Eh non, l’appel de l’archet se fait à nouveau ressentir (tout en renonçant à l’envie du saxo et des rythmes chaloupés du jazz, lui qui a obtenu un prix en 1959) et voilà que le violoncelle entre ses jambes, il se lance en chevauchées fantastiques dans un bouquet de notes étourdissantes, sous la férule des professeurs Buchbender, Samir Salibi et Éliane Magnan, entre autres. Et la carrière se dessine lentement, entre récitals et festivals, tout en accompagnant les ténors de l’univers de la composition des chansons arabes où l’on cite volontiers les Rahbani, Wadih Safi et Farid el-Atrache.
Qu’on se le dise, les violoncellistes pour la musique arabe sont peu nombreux. Autant dire une espèce presque rare. Cet instrument à l’intérêt majeur en musique occidentale est, en Orient, plus en retrait. Il se réserve, plus modestement et discrètement, la part d’accompagnement, du rythme ou accessoirement d’une mélodie. Autrement dit ce n’est guère un instrument de solo. Pas d’effet de bravoure et de lyrisme. Pas d’effusions individuelles. Dans le répertoire arabe où le chant domine, le violoncelle reste plus à l’ombre et demeure un instrument d’orchestre. Mais un instrument indispensable car s’il n’est pas là, l’auditeur le sent immédiatement. Pour certains, le violoncelle, dans la monodie des mélopées orientales, a fondamentalement un rôle d’équilibre. Quelles pourraient être par conséquent les ambitions d’un violoncelliste dans le monde de la musique arabe? Et Antoine Farah de répondre, en toute simplicité: «J’ambitionne que quelqu’un compose une partition où le violoncelle serait davantage mis en vedette. Peut-être m’appliquerai-je moi-même un jour à cette tâche…»
Edgar DAVIDIAN
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