Rechercher
Rechercher

Actualités

Baabda-Aley - Réactions diverses dans les milieux politiques au lendemain du scrutin Berry : L’important n’est pas le vainqueur, mais les nouvelles « équations » au Mont-Liban (Photo)

Les résultats de l’élection partielle de Baabda-Aley ont suscité hier des réactions assez diverses dans les milieux politiques du pays, ne concordant quasiment que sur le fait que ce scrutin n’a pas connu une issue marquée par une victoire nette d’un candidat, ou d’un camp, sur l’autre.
C’est incontestablement chez le président de la Chambre, Nabih Berry, qu’on enregistre la réaction la plus significative. Deuxième personnage de l’État, M. Berry, dont la formation soutenait la candidature d’Henri Hélou, n’en a pas moins considéré que dans cette élection, ce qui a compté, ce n’est pas l’identité du vainqueur, mais les nouvelles « équations » qui sont apparues sur la scène politique, notamment au Mont-Liban et dont, selon lui, il faudra désormais tenir compte.
M. Berry, qui effectue actuellement une visite en Italie, était interrogé par Radio-Vatican et le Corriere Della Sera, le quotidien du soir italien.
« Je n’ai pas d’informations précises sur les détails du décompte et sur les résultats », a déclaré M. Berry, qui s’exprimait sans doute avant la publication des résultats définitifs du scrutin. « Mais je peux, dès à présent, dire que, dans cette élection, ce qui compte, ce n’est pas l’identité du vainqueur, ce sont plutôt les signaux qui ont transparu », a-t-il ajouté.
« Il ne fait aucun doute que ces signaux auront une importante influence, si ce n’est sur la scène libanaise toute entière, du moins au niveau du Mont-Liban », a-t-il poursuivi. Il a estimé que ce scrutin a fait apparaître dans cette région « de nouvelles équations qu’il faudra examiner à la loupe ».
Interrogé sur la faible participation au scrutin, M. Berry a dit ne pas partager l’opinion de la plupart des analystes à ce propos. D’abord, « le peuple libanais est en majorité émigré », ensuite « les élections partielles ne mobilisent d’ordinaire que la moitié des électeurs des scrutins généraux », a-t-il souligné.
« Or, dans les élections générales, à titre d’exemple au Liban-Sud, où il n’y a jamais eu de boycottage, ni en 1992, ni en 1996, ni en 2000, le taux de participation était de 38 ou de 39 %. Donc, si dans cette partielle le taux est de 22 %, j’estime qu’il s’agit d’une proportion normale », a-t-il relevé.

Une « défaite » pour le pays, selon Boueiz
Telle n’est pas l’opinion du ministre de l’Environnement, Farès Boueiz, qui a estimé hier, dans une déclaration à l’agence al-Markaziya, que le pays tout entier a essuyé une « défaite » dans cette élection du fait de la faible participation des électeurs.
« Il n’y a pas eu de vainqueur dans ce scrutin. C’est une défaite pour le Liban tout entier, en raison d’une participation minime qui a illustré le désespoir ambiant », a estimé M. Boueiz. « Nous devons en tirer les leçons », a-t-il dit.
« Je ne vois aucune victoire, ni du côté de l’opposition ni chez les partisans du pouvoir », a-t-il ajouté, relevant que « même ceux qui ont tenté de mobiliser les gens dans la direction de l’extrémisme sur le plan confessionnel n’ont pas réussi, car la participation de ceux qu’ils croyaient avoir mobilisés a, elle aussi, était faible ».
M. Boueiz a cependant tempéré sa vision pessimiste en soulignant que « l’unique point positif (dans cette partielle) réside dans l’intégration de tous les protagonistes politiques dans le processus électoral ».
Tout en reconnaissant aussi l’absence d’un vainqueur et d’un vaincu à l’issue du vote, tant chez les loyalistes que parmi les opposants, le parti Kataëb a toutefois estimé, par la bouche de son premier vice-président, Rachad Salamé, qui a présidé hier la réunion hebdomadaire des instances dirigeantes de cette formation, que « c’est la ligne modérée » qui l’a finalement emporté.
Le chef des Kataëb, Karim Pakradouni, qui prenait l’avion pour Rome, a pour sa part tenu, dans une déclaration faite à l’AIB, à « féliciter l’État pour le climat qu’il a instauré et les mesures idéales qu’il a prises » sur le terrain. Selon lui, ces conditions ont « permis aux citoyens dans la circonscription de Baabda-Aley d’exprimer leur opinion en toute liberté ».

Pharaon : « Situation
malsaine »
« Sous l’impulsion du chef de l’État, le général Émile Lahoud, et la supervision directe du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, l’État a assuré la tenue d’une élection propre, transparente et libre, et s’est lui-même confiné dans la neutralité la plus extrême », a noté M. Pakradouni, par ailleurs ministre du Développement administratif.
M. Pakradouni a félicité également le nouveau député, Henri Hélou, souhaitant qu’il puisse réussir dans « les objectifs qu’il s’est fixés, à savoir la réconciliation, l’entente et le retour (des déplacés) ».
Plus critique, le député Nasser Kandil (Beyrouth) a souligné, dans une déclaration, que le scrutin de Baabda-Aley s’est caractérisé par « un vote contre la structure du système politique tout entier ».
Sa qualité de parlementaire proche des milieux du pouvoir n’a pas empêché M. Kandil d’appeler les dirigeants à « étudier avec soin (les causes) de la dérive populaire et du vote négatif » qui en a découlé.
Enfin, à Bkerké, où il a été reçu par le patriarche maronite Mgr. Nasrallah Sfeir, Michel Pharaon, député de Beyrouth, a brossé un tableau assez noir de la situation actuelle du pays, illustrée selon lui par les résultats de la partielle de Baabda-Aley.
« Nous nous trouvons dans une situation malsaine et inquiétante qui se reflète dans tous les secteurs et chez tout le monde », a déclaré M. Pharaon à sa sortie de Bkerké. « Nul (parmi les responsables) ne veut assumer la responsabilité de ce qui se passe et, de son côté, le peuple refuse cette situation, comme on a pu le constater hier lors du scrutin de Baabda-Aley », a-t-il dit, critiquant par ailleurs « ceux qui cherchent aujourd’hui à réduire l’impact des prises de position du patriarche Sfeir ou à se lancer dans des surenchères à son égard ».
Le patriarche maronite, dont c’était le premier jour à Bkerké après son retour du siège patriarcal d’été à Dimane, a également reçu l’ancien chef de l’État, Élias Hraoui, et l’ex-ministre Michel Eddé.
Les résultats de l’élection partielle de Baabda-Aley ont suscité hier des réactions assez diverses dans les milieux politiques du pays, ne concordant quasiment que sur le fait que ce scrutin n’a pas connu une issue marquée par une victoire nette d’un candidat, ou d’un camp, sur l’autre. C’est incontestablement chez le président de la Chambre, Nabih Berry, qu’on...