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RENCONTRE Antoine Farah ou le violoncelle dans sa réserve orientale (photo)

Assistant au chef de l’Orchestre national arabe oriental, président du syndicat des musiciens professionnels au Liban, premier violoncelle de cet orchestre, Antoine Farah, «masbaha» blanche entre les doigts, regard pétillant, parfaitement à l’aise dans son personnage d’homme mûr, s’entretient facilement de son instrument de prédilection, après moult recherches: le violoncelle. Le violoncelle non pas version rostropovitchienne, mais plutôt dans ses dérives et trémolos orientaux. Ou alors dans sa réserve et solitude levantines. Car le violoncelle en musique arabe c’est une histoire à part…Bien sûr, le secret de l’histoire est toujours caché quelque part dans la prime enfance. Tout d’abord l’influence du père, Georges Farah, éminent musicien ; par conséquent, le chaudron familial résonnait déjà de beaucoup de notes. Petit regard du côté du oud, mais on change vite l’onglet pour l’archet du violon afin de découvrir le solfège et les gammes à l’époque de Wadih Sabra. Tout cela se passe rapidement, vers l’âge de sept ans. Mais c’était compter sans l’asthme qui secoue le jeune Farah de ses quintes épuisantes. Il arrête tout jusqu’à seize ans et débarrassé de l’asthme, il reprend le métronome et il bat la mesure mais cette fois avec le piano.
Eh non, l’appel de l’archet se fait à nouveau ressentir (tout en renonçant à l’envie du saxo et des rythmes chaloupés du jazz, lui qui a obtenu un prix en 1959) et voilà que le violoncelle entre ses jambes, il se lance en chevauchées fantastiques dans un bouquet de notes étourdissantes, sous la férule des professeurs Buchbender, Samir Salibi et Éliane Magnan, entre autres. Et la carrière se dessine lentement, entre récitals et festivals, tout en accompagnant les ténors de l’univers de la composition des chansons arabes où l’on cite volontiers les Rahbani, Wadih Safi et Farid el-Atrache.
Qu’on se le dise, les violoncellistes pour la musique arabe sont peu nombreux. Autant dire une espèce presque rare. Cet instrument à l’intérêt majeur en musique occidentale est, en Orient, plus en retrait. Il se réserve, plus modestement et discrètement, la part d’accompagnement, du rythme ou accessoirement d’une mélodie. Autrement dit ce n’est guère un instrument de solo. Pas d’effet de bravoure et de lyrisme. Pas d’effusions individuelles. Dans le répertoire arabe où le chant domine, le violoncelle reste plus à l’ombre et demeure un instrument d’orchestre. Mais un instrument indispensable car s’il n’est pas là, l’auditeur le sent immédiatement. Pour certains, le violoncelle, dans la monodie des mélopées orientales, a fondamentalement un rôle d’équilibre. Quelles pourraient être par conséquent les ambitions d’un violoncelliste dans le monde de la musique arabe? Et Antoine Farah de répondre, en toute simplicité: «J’ambitionne que quelqu’un compose une partition où le violoncelle serait davantage mis en vedette. Peut-être m’appliquerai-je moi-même un jour à cette tâche…»
Edgar DAVIDIAN
Assistant au chef de l’Orchestre national arabe oriental, président du syndicat des musiciens professionnels au Liban, premier violoncelle de cet orchestre, Antoine Farah, «masbaha» blanche entre les doigts, regard pétillant, parfaitement à l’aise dans son personnage d’homme mûr, s’entretient facilement de son instrument de prédilection, après moult recherches: le...