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Coopération - La Catalogne vivra, en décembre, à l’heure de la formule libanaise de coexistence Pour l’Institut européen de la Méditerranée, le Liban est un tremplin vers le Moyen-Orient (photo)

Barcelone est décidément un symbole de la coopération euro-méditerranéenne. C’est dans cette ville, capitale de la Catalogne, qu’a été lancé en novembre 1995 l’ambitieux projet de partenariat euro-méditerranéen et où a été proclamée la déclaration historique de Barcelone posant les jalons de ce partenariat. Cinquième ville industrielle d’Europe, Barcelone est, d’autre part, considérée comme un centre stratégique privilégié assurant l’ancrage entre le sud de la Méditerranée, d’une part, et l’Europe centrale et du Nord, d’autre part. C’est aussi à Barcelone qu’a été fondé l’Institut européen pour la Méditerranée qui s’est substitué à l’Institut catalan de même nom, créé en 1989. C’est enfin à Barcelone que sera organisée en décembre prochain la « semaine libanaise », s’inscrivant dans le cadre de ces liens privilégiés entre la Catalogne et la Méditerranée méridionale.
Les préparatifs de cette « semaine libanaise » ont été au centre d’une visite que viennent d’effectuer à Beyrouth le président de la Commission déléguée de l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), Josep Antoni Duran i Lleida, le directeur de l’IEMed, Andreu Claret, et le président de la Chambre de commerce de Barcelone, Miquel Valls. La délégation a conféré avec le président Émile Lahoud, le Premier ministre, Rafic Hariri, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, les responsables de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth, et plusieurs représentants de la société civile.
La « semaine libanaise », prévue vers la mi-décembre, aura essentiellement pour objectif d’informer les forces vives et l’opinion publique espagnoles, plus particulièrement en Catalogne, des réalités libanaises, non seulement au plan économique et de la reconstruction, mais également au niveau culturel et sociopolitique. Des spectacles artistiques, des expositions de photos sur le Liban, des projections de films libanais et un débat littéraire sont prévus dans le cadre de cette action.
Un séminaire, auquel participeront plusieurs personnalités reflétant les différentes sensibilités libanaises, sera, d’autre part, organisé afin de mettre en relief le modèle de coexistence entre les diverses communautés. « Le but de ce séminaire est de faire connaître le Liban dans toute sa diversité, a déclaré à L’Orient-Le Jour le directeur de l’IEMed. Il s’agira d’un débat sur le modèle libanais qui nous intéresse beaucoup. Nous avons organisé des activités avec des pays tels que le Maroc, la Tunisie et l’Égypte afin de mettre en évidence la diversité de culture. Mais le Liban étant un pays démocratique et pluraliste, l’expérience est beaucoup plus intéressante car nous pouvons offrir à notre population l’image d’un pays où les gens pensent d’une manière différente, ont des sensibilités différentes, appartiennent à des communautés diverses et à des partis différents. Cela nous intéresse beaucoup, parallèlement à notre intérêt pour le développement des relations économiques. »
Cette approche multidisciplinaire s’inscrit dans la logique de l’IEMed dont la raison d’être est de réfléchir aux problèmes et aux défis auxquels est confronté le bassin méditerranéen, notamment en ce qui concerne le processus de partenariat lancé à Barcelone. L’Institut constitue en quelque sorte un think tank dont la réflexion porte sur les moyens de dynamiser la diversité culturelle de la Méditerranée en transformant cette zone en un espace de liberté, de convivialité et de prospérité. Des objectifs qui s’inscrivent dans le prolongement direct des fondements du partenariat. En ce sens, l’IEMed – qui agit en tant qu’Observatoire des politiques méditerranéennes – est, certes, le fruit d’une initiative purement espagnole, mais son action se confond pratiquement avec celle du partenariat. Dans la pratique, l’IEMed est une sorte de consortium formé par le gouvernement de Catalogne, le ministère espagnol des Affaires étrangères et la mairie de Barcelone. Le volet économique de l’action de l’IEMed est perceptible par le biais de la contribution de la Chambre de commerce de Barcelone qui œuvre en vue de promouvoir la coopération économique avec les entreprises des pays du Sud.
L’intérêt de la Catalogne pour le bassin méditerranéen n’est pas nouveau, mais il était essentiellement axé jusqu’à présent sur les pays du Maghreb. L’attention se porte depuis peu sur le Proche-Orient, et plus particulièrement sur le Liban.
Le directeur de l’IEMed précise sur ce plan à L’Orient-Le Jour que la Chambre de commerce de Barcelone voit de nouvelles opportunités dans le Liban d’aujourd’hui, perçu comme « un tremplin en direction du Moyen-Orient ». « Nos activités avec les pays du Maghreb, notamment l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, sont plus anciennes qu’avec le Proche-Orient qui est pour nous plus éloigné, souligne notamment M. Claret. Au stade actuel, nous estimons que le Proche-Orient, qui vit une période historique, revêt une grande importance. À notre avis, les relations entre l’Espagne, et plus particulièrement notre région, la Catalogne, et le Moyen-Orient sont en deçà du niveau requis. D’où l’initiative de la Chambre de commerce de développer les rapports économiques avec le M-O à travers le Liban. Nous avons eu sur ce plan des contacts fructueux avec les responsables de la Chambre de commerce libanaise. Ces contacts ouvrent des perspectives intéressantes de collaboration entre nous. »

Une sensibilité européenne
Ce n’est évidemment pas un hasard si c’est en Catalogne qu’un organisme tel que l’IEMed a pu prendre tout son essor. « La population de notre région a parfaitement conscience de l’importance du partenariat euro-méditerranéen », indique M. Claret. Il est vrai que c’est à Barcelone que le partenariat est né, mais parallèlement à ce facteur, un paramètre géographique explique cette sensibilité méditerranéenne. « Il ne faut pas oublier que nous ne sommes séparés de l’Afrique que par 14 kilomètres de mer seulement, déclare le directeur de l’IEMed. Cela explique la prise de conscience sans cesse croissante de la nécessité de contribuer au développement des pays arabes et du Maghreb. Cela est dans notre intérêt. Il ne s’agit donc pas uniquement de solidarité. Dans la mesure où le développement s’étendra à l’ensemble des pays méditerranéens, cela ira mieux aussi chez nous et nous pourrons gérer ainsi les problèmes d’émigration. »
Ce développement global des pays du sud passe nécessairement par la mise en place d’une zone de libre-échange euro-méditerranéenne, d’ici à 2010, comme le prévoit en principe le processus de Barcelone. Le président de la Chambre de commerce de Barcelone, M. Valls, souligne à ce sujet que « nous devons nous préparer à la mise en place de cette zone de libre-échange ». Il prône sur ce plan le renforcement de l’aide aux petites et moyennes entreprises et la consolidation des rapports entre les PME des deux rives de la Méditerranée.
Pour M. Claret, la réalisation de la zone de libre-échange ne va pas aussi vite que prévu, mais il reste convaincu que cet objectif sera bel et bien atteint. « Il s’agit là de la seule voie raisonnable », en vue d’un développement global et intégré, affirme le directeur de l’IEMed qui souligne qu’une telle option implique « la coopération multilatérale, la transformation des économies méditerranéennes et la libéralisation ».
L’élargissement de l’UE, l’an prochain, intégrera dix nouveaux pays dans l’échafaudage européen et agrandira, en conséquence, le marché correspondant, avec une population qui passera de 370 à 450 millions de personnes. Des perspectives nouvelles s’offrent ainsi aux pays du sud, et plus particulièrement au Liban. Encore faut-il que certains responsables locaux en soient réellement conscients et, surtout, que le pays soit suffisamment bien préparé pour relever le défi du partenariat euro-méditerranéen.
Michel TOUMA
Barcelone est décidément un symbole de la coopération euro-méditerranéenne. C’est dans cette ville, capitale de la Catalogne, qu’a été lancé en novembre 1995 l’ambitieux projet de partenariat euro-méditerranéen et où a été proclamée la déclaration historique de Barcelone posant les jalons de ce partenariat. Cinquième ville industrielle d’Europe, Barcelone est,...