Rechercher
Rechercher

Actualités

La Syrie prend note des donnes qu’induit la partielle de Baabda-Aley

De bonne source on indique que la Syrie, qui s’est tenue à l’écart de la bataille électorale, recueille avec soin les divers avis ou commentaires que suscitent les résultats de la partielle de Baabda-Aley. Dont on se demande, dès lors, s’il s’agit bien d’une page tournée, comme le souhaite le patriarche Sfeir, ou d’une page toujours ouverte politiquement, en attendant la présidentielle.
L’analyse du scrutin donne lieu, comme on sait, à des conclusions variées sur la scène locale. Certains estiment que l’on a trop gonflé le volume de l’affaire, en termes de points marqués ou perdus par les uns et les autres. À leur avis, le taux trop faible de participation (20 % à peu près) interdit toute déduction significative. Et ne permet pas que l’on puisse parler de gagnant et de perdant, même sur le plan strictement moral. Ces professionnels ne s’arrêtent que sur un point : Aoun aurait fait, d’après eux, le plein de voix qu’il peut engranger, atteignant ses limites maximales. Il a activé plein turbo des slogans porteurs auxquels les jeunes sont naturellement sensibles. Alors que les forces hétérogènes coalisées en face n’ont pas mobilisé à fond, pour des raisons diverses. Ce qui fait que Henri Hélou, qu’elles ont soutenu, n’a pas pu brandir une devise de combat pour une cause déterminée suscitant de l’enthousiasme. Les mêmes sources insistent sur les 80 % d’abstentionnistes. Pour estimer que ce phénomène est dû principalement au fait que les gens ont d’autres soucis en tête. À cause de la crise socio-économique que le pays traverse. À cela s’ajoute, répètent ces politiciens, le fait qu’il n’y avait pas d’enjeu politique véritable. Pas de confrontation entre des thèmes méritant un engagement total, comme cela a pu se produire par le passé.
Pour ces personnalités, la leçon à tirer de la partielle de Baabda-Aley est surtout qu’il est grand temps de traiter les raisons qui ont motivé la désaffection de l’électorat. C’est-à-dire de se focaliser sur la priorité socio-économique. Ce point a d’ailleurs été au centre de la récente rencontre Hariri-Joumblatt. Les deux leaders sont convenus de promouvoir des travaux de développement dans le Metn-Sud, défavorisé sur ce plan. Ce qui a pu influer sur le dynamisme électoral de ses habitants, qui marmonnent contre l’indifférence de l’État à leur égard. Hariri, indiquent les observateurs, tient à ménager Joumblatt, à répondre à ses revendications d’ordre social, parce qu’il pèse d’un poids certain au sein du pouvoir. Il s’agit donc de l’aider à alimenter en foin la Caisse des déplacés, pour poursuivre le processus de réconciliation dans la montagne. Dans ce contexte, rappelons-le, Joumblatt souhaite apparemment renforcer ses liens avec les courants modérés et, à leur tête, avec le patriarche Sfeir, pour renforcer la marche du pays vers une meilleure démocratie déconfessionnalisée. Le leader progressiste se rabiboche avec Hariri et va, probablement, réexaminer ses alliances. Tout en réorganisant son parti, pour qu’il soit plus en phase avec les gens comme avec les régions.

Complications tactiques
et climatiques
Sur un tout autre plan, l’on a rapporté aux Syriens que des pôles déterminés du pouvoir tentent de monter en épingle le point remporté par Aoun à Baabda-Aley, pour mieux en faire un épouvantail. Ces sources soutiennent que la montée en puissance du courant aouniste, présenté comme hostile à la Syrie, menace les tendances chrétiennes modérées, notamment celles qui pactisent plus ou moins ouvertement avec Damas. Elles ajoutent que les radicaux mettent à profit le climat de tension qui règne actuellement au niveau des relations syro-américaines. Pour prévoir que la virulence politique des aounistes risquerait d’être contrée par des violences sur le terrain, comme cela s’est produit à maintes reprises depuis 1992. Un cycle qui obligerait le patriarche Sfeir à sortir de sa réserve car il ne saurait admettre la répression brutale. D’où, ajoutent ces sources, l’éventualité d’un regain d’animosité antisyrienne à l’Est et de clivage d’ordre confessionnel dans le pays. Où la paix civile se retrouverait en danger, à l’ombre d’une déstabilisation politique élargie. Dans ce scénario, les mêmes sources prévoient que dans le cas d’une mobilisation autour des slogans radicaux à l’Est, avec adhésion de nombre d’éléments de Kornet Chehwane, le modérantisme d’autres pôles de ce groupement ainsi que de Bkerké se trouverait attaqué de l’intérieur. Sur un plan global national, estiment encore ces professionnels, la Syrie soutiendrait certainement les forces chrétiennes et musulmanes modérées face aux ultras des deux bords.
Pour sa part, Samir Frangié, rapportent certains de ses récents interlocuteurs, accuse le pouvoir d’avoir laissé faire à Baabda-Aley. Pour donner l’impression que les Libanais ne sont pas capables de se retrouver, de s’entendre. Et que si on les laissait libres, ils reprendraient un discours de guerre. Ce qui signifie, dans les visées des responsables, que le pays a besoin d’être tenu en laisse étroitement par des autorités se présentant de la sorte comme un bouclier protégeant la paix civile. D’après les mêmes témoins, Samir Frangié pense que le pouvoir, voulant faire d’une pierre coup double, a également cherché à mieux disloquer en deux la scène chrétienne, partagée entre un courant radical incarné par le courant aouniste et la tendance modérée qui compte dans ses rangs des officiels. Qui mettraient les circonstances à profit pour saper la voie qu’empruntent Bkerké et Kornet Chehwane.
Il semble cependant que la direction syrienne connaît bien la réalité des faits. Et qu’elle ne désapprouve pas la ligne adoptée par le patriarcat maronite. D’autre part, selon les mêmes sources informées, il est peu probable que le courant aouniste se braque d’une manière accentuée contre Damas, qui est resté neutre dans la bataille de Baabda-Aley.
On aura d’ailleurs pu constater, à cette occasion, que les aounistes n’ont pas exploité dans leur campagne le thème syrien.
Émile KHOURY
De bonne source on indique que la Syrie, qui s’est tenue à l’écart de la bataille électorale, recueille avec soin les divers avis ou commentaires que suscitent les résultats de la partielle de Baabda-Aley. Dont on se demande, dès lors, s’il s’agit bien d’une page tournée, comme le souhaite le patriarche Sfeir, ou d’une page toujours ouverte politiquement, en attendant...