéton ! En général, une assurance, c’est un pari plus ou moins équitable. Et un peu paradoxal : l’assureur parie qu’il ne vous arrivera rien, et vous soutenez le contraire ! En général aussi, dans une moyenne de risques plausibles, les chances sont raisonnablement partagées. Avec Siniora, c’est pratiquement de l’extorsion injustifiée statistiquement. Il frappe d’impôt plus de deux millions de véhicules, dont il n’y aurait pas dix qui écraseraient des passants. Les Finances ramassent ainsi une cagnotte de plus de 100 millions de dollars. En fixant un plafond d’indemnisation, en cas d’accident mortel, qui ne dépasse pas les 40 000 dollars. Il n’y a pas de petits profits : ces quelques sous seront utilisés pour payer le personnel si compétent des services fiscaux immobiliers ou de la mécanique. Et c’est ainsi, en laissant sur l’étagère le vrai redressement, les privatisations et les compressions budgétaires, que l’État. Gère.
Jean ISSA
Quelques joyeusetés du service public, si mal nommé :– Le tonton, maintenant presque grabataire, a laissé passer trois ans sans acquitter la taxe immobilière (pas grand-chose, une cinquantaine de dollars) sur sa vieille maison. Le neveu ne veut, en commerçant honnête comme le sont tous les marchands du Temple, que le bien du vieux et de l’État conjugués. Il se rend donc...