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DOSSIER RÉGIONAL - Les dirigeants libanais favorables à un rôle plus soutenu de l’Onu Fervent plaidoyer de Solana en faveur du maintien de la « feuille de route »

Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Javier Solana, a vigoureusement plaidé en faveur de l’application de la « feuille de route », qu’il a présentée comme étant « le seul choix qui se pose pour parvenir à une solution pacifique » de la crise régionale. M. Solana, qui a eu hier des entretiens avec les trois pôles du pouvoir ainsi qu’avec le chef de la diplomatie, a insisté sur la nécessité de maintenir en vie le plan de paix, jugé mort par le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Les dirigeants libanais ont, quant à eux, renouvelé leur appel aux Nations unies pour qu’elles aient un rôle plus soutenu dans la région.
Pour M. Solana, Beyrouth a été la dernière étape d’une tournée régionale qui l’a menée en Iran, en Israël, dans les territoires palestiniens, en Jordanie et en Syrie. Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères a communiqué aux dirigeants libanais les résultats des discussions qu’il a eues dans ces pays au sujet des dossiers irakien et israélo-palestinien. Mais le principal élément de son discours a été l’appel qu’il a lancé pour maintenir en vie « la feuille de route ».
Ce sont pratiquement les mêmes propos qu’il a tenus à Baabda, puis au palais Bustros, au terme de ses entretiens avec le général Émile Lahoud, puis avec M. Jean Obeid, avec qui il a d’ailleurs tenu une conférence de presse conjointe.
Soulignant à quel point la situation est « délicate » dans la région, M. Solana s’est dit convaincu de la possibilité de vaincre les difficultés qui se posent devant une pacification dans la région. Répondant implicitement au chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, qui l’avait déclarée « morte », il a déclaré : « Je ne veux voir aucun article de presse disant que la “feuille de route” est moribonde. Ce plan de paix est vivant et nous devons le maintenir en vie. »
« La “feuille de route” va continuer son chemin et constituer le document qui va permettre de réaliser le rêve d’un très grand nombre de gens qui croient en la création de deux États vivant côte à côte dans la paix et la prospérité. Ceux qui aiment la paix doivent la maintenir en vie. Je sais que c’est difficile, mais nous devons le faire car il s’agit du meilleur document qu’on puisse imaginer, et nous devons l’appliquer et réaliser notre rêve qui consiste à instaurer deux États qui vivent ensemble en paix », a-t-il insisté.
M. Solana a affirmé avoir informé le président Lahoud que le plan de paix « continue d’être le seul choix pour parvenir à une solution pacifique ». « Je suis sûr qu’on va travailler dans cette direction et qu’on va se heurter par moments à des difficultés. L’application de la “feuille de route” ne sera pas facile, mais sans volonté, sans détermination et sans courage, il ne sera pas possible de la mettre en œuvre », a-t-il encore dit.
En réponse à une question, il a fait état d’une prochaine réunion du quartette à New York, en marge de la réunion ordinaire de l’Assemblée génarale de l’Onu qui commencera ses travaux le 22 septembre.
En ce qui concerne le dossier irakien, qui a été aussi à l’ordre du jour des entretiens du responsable européen avec les dirigeants libanais, M. Solana a indiqué qu’il partage les préoccupations du chef de l’État au sujet des conséquences, sur la région, de la multiplication des actes de violence en Irak.
Il s’est cependant dit optimiste quant à un règlement de ce dossier. Son optimisme se fonde notamment sur l’initiative du président américain, George Bush, de proposer au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution « qui donnerait aux Nations unies une responsabilité élargie et majeure dans les affaires de l’Irak ». « Je crois que la communauté internationale y est favorable », a-t-il estimé. Selon lui, « les prochains jours seront très importants » du moment que les réunions du conseil ministériel de la Ligue arabe, les 9 et 10 septembre, et de l’Assemblée générale de l’Onu, le 22 septembre, « permettront de voir s’il sera possible de donner une impulsion nouvelle aux dossiers » irakien et israélo-palestinien.

Lahoud redoute une expansion des troubles en Irak et dans les territoires palestiniens
Le chef de l’État a, pour sa part, estimé, lors de son entretien avec le responsable européen, que « les difficultés à réaliser une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient ainsi que la multiplication des incidents de sécurité en Irak s’expliquent par le fait qu’on dérive de plus en vers la force et qu’on continue d’ignorer les résolutions internationales dont la mise en application est susceptible de favoriser la sécurité et la stabilité dans les pays de la région ».
Il a affirmé redouter que le cycle de violence dans les territoires palestiniens et en Irak « ne provoque une expansion des troubles qui plongeront la région dans un nouveau cycle interminable de violence ».
Selon le général Lahoud, « cette situation inquiétante commande une intervention rapide de la communauté internationale et notamment de l’Union européenne ».
Se disant favorable à un rôle plus soutenu des Nations unies en Irak, le chef de l’État a estimé que la communauté internationale a un « délai limité pour agir », aussi bien en Irak que dans les territoires palestiniens où elle a été invitée à intervenir « pour mettre fin aux agressions israéliennes contre le peuple palestinien et pour empêcher l’État hébreu de poursuivre l’édification de la clôture de sécurité ».
Il a réaffirmé devant son hôte qu’il est difficile de parvenir à une paix régionale en présence de M. Ariel Sharon au pouvoir en Israël. Ce dernier, a-t-il déclaré, ne veut pas de la paix et mise sur le facteur temps pour se dérober à ses engagements.

Obeid : « Une politique
israélienne immature »
C’est presque le même discours que le chef de la diplomatie a tenu devant le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. M. Obeid a en effet considéré que la politique israélienne constitue aujourd’hui le principal obstacle à la paix dans la mesure où « elle n’a pas encore mûri ». L’État hébreu, a-t-il dit, « essaie d’obtenir ce qui l’arrange et rejette ce qui favorise la paix ».
Il a également reproché à Tel-Aviv de « suivre une politique du temps perdu, de rejeter l’établissement d’un État palestinien, la libération des détenus palestiniens, l’arrêt de l’expansion des colonies et de s’opposer à un processus de pacification générale sur base des résolutions internationales ».
M. Obeid a affirmé avoir discuté avec le responsable européen des moyens de régler cette crise avant de plaider en faveur d’un rôle accru de l’Union européenne et du quartette (les États-Unis, la Russie, l’Union eurpéenne et l’Onu) au Moyen-Orient. Selon lui, l’Europe est « plus sensible (que les États-unis) aux soucis de cette région, à ses droits et à son histoire et constitue une garantie pour le déblocage du processus de paix ». « Le fait que l’action dans ce domaine soit limitée à un seul élément de la communauté internationale n’aide pas à atteindre l’objectif escompté, à savoir la réalisation d’une paix juste et globale », a-t-il ajouté.
Il y a lieu de préciser que M. Solana a également passé en revue avec ses hôtes les relations du Liban avec l’Union européenne depuis la signature de l’accord d’association. Le responsable européen s’est félicité dans ce cadre de la coopération entre Beyrouth et l’UE, qui s’est renforcée, selon lui, depuis la signature de cet accord. Il a exprimé une volonté commune avec le président de la République de la consolider davantage.
Avant de quitter le Liban, M. Solana a également conféré avec les chefs du Parlement, Nabih Berry, et du gouvernement, Rafic Hariri, qui l’a retenu à déjeuner.
Ses entretiens à Beyrouth se sont déroulés en présence du nouveau coordonnateur européen pour le processus de paix, Marc Otte, et de l’ambassadeur d’Italie, Franco Mistretta, dont le pays assume pour le moment la présidence tournante de l’Union européenne.
Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Javier Solana, a vigoureusement plaidé en faveur de l’application de la « feuille de route », qu’il a présentée comme étant « le seul choix qui se pose pour parvenir à une solution pacifique » de la crise régionale. M. Solana, qui a eu hier des entretiens avec les trois pôles du pouvoir ainsi...