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Un tableau électoral contrasté mais sans effets violents

Kornet Chehwane ne se range sous la bannière d’aucun candidat, et se contente d’appeler à une participation massive, pour un choix vraiment libre. Le communiqué des évêques maronites élude la question de la partielle de Baabda-Aley, qui présente les caractéristiques suivantes :
– La bataille est exempte de toute exacerbation à caractère confessionnel. Car les pôles chrétiens distribuent leurs préférences entre les postulants. Le risque d’un clivage opposant les électorats de communautés différentes, ce que l’on avait pu craindre au début, est désormais écarté.
– La compétition accuse un déficit certain en matière de slogans passionnels mobilisateurs. Car il ne s’agit pas cette fois, comme naguère pour la partielle du Metn, d’un affrontement entre le pouvoir et l’opposition. Les principes de la démocratie et de la coexistence ne sont pas en balance. Tout au plus peut-on dire qu’il y a confrontation entre radicaux et modérés.
– Les forces qui soutiennent le candidat Hikmat Dib sont jeunes, engagées, et on peut prévoir qu’elles feront tout pour se gagner la voix des indécis ou des indifférents. Leur élan peut être favorisé par le fait qu’opposants et loyalistes se mélangent, pour appuyer les uns Henri Hélou, les autres Hikmat Dib. La machine du candidat aouniste tourne à plein régime, d’une manière centralisée. Alors que l’appareil d’Henri Hélou semble se répartir entre des points de référence distincts, dont la coordination pourrait laisser à désirer. Il faut huiler rapidement les rouages, sinon l’afflux aux urnes en faveur d’Henri Hélou risque d’être faible. Surtout qu’il y a danger d’excès de confiance : quand l’élection d’un candidat paraît assurée d’avance, beaucoup de ses sympathisants estiment inutile d’aller voter. Jospin, en France, a payé très cher un tel laxisme.
– Pour le courant aouniste, l’épreuve constitue un test important, pour les législatives générales de 2005. Le décompte des voix importe autant, sinon plus, que le strapontin en jeu. Car si la différence éventuellement en faveur de Hélou devait être minime, ce serait une victoire psycho-politique pour les aounistes, avec qui il faudrait compter dans deux ans.
– Sur le plan confessionnel, Henri Hélou doit s’efforcer d’obtenir un quota raisonnable de voix chrétiennes, pour ne pas être considéré comme tributaire de la frange musulmane. Inversement, Hikmat Dib doit assurer des suffrages musulmans en nombre suffisant pour ne pas être vu sous un angle sectaire. Et pour justifier le label des aounistes, qui se présentent comme un courant national.
– La victoire d’Henri Hélou par une large marge dépend en grande partie du degré de mobilisation en sa faveur du Hezbollah, du PSP, du mouvement Amal, des gens du président Gémayel et du parti Kataëb. En fait, ces formations seraient embarrassées si Hélou ne l’emportait pas sur Dib par un écart d’au moins cinq mille voix.
– Si d’aventure Dib devait gagner, ce qui semble peu plausible, sa victoire constituerait sans doute un premier signe de changement en profondeur. Elle ressemblerait un peu à celle de Pierre Eddé contre Pierre Gémayel, du temps de Béchara el-Khoury : cet événement avait représenté le début de la fin pour le pouvoir alors en place.
– Les quelques chances de Dib sont confortées par la neutralité que des forces déterminées proclament, malgré leur opposition idéologique au courant aouniste. Ces groupes font donc le jeu de Dib, sous prétexte que la bataille ne les concerne pas directement. Ils ont objectivement tort. Car si Dib marque des points au niveau de l’électorat chrétien, notamment maronite, cela voudrait dire que Aoun dame le pion à ces forces même. La position de Nadim Gémayel face au général deviendrait semblable à celle de son père, Bachir face à Camille Chamoun.
– Dans sa phase finale et par la suite, la bataille du Metn l’an dernier avait unifié les opposants chrétiens. L’élection de Baabda-Aley les divise. Les partis vont de tous les côtés et le clivage apparaît marqué au sein de la famille Gémayel. Dès lors les alliances pour 2005 commenceront à prendre corps.
Émile KHOURY
Kornet Chehwane ne se range sous la bannière d’aucun candidat, et se contente d’appeler à une participation massive, pour un choix vraiment libre. Le communiqué des évêques maronites élude la question de la partielle de Baabda-Aley, qui présente les caractéristiques suivantes :– La bataille est exempte de toute exacerbation à caractère confessionnel. Car les pôles...