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Grippé, le pouvoir se soigne en s’ordonnant des vacances

Rien de nouveau sous le soleil d’été : on revient au vieux refrain oublie-moi, c’est mieux. C’est-à-dire que sous prétexte de pause saisonnière, on rétablit la pratique de geler les sujets qui fâchent, les dossiers qui provoquent des litiges entre les dirigeants. En attendant une problématique reprise des débats à la rentrée d’octobre.
Ainsi, la Chambre, qui s’octroie un congé (payé, évidemment) prolongé, évite de la sorte toute confrontation avec le gouvernement sur les carrières ou les dépotoirs. Du même coup, on gomme toute possibilité de franches explications sur l’affaire de Bteghrine, tout risque d’interpellation du cabinet ou d’un ministre déterminé. Le règlement de comptes se limite donc aux tribunaux, la partie politique restant sans autre traitement que des échanges médiatiques d’aménités. L’État des institutions en prend un coup, un de plus après la dérobade du Parlement vis-à-vis de la motion de défiance déposée par Akram Chehayeb. Kornet Chehwane, qui espérait instiller une vive controverse au niveau du pouvoir exécutif comme du pouvoir législatif, en reste pour ses frais. Et la légalité se contente de lui répondre que les mesures disciplinaires prises par Élias Murr sont suffisantes.
Quant aux tiraillements au sein même du camp loyaliste, ils sont temporairement jugulés par le retour au système de l’étagère, parfois assorti d’un recours dilatoire à des commissions ministérielles. Les responsables espèrent passer ainsi tranquillement le reste de l’été. En reportant même des questions qui ne devraient pas attendre, comme le pourvoi des sièges au Conseil constitutionnel ou au Conseil supérieur de l’information. Tout est renvoyé, en principe, à octobre et l’on se demande si ce premier mois de l’automne pourra en supporter autant.
Bien entendu, comme l’indiquent des sources fiables, le pis-aller adopté, qu’on peut qualifier de fuite en avant, répond à des souhaits exprimés par les décideurs. Dont l’intention est de prémunir le Liban contre des secousses immédiates, dans la période d’observation mais aussi de mutation, que connaît la région. Ce pays, estime Damas, ne doit pas se laisser déstabiliser de l’intérieur par sa propre caste politique, alors que la « feuille de route » est en train de se jouer, que le sort du volet syro-libanais se trouve également sur le tapis et que la situation en Irak appelle à la plus grande vigilance. Il faut, dans ce contexte global, voir également ce qu’il va advenir du Syria Accountability Act, qui s’intègre dans le dossier capital des relations syro-américaines. Les mêmes sources rappellent que la trêve conclue entre les Israéliens et les Palestiniens dure en principe jusqu’à fin septembre. À ce moment, on pourra voir si l’évolution est positive ou si la violence va reprendre. De cette décantation dépendra en grande partie la situation du Liban. Soit il pourra reprendre son souffle. Soit il devra s’enferrer encore plus dans ses difficultés économiques et financières. En tout cas, le rendez-vous d’octobre couvre naturellement l’élaboration du budget de l’État pour l’an prochain. Selon que la stabilité régionale sera confortée ou non, le Liban pourra espérer réduire son déficit, ou se résigner à le voir s’aggraver. Surtout que la Chambre, par la bouche de son président, promet à la population de s’opposer à de nouvelles ponctions fiscales. Des députés avouent franchement pour leur part qu’il n’est pas question pour eux de ne pas défendre les intérêts de leur électorat vis-à-vis du fisc, à l’approche des municipales et dans la perspective des législatives.
Émile KHOURY
Rien de nouveau sous le soleil d’été : on revient au vieux refrain oublie-moi, c’est mieux. C’est-à-dire que sous prétexte de pause saisonnière, on rétablit la pratique de geler les sujets qui fâchent, les dossiers qui provoquent des litiges entre les dirigeants. En attendant une problématique reprise des débats à la rentrée d’octobre.Ainsi, la Chambre, qui...