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Beyrouth suit avec appréhension l’évolution des rapports syro-américains

Au Capitole de Washington, mardi prochain, une séance d’audition (hearing) consacrée au cas syrien. Le questionnaire, auquel des cadres de l’Administration devront répondre, est très critique : où en est la Syrie par rapport au terrorisme, quel rôle joue-t-elle au juste dans ce créneau sensible, quels risques ou quelles menaces représente-t-elle pour la sécurité US, comme pour la stabilité du Proche-Orient ?
La teneur agressive de ce formulaire inquiète Beyrouth. D’autant que le secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, a affirmé que la Syrie laisse des éléments subversifs, des volontaires du jihad, passer en Irak. De son côté, le gouverneur Paul Bremer a accusé la Syrie d’aider des membres d’el-Qaëda à pénétrer en Irak pour y combattre les forces américaines. À la suite de quoi les autorités exécutives US, au lieu de continuer à freiner le fameux Syria Accountability Act (projet de sanctions soumis au Congrès), le poussent en avant. En reprenant encore plus fort qu’auparavant leur liste d’exigences présentée à la Syrie, dont la nécessité de retirer ses troupes du Liban.
– Cependant, localement, certains soutiennent que l’Administration Bush, qui s’enfonce dans le bourbier irakien, va avoir besoin de plus en plus de l’aide des pays riverains au fur et à mesure qu’elle se rapprochera de l’échéance présidentielle. Pour obtenir la coopération de la Syrie, il lui faudra mettre une sourdine à ses pressions. Et cesser de la menacer avec le Syria Accountability Act. En confortant, au contraire, son rôle régional ainsi que sa tutelle au Liban. Donc, selon ce raisonnement, plus les Américains s’empêtrent en Irak, mieux la Syrie se sent dégagée. Dans cet esprit, on entend Berry soutenir que les USA n’ont, en Irak, pas d’autre choix que de demander le concours de la Syrie. Qui fait montre, actuellement, de souplesse. Elle reconnaît en effet le gouvernement mis en place en Irak comme étant un pouvoir de facto. Damas accepte dès lors que cette autorité nouvelle siège provisoirement à la Ligue. Et il garde ouverte la porte des négociations avec l’Amérique.
– D’autres professionnels du cru sont d’un avis littéralement contraire. Ils estiment de leur côté que plus Bush va se fourvoyer en Irak, plus il va durcir sa ligne avec la Syrie. Dans ce sens qu’il devra devenir encore plus combatif, l’enjeu étant à ses yeux de ne pas céder devant ce qu’il appelle le terrorisme. Un échec dûment consommé en Irak signifierait en effet, selon ces sources libanaises, que les Américains seront obligés de laisser tout le Proche-Orient leur filer entre les mains et échapper définitivement à leur contrôle. Avec un risque de contagion étendu à toute la planète, qui deviendrait le théâtre du triomphe des ennemis des USA et de l’Occident, les terroristes en tête. Selon cette analyse, les faucons de l’Administration Bush tiennent le haut du pavé du fait même de la dégradation sur le terrain en Irak. Qui prend valeur symbolique de champ de bataille d’où l’on ne doit sortir que vainqueur. Au Vietnam, les Américains avaient perdu la partie à cause du soutien massif apporté au Nord par la Chine et l’Union soviétique. Pour que l’Irak ne devienne pas un deuxième Vietnam, Washington doit donc empêcher les régimes voisins d’aider ses ennemis. En les intimidant, en les menaçant de les faire sauter. Et de se référer au dernier discours de Bush, invitant les Américains à l’endurance dans la lutte, qui est longue et dure. Il a ajouté que les terroristes tentent en Irak de pousser les Américains dehors avant qu’ils aient achevé leur mission ; comme cela s’était produit dans le temps en Somalie ou au Liban. Pour souligner qu’il n’en sera plus ainsi et que l’Amérique combattra jusqu’à la victoire finale sur les multiples fronts où elle affronte le terrorisme, l’Irak restant la bataille centrale. Bush se fonde donc toujours sur le slogan « Qui n’est pas avec nous est contre nous ». Pour ces sources libanaises, loin de mettre de l’eau dans son vin et de faire des concessions, il va encore resserrer l’étau sur la Syrie.
Émile KHOURY
Au Capitole de Washington, mardi prochain, une séance d’audition (hearing) consacrée au cas syrien. Le questionnaire, auquel des cadres de l’Administration devront répondre, est très critique : où en est la Syrie par rapport au terrorisme, quel rôle joue-t-elle au juste dans ce créneau sensible, quels risques ou quelles menaces représente-t-elle pour la sécurité US, comme...